Grenoble. Solidarité concrète avec les Kurdes de Syrie
Par Edouard Schoene
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Antoine Back, Pierre Bonneau et Chloé Troadec.
La Maison de l’international de Grenoble invitait le 17 février à une conférence, intitulée France-Rojava : coopérations municipalistes avec le Nord-Est de la Syrie, en partenariat avec le projet Jasmines.
Jasmines – Jalons et actions de solidarités municipalisme et internationalisme avec le Nord-Est de la Syrie – est un réseau de treize signataires dont la maire de Poitiers, le maire de Grenoble, la ville de Paris, la ville de Bordeaux, le maire de Lyon.
Ce réseau de personnalités, ONG, associations apporte son soutien aux « actrices et acteurs, responsables politiques et administratifs qui font vivre l’expérience politique alternative de la région autonome de la Syrie du Nord et de l’Est »
Antoine Back, maire adjoint de Grenoble présentait cette soirée, basée sur une mission mise en place par la fondation Danielle Mitterrand (voir le Travailleur alpin de février 2022).
Antoine Back présente le programme Jasmines.
Du 21 mai au 5 juin 2021, une délégation de huit personnes s’est rendue sur le territoire dénommé Nord-Est de la Syrie. A l’issue de trois attaques armées de la Turquie très mal nommées Bouclier de l’Euphrate en 2016-2017, Rameau d’Olivier en 2018, et Source de paix en 2019, ce territoire syrien est composé de sept régions.
Celles-ci tentent de s’administrer en autonomie, les autorités administratives de Syrie ayant pratiquement disparu. Les forces armées (essentiellement de populations kurdes, arabes) protègent les populations contre les attaques de forces islamistes, de l’armé turque. C’est de cette réalité dont les intervenants ont parlé.
Les régions autonomes du Nord-Est de la Syrie.
Chloé Troadec, volontaire internationaliste du Rojava information center – elle a passé trois ans et demi au Rojava – a développé l’expérience d’organisation autonome des femmes à travers de multiples exemples sur le plan municipal, économique, voire de vie en village de femmes. Un passionnant rapport de mission peut être obtenu auprès du groupe URD .
Pierre Bonneau, chargé de programme « Alternatives démocratiques et commun(s) » à la fondation Danielle Mitterrand a complété les interventions pour dérouler l’itinéraire de la délégation.
A l’issue d’un débat engagé avec la salle, les intervenants ont souligné l’extrême difficulté de mettre en œuvre des actions de coopération avec le Rojava. La France ne reconnaît pas l’administration et l’armée du Nord-Est de la Syrie, la Turquie multiplie les attaques par drones pour tuer des responsables, les réfugiés des territoires occupés par la Turquie vivent une grande précarité. En outre la pression internationale est forte contre l’expérience en cours dans la région, fortement marquée par l’influence d’Ocalan, leader kurde en prison, par le PKK qui est considéré à tort comme une organisation terroriste, combattue par nombre de pays européens, dont la France.
Les pistes retenues pour l’aide du réseau de la fondation Danielle Mitterrand se portent sur l’appui technique sur plusieurs programmes :
• la gestion des déchets
• la plantation de cinq millions d’arbres dans un premier temps
• la gestion de l’eau
• la production agricole (vers l’autonomie alimentaire)
• l’appui aux activités économiques de petite échelle
D’autres pistes importantes ont été évoquée : culture-jeunesse, éducation, santé.
Les intervenants ont souligné que les personnes rencontrées ont toutes insisté pour qu’au retour de la délégation, une large information soit portée aux Français sur l’expérience politique, sociale que construisent ces peuples courageux.