Grenoble a répondu présent à l’hommage national aux victimes kurdes d’assassinats

Par Edouard Schoene

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Une centaine de personnes a participé au rassemblement rue Félix Poulat, ce samedi 7 janvier.

Un rassemblement s’est tenu à Grenoble samedi 7 janvier après midi pour soutenir les causes iraniennes et kurdes.

Des dizaines de mil­liers de per­sonnes ont répon­du à Paris, Mar­seille… Gre­noble à des appels pour rendre hom­mage aux trois femmes kurdes assas­si­nées à Paris il y a dix ans. Une cen­taine de per­sonnes étaient pré­sentes rue Félix Pou­lat dont le maire de Gre­noble, Eric Piolle, des adjoints au maire (Alan Confes­son et Emma­nuel Car­roz) , Mme Jac­que­line Madrennes adjointe au maire d’Echirolles, Emi­lie Marche, conseillère régio­nale, des per­son­na­li­tés (Jean Giard, Rose­line Vachet­ta, Jo Briant, Ber­nard Macret) des repré­sen­tants du PCF, Ensemble, NPA, Soli­daires, CGT, Mou­ve­ment de la Paix, Libre Pen­sée…
Prise-de-parole/

Zoreh, repré­sen­tante de la com­mu­nau­té ira­nienne.

Zoreh, repré­sen­tante de la com­mu­nau­té Ira­nienne à Gre­noble a fait le point sur la répres­sion du régime dic­ta­to­rial contre les mani­fes­tants mobi­li­sés. Deux nou­velles per­sonnes ont été abat­tues par le régime après condam­na­tion à mort : Moham­mad Mah­di Kara­mi et Seyed Moham­mad Hos­sei­ni. Puis Mary­vonne Mathéoud, pré­si­dente d’AIAK (Asso­cia­tion isé­roise des amis des Kurdes) s’est expri­mée :
Inca­pable d’écraser la révolte, le régime ira­nien recourt aux exé­cu­tions. Au moins 469 per­sonnes, dont 63 enfants et 32 femmes, ont été tuées par les forces du régime ira­nien dans les mani­fes­ta­tions qui secouent l’Iran depuis la mi-sep­tembre. La répres­sion féroce et meur­trière exer­cée par le régime ira­nien n’est pas venue à bout des mani­fes­ta­tions de colère en Iran depuis la mort, le 16 décembre, de la jeune kurde Jîna Mah­sa Ami­ni, décé­dée suite à des tor­tures en garde à vue.
rass
Par­mi les quelque 19 000 mani­fes­tants arrê­tés, des mil­liers se trouvent encore aujourd’hui der­rière les bar­reaux. Ne par­ve­nant pas à répri­mer le mou­ve­ment de révolte par les arres­ta­tions et la vio­lence poli­cière, le régime ira­nien a recours à la peine de mort pour inti­mi­der les mani­fes­tants. Au moins 30 mani­fes­tants ont été condam­nés à la peine de mort jusqu’à pré­sent. Deux d’entre eux, Moh­sen She­ka­ri et Majid Reza Reh­ne­ver­di ont déjà été exé­cu­tés. Les condam­nés à mort sont accu­sés de « meurtre d’agents des forces de l’État, ini­mi­tié envers Dieu, rébel­lion armée contre l’État et insulte au pro­phète ». AIAK apporte son sou­tien au mou­ve­ment popu­laire en Iran, au com­bat des femmes pour leur liber­té. Nous sou­te­nons le com­bat des femmes pour le droit à dis­po­ser de leur corps et contre un régime patriar­cal. Nous deman­dons la libé­ra­tion immé­diate et incon­di­tion­nelle de tous les déte­nus et l’ar­rêt immé­diat de la tor­ture et de l’exé­cu­tion des mani­fes­tants. Il est impor­tant qu’il y ait un sou­tien large aux mani­fes­tantes et mani­fes­tants ira­niens. Nous savons que les Kurdes sont par­ti­cu­liè­re­ment mobi­li­sés dans le mou­ve­ment popu­laire en Iran, et qu’ils subissent une répres­sion très forte. Nous sommes dans une situa­tion où les Kurdes subissent une agres­sion très vio­lente dans les quatre pays où ils se trouvent : Iran, Irak, Tur­quie, Syrie. Les régimes turc et ira­nien savent très bien agir ensemble lorsque leurs inté­rêts est en jeu.
Madrennes-Marche/
Les Kurdes sont vic­times de per­sé­cu­tions jusqu’en France, avec une cer­taine com­plai­sance du pou­voir fran­çais, qui ne pro­tège pas les Kurdes et ne montre pas beau­coup d’empressement à enquê­ter et trou­ver les cou­pables lorsqu’il y a des agres­sions. Un accord a été signé entre la France et la Tur­quie en 2011 pour notam­ment « une coopé­ra­tion opé­ra­tion­nelle de lutte contre le ter­ro­risme ». Paris empri­sonne et expulse les mili­tants kurdes sous le pré­texte qu’il sont membres du PKK ins­crit sur la liste des orga­ni­sa­tions ter­ro­riste. Nous deman­dons le retrait du PKK des orga­ni­sa­tions ter­ro­ristes. Aujourd’hui nous com­mé­mo­rons l’assassinat de trois mili­tantes kurdes, assas­si­nées dans la nuit du 9 au 10 jan­vier 2013. Deux semaines à peines avant ce tra­gique anni­ver­saire, les Kurdes doivent déplo­rer une agres­sion meur­trière et la mort de trois mili­tants kurdes à Paris. Il y aura 10 ans Fidan Doğan, Sakine Cansız et Ley­la Söy­le­mez étaient lâche­ment exé­cu­tées dans la nuit du 9 au 10 jan­vier 2013 de Paris. Ces crimes met­tant en cause les ser­vices secrets Turc le MIT ne sont tou­jours pas élu­ci­dés. L’assassin pré­su­mé est mort quelques semaine avant le pro­cès et l’affaire est clas­sée. Avec de nou­veaux élé­ments une deuxième ins­truc­tion est ouverte. Mais sous cou­vert de la rai­son d’état les avo­cats n’ont pas accès aux dos­sier clas­sés du secret défense. Nous deman­dons que le secret-défense oppo­sé à la jus­tice par les ser­vices secrets fran­çais soit levé afin de connaître tous les com­man­di­taires des assas­si­nats de 2013.
rass
Le ven­dre­di 23 décembre, à Paris, alors que devait se tenir une réunion de pré­pa­ra­tion de la com­mé­mo­ra­tion de l’assassinat des 3 mili­tantes kurdes, dans le même arron­dis­se­ment, un homme armé a abat­tu froi­de­ment 3 des per­sonnes se trou­vant à proxi­mi­té des locaux du Centre Cultu­rel kurde Ahmet Kaya : Emine Kara, res­pon­sable du Mou­ve­ment des femmes kurdes en France, Mir Per­wer, artiste kurde et Abdul­rah­man Kizil, « un citoyen kurde ordi­naire » fré­quen­tant quo­ti­dien­ne­ment l’association – car atta­ché à sa culture. L’homme a éga­le­ment bles­sé trois autres per­sonnes d’origine kurde, à envi­ron 150 mètres des pre­miers assas­si­nats. Dès l’annonce de cet atten­tat ter­ro­riste, le gou­ver­ne­ment fran­çais, par l’intermédiaire du ministre de l’Intérieur et du pré­sident de la Répu­blique, se sont effor­cés de mar­te­ler le mes­sage qu’il s’agissait « uni­que­ment » d’un acte raciste fomen­té par un « raciste patho­lo­gique ». Si le racisme et l’appartenance à l’extrême droite xéno­phobe du meur­trier ne fait pas de doute compte tenu notam­ment de ses propres décla­ra­tions, les pou­voirs publics doivent aus­si et sur­tout s’interroger sur de trou­blantes cir­cons­tances : si la réunion pré­vue n’avait pas été, la veille, repous­sée d’une heure, c’est un mas­sacre bien plus grand visant de nom­breux et nom­breuses res­pon­sables kurdes de France qui aurait eu lieu. L’assassin n’a pas hési­té à reve­nir sur ses pas pour ache­ver d’une balle dans la tête Emine Kara, prin­ci­pale res­pon­sable kurde pré­sente à ce moment. Enfin, entre les deux sites de tir, l’assassin semble déli­bé­ré­ment s’être atta­qué à des bou­tiques occu­pés uni­que­ment par des kurdes. Aus­si, nous nous inter­ro­geons sur le carac­tère ter­ro­riste, en plus d’une expres­sion meur­trière du racisme. Nous exi­geons que : • les assas­si­nats du 23 décembre 2022 soient qua­li­fiés d’attentat ter­ro­riste et que le par­quet natio­nal spé­cia­li­sé en matière de ter­ro­risme soit sai­si ; • les com­man­di­taires soient iden­ti­fiés et jugés, sur le sol fran­çais, quel que soit leur niveau de res­pon­sa­bi­li­té ; • le sta­tut de réfu­gié poli­tique soit accor­dé sans dif­fi­cul­tés aux Kurdes contraints à l’exil ; • les lieux de ren­contres de la com­mu­nau­té kurde ne soient pas sur­veillés mais pro­té­gés ; • les mou­ve­ments prô­nant la haine, le racisme et la vio­lence en ou hors de France soient dis­sous et leurs res­pon­sables jugés dans le cas où ils se seraient ren­dus cou­pables d’appel à la haine ou de troubles à l’ordre public. Nous réaf­fir­mons notre sou­tien et notre soli­da­ri­té avec la com­mu­nau­té kurde endeuillée pour la deuxième fois en moins de dix ans par ces actes odieux, per­pé­trés en plein Paris.

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