MC2-Grenoble – Quatre chorégraphies, 1h10 d’éblouissement !

Par Régine Hausermann

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Image principale
Mood. ©Théo Giacometti

Sobrement, le programme alignait quatre noms : Childs / Carvalho / Lasseindra / Doherty. Quatre noms de chorégraphes, la plus connue étant Lucinda Childs. Il annonçait aussi une forme de manifeste « Pour une danse décloisonnée ». Totale surprise et total bonheur ! Une brillante proposition imaginée par le collectif (LA)HORDE à la tête du Ballet national de Marseille.

Tem­po Vici­no de Lucin­da Childs. 22 mn d’une danse à la pré­ci­sion métro­no­mique !
Quatre dan­seurs et quatre dan­seuses tracent des figures de plus en plus com­plexes des­si­nées par la grande icône de la danse post-moderne amé­ri­caine. Née en 1940, Lucin­da Childs a super­vi­sé la reprise de son bal­let, créé en 2009, depuis New York, grâce à Zoom. Covid oblige.
Sur la musique de John Adams, la pré­ci­sion n’enlève rien à l’intensité.

Tempo

Tem­po Vici­no. ©Théo Gia­co­met­ti

One of four per­iods in time (Ellip­sis) de Tânia Car­val­ho. 21 mn d’étonnement ravi !
Quinze dan­seurs et dan­seuses sur­gissent sur scène dans des cos­tumes impro­bables, en camaïeu de gris, ins­pi­rés d’un Moyen Age ima­gi­naire, et chaus­settes rouges. L’effet de groupe et l’étrangeté des cos­tumes, qui brouillent les sexes, happent les spec­ta­teurs et spec­ta­trices. A plu­sieurs reprises, la danse semble se figer en tableaux, au sens propre du terme, pic­tu­raux. Musique de Vas­co Men­don­ça.
Née en 1976, active depuis une ving­taine d’années, non seule­ment dans la danse mais aus­si la musique, le des­sin et le ciné­ma, la por­tu­gaise Tânia Car­val­ho a créé l’œuvre pour le Bal­let natio­nal de Mar­seille en 2021.

One

One Of Four Per­iods In Time. ©Théo Gia­co­met­ti

Mood de Las­sein­dra Nin­ja. 18 mn à cou­per le souffle !
Dan­seurs et dan­seuses sur­gissent de cour et jar­din dans des cos­tumes roses éro­tiques : bas résille, hauts talons, casques sur­mon­tés d’une queue blonde et/ou d’une corne. La sur­prise aug­mente encore d’intensité. L’énergie de la cho­ré­gra­phie trans­porte la salle qui retient son souffle.
Musiques ryth­mées de Bod­dhi Sat­va, le DJ cen­tra­fri­cain, de l’Angolais Mabo­ko Na Ndou­zou …
Las­sein­dra Nin­ja est une dan­seuse queer pro­fes­sion­nelle fran­çaise, née en Guyane en 1986.  Elle est une figure emblé­ma­tique du voguing (ou vogue) en France : danse urbaine inven­tée à New York dans les années 1970 à 1980, né dans les clubs gays et les bals fré­quen­tés par des homo­sexuels et trans­genres afro-amé­ri­cains.

Mood©Théo

Mood. ©Théo Gia­co­met­ti

Laza­rus de Oona Doher­ty. 8mn sur le sublime Mise­rere d’Allegri !
Les danseur.se.s ont quit­té leurs cos­tumes « trans » éblouis­sants pour des uni­formes blancs. D’autres se sont joints à eux. Ils et elles sont main­te­nant plus de vingt sur scène.
Née en 1986, Oona Doher­ty est une artiste irlan­daise ori­gi­naire de Bel­fast. Issue d’une famille modeste, elle explore les sté­réo­types mas­cu­lins des ban­lieues de Bel­fast dont elle tra­duit la force et l’ex­pres­sion de la colère. dans ses cho­ré­gra­phies. Le contraste entre la vio­lence sug­gé­rée par la danse et la musique céleste d’Allegri est sai­sis­sant.

Lazarus©Didier

Laza­rus. ©Didier Phi­lis­part

Saluons le pro­jet de (LA)HORDE de confron­ter deux concep­tions de la danse : la clar­té des lignes, d’un côté, l’énergie brute de l’autre. On en rede­mande !

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