L’autre 8 mai 1945

Par Maryvonne Mathéoud

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Massacres de Setif, Guelma, Kherrata en Algérie sortir de l’oubli l’autre 8 mai 1945.

Ce dimanche 8 mai 2022 à Fontaine a eu lieu un rassemblement et un dépôt de gerbe devant la plaque commémorative à l’appel du collectif « 17 octobre 1961 Isère » Algérie au Coeur, Amal, ANPNPA (Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis ), ASALI (Association de Solidarité des Algériens de l’Isère), Coup de Soleil Rhône-Alpes, CSRA (Comité de Soutien aux Réfugiés algériens), La Libre Pensée Isère, Mouvement de la Paix Isère, Ras L’Front
avec le soutien de 45 organisations de l’Isère
Ils demandent
 la reconnaissance par l’État Français des crimes commis lors du 8 mai 1945 dans la région de Sétif, Guelma et Kherrata
 l’inscription dans les livres d’Histoire des crimes coloniaux commis contre les peuples (Algérie, Madagascar, Indochine, …)
 une écriture partagée entre la France et l’Algérie de leur histoire commune ouvrant sur de nouvelles coopérations citoyennes.

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Lynda Bensella.

Lynda Bensella lit l’appel ci dessous

La chute du régime nazi a été un événement considérable dans le monde entier, soulevant l’espoir d’un monde plus juste, respectueux des droits et des peuples. Cent trente mille soldats algériens et des dizaines de milliers d’autres soldats et de civils de pays colonisés ont participé à la lutte contre le nazisme au sein de l’armée française, les fameux « indigènes de l’armée française ». Alors que l’Algérie est constituée de trois départements français, la célébration de la victoire des Alliés contre le nazisme le 8 mai 1945 est l’occasion pour les Algériennes et les Algériens de faire entendre les revendications d’égalité des droits et d’indépendance.
A Sétif, des milliers d’Algériens manifestent et brandissent des pancartes « Libérez Messali » (Messali Hadj, leader nationaliste emprisonné), « Nous voulons être vos égaux », « À bas le colonialisme », « Vive l’Algérie libre et indépendante », et un drapeau qui deviendra le drapeau algérien. La répression contre les Algériens durera des mois et sera féroce : 10 000 à 40 000 victimes selon les historiens, à Sétif, Guelma et Kherrata. C’est un véritable massacre et un crime d’État : il s’agissait pour le pouvoir français de l’époque de maintenir à tout prix l’Algérie sous domination coloniale.
Cet événement tragique a été occulté par tous ceux qui veulent masquer la réalité du colonialisme, faite de violence, d’inégalités et d’oppression. La colonisation explique largement les discriminations qui frappent aujourd’hui les personnes issues de l’immigration. L’occultation ou de la négation des crimes coloniaux ne peut avoir que des effets délétères. Leur reconnaissance est une étape nécessaire et importante pour lutter contre les discriminations et les dominations.
Il est urgent de comprendre que notre avenir est commun et qu’il est essentiel de construire des ponts plutôt que des murs. Face aux nostalgiques de la colonisation qui n’hésitent pas à falsifier l’Histoire, il est important de dire que la colonisation fut un crime contre les peuples et que les victimes de Sétif, Guelma et Kherrata furent des victimes de l’ordre colonial. 2022 : 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie
L’indépendance de l’Algérie est une bonne nouvelle pour tous les peuples. Cette victoire a été un point de repère essentiel pour beaucoup de luttes pour l’émancipation qui ont suivi. C’est dans cet esprit que les associations membres du collectif « 17 Octobre 1961 » participent à l’initiative « Algérie 1962 2022 fin de la guerre et indépendance , des récits et solidarité en partage ».
En Algérie, une révolution pour l’émancipation et la dignité Depuis le 22 février 2019, sur l’ensemble du territoire algérien, le peuple s’est levé en masse et pacifiquement, pour en finir avec la corruption et obtenir des changements politiques et sociaux. Jeunes, femmes, étudiants, progressistes et démocrates, se sont mobilisés pour une nouvelle société plus libre, plus démocratique et plus juste. 3 ans après, force est de constater que le pouvoir algérien a choisi la répression (300 militants du Hirak emprisonnés, partis politiques réprimés, …) plutôt que de répondre aux aspirations légitimes des Algériennes et des Algériens.
Nous appelons à être solidaires du peuple algérien dans son combat démocratique. Nous demandons la libération de tou·te·s les détenu·e·s du Hirak qui ont exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression et le droit de manifester. Nous demandons que cesse la répression contre les organisations politiques démocratiques.

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Jamal Zaïmia.

Jamal Zaïmia témoigne sur les circonstances de l’assassinat de son grand père et de son oncle dans la ville de Guelma. Témoignage transmis par sa grand mère et son père.
En mai 1945 ce n’était que le début d’un massacre qui va durer jusqu’au mois de juin 1945. La France a massacré un peuple au moment où elle célébrait la victoire contre le nazisme. «Alors que 300 000 Algériens ont participé à la victoire contre le nazisme, elle commettait les mêmes crimes sur les Algériens que ceux commis par les nazis en France et en Europe. Mon grand père à participé à la première guerre mondiale et a été décoré, mon oncle âge de 26 ans était membre du PPA (parti populaire algérien) et chef scout musulman. ».

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Jacqueline Madrennes élue à Echirolles rappelle l’importance du travail de mémoire en collaboration avec toutes les organisations mobilisées sur cette question et la l’importance de la présence des élus lors de cette commémoration

Emmanuel Carroz élu à Grenoble indique que cette année 2022 nous célébrons les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie. A cette occasion les communes de Grenoble Saint Martin d’Hères, Echirolles, Eybens et Gières déploient une programmation culturelle à cet effet.

Siamo Tutti pour UCL (union communistes libertaires) souligne que le colonialisme n’est pas seulement une appropriation des terres mais également une approximation du destin des peuples.

Après le dépôt de gerbe la chorale des barricades interprète des chants révolutionnaires algériens.

Pour clore la cérémonie un pot de l’amitié est offert aux participants.

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Stele/

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  • Le 8 mai 1945, je me trouvais à proximité de la manifestation à Guelma. Agé de 5 ans, je me ,souviens (une tante me l’a confirmé) de la bousculade lors de l’intervention du sous-préfet ACHIARY qui a tiré un coup de pistolet, après avoir voulu s’emparer du drapeau algérien.. Ceci provoqua la dislocation de la manifestation. Ce n’est que plus tard que j’appris que des corps d’algériens avaient été brulé dans un four à l’aide de chaux. (je possède la photo). Les massacres ont duré jusqu’à fin juin.