La Rampe-Echirolles – Symphonie d’un autre monde

Par Régine Hausermann

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Zahia Zaouini. ©Christophe Fillieule

Deux femmes aux commandes du concert proposé par La Rampe et les Détours de Babel, le 24 mars. Naïssam Djalal et son quintet Rhythms of resistance. Zahia Ziouani et son orchestre Divertimento, une « habituée » de la Rampe. Une association audacieuse entre le jazz, les musiques orientales et un orchestre symphonique. Une création qui « veut sauter par-dessus les frontières et réunir les cultures. » Surprenant et convaincant.

Naïs­sam Jalal nous a mon­tré l’étendue de son talent puisqu’elle est à la fois la com­po­si­trice des œuvres inter­pré­tées, la flû­tiste et la chan­teuse de son groupe qui affiche son enga­ge­ment en faveur de la résis­tance. L’artiste est née en 1984 à Paris de parents syriens. Aux côtés de mor­ceaux ins­pi­rés de l’Andalousie et du Moyen-Orient, un mor­ceau inti­tu­lé La Mort plu­tôt que l’humiliation.

Elle explique les cir­cons­tances de sa com­po­si­tion : « Les jeunes ont mani­fes­té avec leurs frères et leurs sœurs, avec des fleurs et des bal­lons. Et avec l’espoir d’avoir le droit de vivre libres et dignes. C’était il y a onze ans. Je regar­dais les mani­fes­ta­tions sur Inter­net et je voyais ce peuple tel­le­ment cou­ra­geux crier « La Mort plu­tôt que l’humiliation ». On leur a répon­du par des sni­pers puis avec des chars, puis avec des avions, puis des armes chi­miques. Avec la tor­ture sys­té­ma­tique de tous les oppo­sants. Cela fait onze ans. Il y a eu des cen­taines de mil­liers de morts et des mil­lions de dépla­cés. Et on attend tou­jours la chute de ce régime dic­ta­to­rial. Quand j’ai écrit ce mor­ceau en 2011, c’était pour rendre hom­mage aux mar­tyrs de la révo­lu­tion. Au cou­rage du peuple syrien. Et aujourd’hui, on conti­nue à jouer ce mor­ceau. Et on conti­nue­ra à le jouer tant que ce gou­ver­ne­ment ne sera pas traî­né devant les tri­bu­naux. »

@Alexandre

Naïs­sam Jalal. ©Alexandre Lacombe 

Zahia Zaoui­ni écoute, oscil­lant sur son estrade au rythme de la musique du quin­tet, prête à lan­cer son orchestre à ses côtés. La jeune cheffe est géné­reuse, ouverte aux expé­riences et aux métis­sages. Née en 1978 à Paris de parents algé­riens, elle a comme Naïs­sam Jalal, la volon­té de por­ter ce pro­jet de construc­tion d’un « autre monde ».

Elle témoigne de son audace et de sa téna­ci­té pour deve­nir cheffe d’orchestre, une pro­fe­sion si peu fémi­nine : « Jeune, je ne pou­vais m’identifier à une femme cheffe d’orchestre. Je me suis ins­pi­rée alors de Léo­nard Bern­stein pour tout ce qu’il fai­sait réson­ner en moi : une double culture, un par­cours aty­pique, des valeurs huma­nistes, un enga­ge­ment pour la trans­mis­sion, une volon­té de créer des liens avec les autres arts, d’autres cultures et d’autres uni­vers musi­caux. »

C’est bien un autre monde qu’il nous faut, un monde de paix et de res­pect mutuel.

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