MC2-Grenoble. Un Candide éblouissant

Par Travailleur Alpin

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Candide amoureux de « l’appétissante » Cunégonde.

Nouveau directeur de la maison de la culture de Grenoble, Arnaud Meunier est par ailleurs metteur en scène. Depuis la fin des années 90, il s’est surtout tourné vers les auteurs et autrices vivant.e.s. Pourtant en janvier 2020, juste avant d’être nommé à Grenoble, juste avant le Covid, il crée Candide, à la Comédie de Saint-Etienne, dont il était directeur. Le spectacle était repris à la MC2 pour trois représentations, du 6 au 8 janvier 2022. Une rentrée tonique, rafraîchissante et profonde. Candide ou l’optimisme de Voltaire, mis en scène par Arnaud Meunier.

Le

Peu avant la pré­sen­ta­tion des per­son­nages du conte phi­lo­so­phique, Arnaud Meu­nier s’était féli­ci­té de voir la grande salle de la MC2 rem­plie. Il avait salué les enseignant.e.s présent.e.s avec leurs élèves. Applau­dis­se­ments.

Celles et ceux qui ont lu Can­dide — ils et elles sont nombreux.ses – se sou­viennent du coup de pied au der­rière sal­va­teur, reçu par Can­dide pour avoir osé comp­ter fleu­rette à Made­moi­selle Cuné­gonde, la fille du baron de Thun­der-ten-tronckh dont la noblesse était bien supé­rieure à la sienne. Sal­va­teur sans doute, mal­gré toutes les funestes aven­tures qui attendent le jeune homme. Car ce coup de pied pro­pulse Can­dide dans le vaste monde dont il va décou­vrir les noir­ceurs et les hor­reurs. La guerre pour com­men­cer. Le trem­ble­ment de terre de Lis­bonne. Un nau­frage. Retrou­vailles avec Cuné­gonde dépen­dant de deux vieillards lubriques. L’Inquisition. Le Nou­veau monde et l’esclavage.

C'est

« C’est à ce prix que vous man­gez du sucre en Europe. »

Enfin un pays où règne l’harmonie, l’Eldorado… dont le calme finit par lui peser. Retour chao­tique en Europe. Tra­ver­sée pen­dant laquelle il perd tous ses mou­tons les­tés d’or et de dia­mants. Paris, ses salons, ses mes­qui­ne­ries et ses escrocs. Enfin Venise et Constan­ti­nople où l’on sait que se retrouve toute la petite com­pa­gnie ini­tiale, à l’exception du baron et de la baronne. Mais dans cette métai­rie, la hié­rar­chie et les valeurs ont chan­gé. Cha­cun « cultive son jar­din » et tra­vaille pour assu­rer sa sub­sis­tance car « le tra­vail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, la paresse et le besoin. »

Arnaud Meu­nier s’est tenu au plus près du texte dont il retient les trois-quarts. Le récit à la troi­sième per­sonne devient dia­logue dans la bouche des huit comé­diennes et comé­diens qui assument plu­sieurs rôles, à l’exception de Can­dide. Les cos­tumes et ses per­ruques sont déli­bé­ré­ment baroques. La mise en scène est allègre, drôle, per­cu­tante, sou­li­gnée par deux musi­ciens, un pia­niste à jar­din et un per­cus­sion­niste à cour. Le pla­teau très dépouillé, bai­gnant au début dans le bleu idéal de l’optimisme béat dis­pen­sé par Pan­gloss, se teinte de cou­leurs autres, sou­vent plus sombres, selon les aven­tures tra­ver­sées. Les vidéos très inven­tives créent de nou­veaux espaces, de nou­velles atmo­sphères.

Des

Des cos­tumes et des per­son­nages baroques.

On rit. On est ébloui par l’inventivité scé­nique, on applau­dit aux moyens tech­niques qui donnent au conte tout son sens, toute son iro­nie et toute son acui­té.

Le monde dans lequel nous vivons est-il le meilleur des mondes pos­sibles ? Devons-nous nous sou­mettre, sans sour­ciller, à la loi des vio­lences qu’il engendre ?

Un spec­tacle haut en cou­leur, pour toutes et tous. Du vrai théâtre popu­laire.

Régine Hau­ser­mann

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