2013, trois assassinats à Paris. « Nous continuons à exiger vérité et justice »

Par Edouard Schoene

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Elus et militants, le 8 janvier, place Félix Poulat.

Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes étaient assassinées à Paris. Le régime d’Erdogan est directement en cause. Pourtant l’enquête est au point mort : les autorités françaises font obstacle à la manifestation de la vérité.

Same­di 8 jan­vier, quelques dizaines de mili­tants, d’élus, ont ren­du hom­mage à Fidan DoğanSakine Cansız et Ley­la Söy­le­mez assas­si­nées à Paris le 9 jan­vier 2013. Le ras­sem­ble­ment se tenait rue Félix Pou­lat à Gre­noble

Plu­sieurs élus-es avaient tenu à appor­ter leur sou­tien aux cam­pagnes de soli­da­ri­té avec le peuple kurde : Guillaume Gon­tard, séna­teur de l’I­sère, Myriam Laï­dou­ni Denis, conseillère régio­nale EELV, Emi­lie Marche, conseillère régio­nale FI, Simon Billouet, conseiller dépar­te­men­tal de l’I­sère et
Antoine Back, adjoint à la ville de Gre­noble .

L’appel à ce ras­sem­ble­ment de l’Association isé­roise des amis des Kurdes rap­pe­lait les faits : « Alors que tous les indices recueillis au fil de l’instruction pointent vers Anka­ra et son agence de ren­sei­gne­ment (MIT), la jus­tice fran­çaise a déci­dé dans un pre­mier temps de clore le dos­sier, suite à la mort du tireur, Ömer Güney — offi­ciel­le­ment décé­dé en pri­son d’une tumeur au cer­veau en décembre 2016 -, au pré­texte que la dis­pa­ri­tion de « l’assassin pré­su­mé » entraî­nait l’extinction de l’action publique. Cepen­dant, suite à des révé­la­tions met­tant direc­te­ment en cause le pré­sident turc Erdo­gan, ain­si que l’ancien ambas­sa­deur de Tur­quie à Paris, Ismail Hakkı Musa, les familles des vic­times ont obte­nu l’ouverture d’une nou­velle ins­truc­tion qui dure main­te­nant depuis trois ans, sans aucune avan­cée. Et pour cause : les auto­ri­tés fran­çaises refusent tou­jours de par­ta­ger avec les juges les infor­ma­tions déte­nues par leurs ser­vices de ren­sei­gne­ment, oppo­sant le secret défense.

L’E­tat fran­çais refuse de lever le secret défense

Ce refus poli­tique entrave le tra­vail de la jus­tice, assu­rant l’impunité à un crime ter­ro­riste grave com­mis sur le ter­ri­toire fran­çais par des agents du régime d’Erdogan. Ne pas lever le secret défense revient à un déni de jus­tice into­lé­rable. Le ter­ro­risme n’est pas le fait du Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK), mais bien celui de l’Etat turc qui, non content d’exercer une répres­sion féroce à l’intérieur de ses fron­tières, man­date des cri­mi­nels en Europe et lance son armée toute puis­sante dans des opé­ra­tions trans­fron­ta­lières contre des popu­la­tions qui ne demandent qu’à vivre en paix.  Nous réaf­fir­me­rons  l’exi­gence du retrait du PKK des listes des orga­ni­sa­tions ter­ro­ristes.  La Cour de jus­tice de l’Union euro­péenne (CJUE) a sta­tué en 2018 que la pré­sence du PKK sur la liste du conseil de l’Eu­rope n’a­vait pas de fon­de­ment : c’est une vic­toire impor­tante, où le Conseil de l’Eu­rope a été condam­né ».

Répon­dant à la presse, Mary­vonne Mathéoud, co-pré­si­dente d’AIAK don­nait des infor­ma­tions d’actualité. « En ce triste anni­ver­saire com­ment ne pas pen­ser aus­si à la situa­tion du peuple kurde que ce soit en Tur­quie où la répres­sion s’amplifie, notam­ment contre le HDP , mena­cé d’interdiction alors que ses dépu­tés, ses maires, ses mili­tants sont arrê­tés et empri­son­nés. Son pré­sident, Sela­hat­tin Demir­tas, est déte­nu depuis 2016 en dépit des demandes de libé­ra­tion adres­sées à Anka­ra par la Cour euro­péenne des droits de l’homme, qui juge sa déten­tion illé­gale.

Le net­toyage eth­nique du régime d’Er­do­gan

La guerre anti­kurde de la Tur­quie ne s’arrête pas à ses fron­tières. Avide de conquêtes, le régime du sul­tan Erdo­gan, sou­te­nu par une armée de mer­ce­naires dji­ha­distes, a enva­hi et occu­pé une par­tie du Roja­va, mas­sa­crant des mil­liers de civils et se livrant à une véri­table cam­pagne de net­toyage eth­nique. Les cam­pagnes mili­taires de la Tur­quie font éga­le­ment rage au Sud-Kur­dis­tan (nord de l’Irak). En France, la répres­sion contre les mili­tants kurdes per­dure ; der­nier exemple Mez­her Kar­tal mili­tant du HDP est en centre de réten­tion depuis quatre mois, mena­cé d’expulsion. »

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