La Rampe-Echirolles – Orchestre National de Lyon, la classe !

Par Régine Hausermann

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L’ Orchestre national de Lyon s’accordant. La Rampe © RH

Vendredi 8 avril, 20h. La salle de la Rampe est pleine. Sur le plateau se serrent les quelque cent musicien·nes de l’orchestre symphonique. Les instruments s’accordent, le tuba s’impatiente… Nathalie Stutzmann, la cheffe d’orchestre fait son entrée, précédée de la violoncelliste Alisa Weilerstein. Au programme, le Concerto pour violoncelle de Dvorák et la Symphonie n°5 de Tchaïkovski. Affiche 100 % féminine et programme 100 % romantique. Un spectacle à voir et à entendre. Un régal !

Le Concer­to pour vio­lon­celle d’Anton Dvorák, un monu­ment pour vio­lon­celle

Alors que la cheffe lance la longue intro­duc­tion orches­trale où les vents font entendre d’emblée leurs voix sin­gu­lières, Ali­sa Wei­ler­stein attend le moment où la conver­sa­tion va s’engager avec son vio­lon­celle. Son jeu est ardent, enthou­siaste. L’artiste est géné­reuse. Natha­lie Stutz­mann danse sur son estrade. A cer­tains moments, leurs regards se croisent. L’équilibre est remar­quable entre la soliste et l’orchestre, les ins­tru­ments à vent notam­ment. Lorsque le troi­sième mou­ve­ment se ter­mine, on est sous le charme des émo­tions et de la vir­tuo­si­té. On vou­drait que ça conti­nue. On n’a jamais si bien enten­du ce concer­to.

Ali­sa Wei­ler­stein ne se fait pas prier long­temps pour offrir au public un rap­pel, une de ses œuvres de pré­di­lec­tion, une Suite de Jean Sébas­tien Bach.

Com­po­sé à New York, comme la Sym­pho­nie « Du Nou­veau Monde », le Concer­to en si mineur est un chant d’adieu à Jose­fi­na, pre­mier amour et belle-sœur de Dvorák, qui venait d’apprendre sa dis­pa­ri­tion. Il fut créé à Londres le 19 mars 1896, sous la direc­tion de Dvorák (1841–1904).

Alisa

Ali­sa Wei­lers­tei.

Ali­sa Wei­ler­stein aura qua­rante ans dans quelques jours, le 14 avril. Elle est née à Roches­ter (New York), dans une famille de musi­ciens. Elle a com­men­cé le vio­lon­celle à l’âge de quatre ans et a fait ses débuts à l’âge de treize ans avec le Cle­ve­land Orches­tra en jouant les Varia­tions sur un thème roco­co de Tchaï­kovs­ki. Elle joue en trio avec ses parents : son père vio­lo­niste et sa mère pia­niste. Son frère est le vio­lo­niste et chef d’or­chestre Joshua Wei­ler­stein (né en 1987). Elle est mariée au chef d’or­chestre véné­zué­lien Rafael Payare.

Elle est l’une des plus grandes vio­lon­cel­listes de notre époque. Connue pour son art consom­mé, son inves­tis­se­ment émo­tion­nel et sa rare pro­fon­deur d’interprétation, elle se pro­duit aujourd’hui dans les lieux inter­na­tio­naux les plus pres­ti­gieux pour des réci­tals en solo, des concerts de chambre et des col­la­bo­ra­tions de concer­to avec tous les plus grands chefs et orchestres mon­diaux. 

La Sym­pho­nie n°5 de Pio­tr Ilitch Tchaï­kovs­ki (1840–1893)
Dans un de ses feuillets d’es­quisses, le com­po­si­teur détaille la struc­ture de sa future sym­pho­nie :
« Intro­duc­tion : Sou­mis­sion totale devant le des­tin ou, ce qui revient au même, devant la pré­des­ti­na­tion iné­luc­table de la Pro­vi­dence. Alle­gro : I. Mur­mures, doutes, plaintes, reproches à… II. Ne vaut-il pas mieux se jeter à corps per­du dans la foi ? Le pro­gramme est excellent, pour­vu que j’ar­rive à le réa­li­ser. »

Le thème du Fatum vient imman­qua­ble­ment bri­ser toute lueur de vie et d’espoir. Le Fatum, ce Des­tin impla­cable que Tchaï­kovs­ki sen­tait pla­ner au-des­sus de sa tête.

La pre­mière repré­sen­ta­tion eut lieu à Saint-Péters­bourg le 17 novembre 1888, sous la direc­tion du com­po­si­teur lui-même. L’ac­cueil du public fut favo­rable, celui de la presse beau­coup moins. Heu­reu­se­ment, la sym­pho­nie connut un immense suc­cès, un an plus tard à Ham­bourg. Elle est aujourd’­hui une des œuvres de Tchaï­kovs­ki les plus appré­ciées du public.

Nathalie

Natha­lie Stutz­mann.

Natha­lie Stutz­mann, une cheffe au som­met !

C’est la pre­mière fois que la contral­to, venue à la direc­tion d’orchestre via son ensemble Orfeo 55, est accueillie par l’Orchestre natio­nal de Lyon. Une ren­contre réus­sie.

Natha­lie Stutz­mann naît le 6 mai 1965 à Sur­esnes dans une famille d’ar­tistes lyriques. Dès son plus jeune âge, elle fait des études appro­fon­dies de pia­no, bas­son, musique de chambre et direc­tion d’orchestre. En 1983, elle gagne le 1er prix de chant et art lyrique du conser­va­toire de Nan­cy puis entre à l’Opéra de Paris. En1986, elle débute dans Didon et Enée de Pur­cell.

En 2008, elle com­mence une car­rière de cheffe d’or­chestre, ce qui exige du carac­tère tant la pro­fes­sion est mas­cu­line. Elle est aujourd’hui cheffe invi­tée prin­ci­pale de l’Orchestre de Phi­la­del­phie. La sai­son pro­chaine, elle pren­dra la direc­tion musi­cale de l’Orchestre sym­pho­nique d’Atlanta pour une durée de quatre ans, deve­nant ain­si la deuxième femme, après l’Etatsunienne Marin Alsop, à prendre la direc­tion d’un grand orchestre état­su­nien.

« J’ai tou­jours res­sen­ti ce désir de diri­ger un orchestre, cela a tou­jours été ma seconde pas­sion, mon deuxième rêve. La voix était prio­ri­taire pour des rai­sons évi­dentes de temps et d’âge, et la déci­sion de créer mon orchestre est sur­ve­nue à un moment où j’é­tais consciente d’a­voir réa­li­sé une grande par­tie de mes rêves en tant que chan­teuse. » Pro­pos recueillis par Tut­ti Maga­zine novembre 2012

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