Colloque SNES Grenoble. La retraite pour toutes et tous, c’est possible !
Par Jean-Claude Lamarche
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Des militants venus des cinq départements qui composent l’académie de Grenoble.
Mardi 8 novembre, le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) organisait, à la bourse du travail de Grenoble, un colloque consacré aux retraites avec la participation de Marylène Cahouet, responsable nationale des retraités SNES-FSU, Erick Staelen, représentant de la FSU au Conseil d’orientation des retraites (COR) et Michaël Zemmour, maître de conférences en économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Ce fut, pour les quelque soixante participants venus de toute l’académie de Grenoble, enseignants et personnels de lycées et collèges, actifs et retraités, une journée d’information, de formation, de réflexion intense sur la brûlante question des retraites auxquelles notre monarque absolu tient à imposer sa réforme après toutes celles de ses prédécesseurs, toutes régressives et pour aller dans le même sens, peut-être pour achever la démolition commencée avec Michel Rocard au début des années 90. Un colloque destiné à fournir des armes aux militant(e)s syndicaux des établissements de second degré pour une nouvelle bataille qui est programmée par le chef de l’armée des riches contre les travailleurs salariés. De la retraite par points au recul de l’âge légal C’est Corinne Baffert, secrétaire académique du SNES qui a souhaité la bienvenue aux participants (dont une majorité de femmes et d’actifs), remercié les intervenants et dit quelques mots sur l’actualité caractérisée, notamment par l’abandon de la réforme systémique, le projet de régime unique par points « victime du mouvement social et de la crise covid », et remplacé par un projet de réforme paramétrique avec une mesure « phare » envisagée de recul de l’âge légal de départ à 65 ans.Marylène Cahouet, Marie-Laurence Moros, Corinne Baffert, Erick Staelen.
Marie-Laurence Moros, responsable retraites-retraités du SNES académique, exposa le panorama des systèmes actuels en en rappelant les principes généraux fondés sur la solidarité, leur efficacité qui demeure malgré des reculs imposés progressivement depuis plus de trente ans, l’existence de plusieurs systèmes le plus souvent résultant d’une histoire et liés à des professions ou à la distinction public-privé, mais reposant grosso-modo sur les mêmes principes, même si, dès l’instauration des systèmes de retraites complémentaires (Agirc, Arco), le loup était dans la bergerie.Depuis trente ans, l’effet recherché : la baisse des pensions de retraite
Marylène Cahouet intervenait alors pour expliquer, documents et graphiques à l’appui, comment ces 30 années de réformes ont produit l’effet recherché, la baisse des pensions, à la fois dès leur liquidation, mais aussi après celle-ci, par le biais d’une pseudo indexation sur les prix (au lieu des salaires) et l’accumulation des prélèvements supplémentaires.Marylène Cahouet, Marie-Laurence Moros, et, sur l’écran, Michaël Zemmour.
Erick Staelen présentait ensuite le dernier rapport du COR qui conclut à une situation sans problème criant pour l’avenir, justement grâce à la baisse des pensions qui va se poursuivre, mais que le gouvernement tente de dramatiser afin de l’utiliser au service de ses projets néfastes.
Les vraies raisons du nouveau projet Macron
Michaël Zemmour, malencontreusement touché par le Covid, ne pouvait pas être présent à Grenoble mais avait accepté d’intervenir en ligne, et, malgré quelques problèmes techniques bientôt résolus, il a pu intervenir longuement sur le projet Macron qui s’inscrit dans la même logique que les réformes qui l’ont précédé. Ses explications détaillées ont permis de faire comprendre aux participants les vraies raisons de la réforme envisagée (report de l’âge légal ou/et augmentation de la durée de cotisation) au travers des conséquences désastreuses pour les futurs retraité(e)s, les jeunes sans emploi, les séniors au chômage, les salariés qui n’ont pu boucler une carrière complète dont beaucoup sont des femmes qui seraient les principales victimes de ce nouveau forfait. Un projet qui, s’il était adopté, se traduirait par une accentuation de la baisse des pensions et du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs et de l’ensemble de la population, qui diminuerait le temps passé en retraite et aggraverait les inégalités sociales.
Il concluait son intervention en montrant qu’il est possible de financer les retraites, que les ressources existent, qu’elles peuvent être diversifiées, que cette question est étroitement liée, en particulier, à la question des salaires et soulignait que le refus de la réforme Macron ne signifie pas que le système actuel soit entièrement satisfaisant, que nous avons à mettre en débat des propositions de transformation progressistes comme, par exemple, la retraite pour tous à 60 ans avec 75% du meilleur salaire.
Avec chaque intervenant, les participants ont pu poser leurs questions, donner leur point de vue et échanger fructueusement, si bien que la journée s’est terminée pour eux sur un constat de grande satisfaction et une volonté renforcée de tenir des réunions dans leurs établissements pour informer, alerter et mobiliser sans attendre leurs collègues face à la menace d’un nouveau recul social majeur.