Sassenage. Air liquide en grève

Par Edouard Schoene

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Le 18 octobre, les grévistes se sont rassemblés devant leur entreprise. (Photo CGT)

Tout s’est précipité ce 18 octobre chez Air Liquide, à Sassenage. Assemblé générale du personnel puis appel à la grève et débrayage d’une heure de 14h à 15h pour réclamer une augmentation générale de 10% des salaires et le paiement des heures de grève. La grève est reconduite.

« N’est ce pas la Pre­mière ministre, invi­tée dimanche à la télé, qui a exhor­té les entre­prises qui le peuvent à aug­men­ter les salaires ? », s’interroge Audrey Rei­gnier, élue CGT au CSE. Les sala­riés d’Air liquide ont le sen­ti­ment que leur entre­prise — l’un des lea­ders mon­diaux des gaz indus­triels qui figure dans le club du CAC 40 à la bourse de Paris — le peut, jus­te­ment. Or , « les négo­cia­tions 2022 ont abou­ti à  »peau de cha­grin » et, compte tenu de l’inflation, nous avons deman­dé il y a un mois une réou­ver­ture des négo­cia­tions, refu­sée par la direc­tion ». En ce début de mati­née du 18 octobre, les sala­riés se sont réunis en assem­blée d’information. Elle s’est conclue par un appel à la grève d’une heure, de 14 à 15h. Cent vingt sala­riés se sont ras­sem­blés sur le par­vis de l’entreprise, dans un site qui, compte tenu du télé­tra­vail, ras­semble huit cents sala­riés, hors inté­ri­maires. « Tous les ser­vices sont pré­sents, beau­coup de tech­ni­ciens, des ouvriers, quelques cadres », se réjouit Audrey Rei­gnier.
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Audrey Rei­gnier, élue CGT au CSE.

Avec une reven­di­ca­tion prin­ci­pale, l’augmentation des salaires de 10 %. Car, insiste-t-elle, « nos col­lègues d’autres entre­prises cotées au CAC 40 ont obte­nu des aug­men­ta­tions, pour­quoi pas nous ? » Nico­las Rebu­tin, repré­sen­tant syn­di­cal CGT à la com­mis­sion sécu­ri­té du CSE, jeune ingé­nieur au centre d’essai, nous explique le mou­ve­ment, après avoir pris la parole devant les gré­vistes. « Nous avons pris le pouls : le mécon­ten­te­ment est pro­fond. Un col­lègue me dit finir son mois, depuis quelques temps déjà avec un décou­vert de 600 euros ; je trouve cela inad­mis­sible chez Air liquide socié­té qui se porte très bien, qui fait de bons pro­fits. Il en prend plus son véhi­cule pour se rendre au tra­vail, non par choix mais par contrainte bud­gé­taire », témoigne-t-il.
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Nico­las Rebu­tin, troi­sième en par­tant de la gauche, Audrey Rei­gnier et leurs cama­rades.

Nico­las Rebu­tin ne pense pas deman­der la lune : « que les gens puissent vivre digne­ment ; nous n’exagérons pas en deman­dant 10 %, avec l’inflation ». Il constate que dix pour cent des gré­vistes sont des cadres. « On observe des chan­ge­ments de prise de conscience. Les jeunes cadres sont très sen­sibles à leurs condi­tions de tra­vail. Nous avons à avan­cer sur leur syn­di­ca­li­sa­tion, le syn­di­ca­lisme étant éman­ci­pa­teur. » Et d’ajouter un témoi­gnage. « Je connais un ingé­nieur qui chia­lait en se ren­dant au tra­vail l’an pas­sé. Il n’était pas sui­ci­daire et pour­tant il rêvait d’avoir un acci­dent auto­mo­bile pour ne pas arri­ver au bou­lot. Aller bos­ser c’était de la souf­france mal­gré un envi­ron­ne­ment au tra­vail ami­cal. » Les gré­vistes ont voté la recon­duc­tion de la grève pour le 19 octobre dès 8 heures.

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