CEA. L’injustice salariale fait déborder la coupe
Par Luc Renaud
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Christophe Ratin, délégué CGT, explicite les revendications des salariés exposées dans le préavis de grève de l’intersyndicale.
Les salariés du CEA sont mobilisés pour obtenir des augmentations de salaire après douze années de blocage du point d’indice. De premières revendications ont été satisfaites après les grèves des salariés postés. C’est l’ensemble du personnel qui est désormais appelé à l’action. Tandis que, pour pouvoir embaucher, la direction du CEA a déjà dû augmenter le salaire des nouveaux recrutés.
Tout avait commencé avec les salariés postés du CEA Grenoble. Un mouvement social d’un mois, avec dix jours de confrontation plus directe avec la direction, émaillés d’heures de grève… et ils ont obtenu satisfaction. Des augmentations sous forme de hausse de primes, des améliorations de l’organisation du travail… « Il reste des revendications à satisfaire, mais ce qui a été gagné est significatif », commente Christophe Ratin, responsable de la CGT CEA.
De quoi donner des idées à l’ensemble des salariés. Ce mardi 7 octobre, la totalité de leurs syndicats avaient lancé un appel à la grève et à des rassemblements devant les sites du CEA. Ils étaient ainsi quelque trois cents à l’entrée 1, avenue des Martyrs, pour un débrayage d’une heure, de huit à neuf.
A l’issue du rassemblement, retour aux postes de travail.
Leurs revendications tiennent en deux constats : le point d’indice reste bloqué depuis douze ans et les dernières augmentations consenties l’ont été pour les seuls nouveaux embauchés. Ce qui illustre une réalité : les salaires sont devenus tellement bas que le CEA — un centre de recherche pourtant internationalement reconnu — peine à recruter. C’est que l’on ne vit pas uniquement d’eau fraîche et de reconnaissance de ses pairs.
Mais voilà. Consacrer les 4 millions d’euros attribués par le ministère à la seule revalorisation — nécessaire — des salaires des nouveaux embauchés crée une situation d’injustice pour ceux qui oeuvrent depuis des années. D’où la mobilisation. Et un cahier de revendications qui porte sur la valeur du point d’indice, les primes, l’ancienneté… Au total, une exigence de trois cents euros mensuels d’augmentation salariale pour rattraper des décennies de perte de pouvoir d’achat.
Débats à l’entrée du site de l’avenue des Martyrs.
« Ces revendications sont anciennes, un mouvement avait démarré à l’automne 2019 », rappelle Christophe Ratin. Mouvement social victime, lui aussi, de l’épidémie en 2020. « Aujourd’hui, la mobilisation est plus large qu’avant le Covid », se réjouit Christophe Ratin. Des assemblées générales se sont tenues avec la participation de 250 salariés à Grenoble, mais aussi de 80 personnes au Bourget-du-Lac, site savoyard de trois cents salariés. Autre indicateur de l’ampleur de la mobilisation, celui du renforcement du syndicat CGT de l’établissement : « nous avons augmenté de 10% le nombre de syndiqués à la CGT », note Christophe Ratin.
Ce mardi 7 décembre, au Bourget-du-Lac.
Les syndicats attendent l’ouverture au niveau national de discussions sur leur revendications. Une prochaine journée de mobilisation est prévue le 14 décembre, jour où se réunira le comité social national, nouvelle occasion pour la direction de faire connaître ses positions.
Le CEA, centre de recherche sur les solutions énergétiques bas carbonne notamment, emploie vingt-mille personnes en France dont quatre mille à Grenoble et trois cents au Bourget-du-Lac, au sein de l’Institut national de l’énergie solaire.
Ce mardi 7 décembre, Presqu’île à Grenoble.