Palestine. « Pourquoi ne viennent ils pas nous libérer ? »

Par Edouard Schoene

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Des témoins de ce qui se passe aujourd’hui, au quotidien, en Palestine occupée.

En partenariat avec l’association FFIP-Grenoble (Educational Network for Human Rights in Palestine/Israël), l’AFPS (Association France Palestine solidarité) organisait une rencontre, le 12 mai sur le domaine universitaire, avec trois résistants palestiniens en tournée nationale en France.

Après la pré­sen­ta­tion des inter­ve­nants, une minute de silence a été res­pec­tée à la mémoire de Shi­reen Abu Aqleh, jour­na­liste amé­ri­ca­no-pales­ti­nienne de 51 ans assas­si­née la veille par l’armée israé­lienne d’une balle en pleine tête, lors d’une mani­fes­ta­tion qu’elle cou­vrait avec un gilet pare-balles bar­ré du mot « Press ». L’émotion était grande d’autant que trois jeunes l’avaient vu il y a quelques jours avant leur départ pour la France.

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Le cor­tège funé­raire de Shi­reen Abu Aqleh.

Moha­med Zware, jeune jour­na­liste de 23 ans, ori­gi­naire du vil­lage de Al-Ma’sara, a gran­di durant la deuxième inti­fa­da. A l’âge de six ans, il a subi des vio­lences de la part des forces armées israé­lienne occu­pantes. Il a étu­dié à l’université de Bizei­ry. Il a créé « Al-ma’sra presse », pour mon­trer au monde la réa­li­té des souf­frances pales­ti­niennes. « A 9 ans j’ai déci­dé de relayer le tra­vail des jour­na­listes. J’ai com­men­cé à docu­men­ter la la vie du vil­lage. Mon père est un résis­tant popu­laire. J’ai pho­to­gra­phié tan­dis que mon père était atta­qué par des mili­taires. Si je meurs dans une répres­sion de l’occupant, il faut que les sur­vi­vants gardent trace de notre his­toire de résis­tance. »

Ansam

Moha­med Zware.

Abeer Alkha­tib, étu­diante en mas­ter à l’université amé­ri­caine de Ramal­lah, est cheffe du conseil des jeunes de Jéru­sa­lem nord-est et par­ti­cipe à de nom­breux pro­jets de la résis­tance popu­laire pales­ti­nienne. Elle est mère de trois enfants.

Après la pré­sen­ta­tion de films docu­men­taires, elle témoigne. « Depuis 1981, les terres pales­ti­niennes ont été colo­ni­sées. De 81 à 2008, neuf vil­lages ont été tota­le­ment détruits, pour y pla­cer des colo­nies illé­gales. 75 000 vil­la­geois sont coin­cées dans des enclaves. Le lien avec le reste du pays se fait par des « checks points » qui peuvent être fer­més arbi­trai­re­ment par la seule volon­té d’un sol­dat. J’ai 41 ans, mes sou­ve­nirs sont à Jéru­sa­lem. Mes grands parents étaient agri­cul­teurs. J’ai un fils de 21 ans qui ne connait Jéru­sa­lem que par les images des réseaux inter­net. J’ai un fils de 10 ans qui m’a posé une ques­tion à laquelle je n’ai pas pu répondre : « pour­quoi les armées jor­da­niennes, égyp­tiennes… ne viennent elles pas nous déli­vrer ». Quand j’étais à Paris il y a quelques jours il m’a deman­dé au télé­phone : « Les Fran­çais nous aiment ?» Je lui ai répon­du : oui. « Alors pour­quoi ils ne viennent pas nous libé­rer ? ».

Abeer

Abeer Alkha­tib.

Ansam Kha­der, 23 ans, vit dans le vil­lage de Beï­ta qui résiste contre la construc­tion d’une colo­nie. Elle a témoi­gné des souf­frances du vil­lage, de la résis­tance popu­laire et paci­fique.

Elle a expli­qué l’inimaginable qui se pro­duit avec le corps des Pales­ti­niens assas­si­nés par l’armée : « de 1948 à aujourd’hui, 800 corps sont conser­vés par les auto­ri­tés occu­pantes, non ren­dus aux familles. Avant res­ti­tu­tion aux familles d’autres corps ont été muti­lés, des expé­riences réa­li­sés, des organes enle­vés… »

A

Ansam Kha­der.

Le public qui a écou­té atten­ti­ve­ment les témoi­gnages, les réponses aux ques­tions, est sor­ti avec une grande émo­tion. Les témoi­gnages sont acca­blants, effroyables et le cou­rage de ces jeunes mili­tants excep­tion­nel.

2022-05-15
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