© Olivier Bonnet

Mardi 13 décembre – La salle est de nouveau remplie. Après des mois de disette puis d’incertitude, on se plaît à le redire. Au programme, La Contrebande, une jeune compagnie d’acrobates qui joue avec le danger, et avec nos nerfs.

Qui est Willy Wolf ?

Un migrant polonais venu travailler comme ajusteur dans une usine de Nantes et acrobate de haut vol à ses heures libres. Le 14 février 1925, le journal nantais Le Phare de la Loire annonce une « performance sensationnelle » pour le 31 mai : Willy Wolf,  « l’athlète polonais bien connu exécutera le saut de la mort du haut du haut du Pont Transbordeur ». Soit un saut de 53 m. Du jamais vu ! Pour attirer le public, Willy Wolf distribue lui-même des cartes postales dont il scande le slogan :  « Achetez l’homme qui va mourir ! »

Le 31 mai, sous les acclamations de 50 000 spectateurs, le plongeur polonais s’élance, effectue une série de cabrioles, et se tue, à l’âge de 27 ans.

Prendre des risques aujourd’hui

Lorsqu’ils ont découvert cette histoire, les acrobates de la compagnie La Contrebande ont tout de suite senti qu’elle renvoyait à leur expérience et leur questionnement : où est la frontière entre l’exploit et l’absurdité de la mise en danger ?

La démonstration joue avec les nerfs et les émotions du public qui retient son souffle, rentre la tête dans les épaules lors de certains numéros.

Nous étions au premier rang ce soir-là et le malaise nous a saisis plus d’une fois, l’incrédulité aussi : « Non, ils ne vont pas le faire ! » Par exemple sauter d’un très haut plongeoir sur un vulgaire matelas passablement mince.

A contre courant des images virtuelles postées par les « risque-tout » d’Internet, La Contrebande revendique un spectacle de chair et d’os, non filtré par un écran, non truqué, en direct.

La mise en scène, essentiellement acrobatique, est quelquefois accompagnée des commentaires grandiloquents d’un animateur au verbe haut, criant dans un micro, pour présenter des compétitions entre « champions ».

Pendant une bonne moitié du spectacle, l’un des acrobates est cloué sur un fauteuil roulant avec lequel il continue à vouloir réaliser des prouesses. Mais « c’était pour de faux » : à un moment, l’acrobate quitte son fauteuil, il est valide. Rappel du danger inhérent aux acrobaties… dont il se joue, ainsi que ses camarades.

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