Isère. Une rentrée sociale très animée

Par Jean-Claude Lamarche

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Des images de la manifestation du 5 octobre, à Grenoble.

En ce début novembre 2021, il est instructif de faire un retour sur la rentrée sociale en Isère car elle semble présenter des caractéristiques particulières remarquables et, à bien des égards, encourageantes. Une rentrée sociale sur laquelle la pandémie de covid a encore pesé sans empêcher que s’exprime un mécontentement généralisé qui contredit le discours d’autosatisfaction que répandent Jupiter et ses adorateurs.

Dès sep­tembre, dans les écoles, les col­lèges et les lycées, des mou­ve­ments de grève et des mani­fes­ta­tions dénon­çaient l’in­suf­fi­sance des moyens pour l’é­du­ca­tion, les réformes rétro­grades du ministre Blan­quer, les bas salaires, les condi­tions de tra­vail, la pré­ca­ri­té pro­fes­sion­nelle et sala­riale des AESH (Accom­pa­gnants d’é­lèves en situa­tion de han­di­cap)… actions qui ont trou­vé leur pro­lon­ge­ment dans la jour­née de grèves et de mani­fes­ta­tions inter­pro­fes­sion­nelle du 5 octobre à l’appel des orga­ni­sa­tions CGT, FO, FSU, Soli­daires, UNEF, UNL, mais aus­si dans les nom­breux débrayages et ras­sem­ble­ments des agents ter­ri­to­riaux exer­çant dans les écoles contre l’augmentation pro­gram­mée de leur temps de tra­vail.

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Sur fond d’une action longue et réso­lue des sala­riés de Fer­ro­pem contre la fer­me­ture des usines en Isère et en Savoie, contre les licen­cie­ments et pour le main­tien de la filière stra­té­gique du sili­cium en France, sala­riés pré­sents dans la mani­fes­ta­tion du 5 octobre, et qui mani­fes­taient encore le same­di 9 à Gavet, la liste est longue des mou­ve­ments sociaux aux­quels nous avons assis­té.

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Sans en faire une liste exhaus­tive, un inven­taire à la Pré­vert, mani­fes­ta­tions des retrai­tés le 1er octobre à l’appel de neuf de leurs orga­ni­sa­tions syn­di­cales, des pro­fes­sion­nels du han­di­cap, des han­di­ca­pés et de leurs familles le mer­cre­di 6 contre la pré­ca­ri­sa­tion de l’accompagnement, par­ti­ci­pa­tion des sages-femmes et étu­diantes sages-femmes à la mani­fes­ta­tion pari­sienne de leur pro­fes­sion le 7 pour une reva­lo­ri­sa­tion sala­riale, une recon­nais­sance de leur métier, pour le main­tien des postes en salle de nais­sance au CHU, mani­fes­ta­tion le 11 contre l’austérité à l’université à l’appel de la CGT, Soli­daires, Sud édu­ca­tion, UNEF, contre le gel des recru­te­ments, le rem­pla­ce­ment des ensei­gnants par­tis à la retraite par des doc­to­rants ou des contrac­tuels …

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Octobre, c’est aus­si la pour­suite de la grève dans des biblio­thé­caires qui refusent de contrô­ler le passe sani­taire et d’interdire l’accès aux biblio­thèques à ceux qui n’en ont pas, les actions recon­duites des AESH payés 760 € par mois, des agents ter­ri­to­riaux qui refusent l’augmentation de leur temps de tra­vail qu’une loi jupi­té­rienne veut impo­ser…

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Et puis, il y a les mani­fes­ta­tions du same­di « contre le passe sani­taire » sur les­quelles il y a sans doute des choses à expli­quer, mais il n’en reste pas moins que si ces mou­ve­ments sociaux portent en com­mun des reven­di­ca­tions sur les salaires, l’emploi et la pré­ca­ri­té, les condi­tions de tra­vail … ils expriment aus­si un « malaise » lié au carac­tère de plus en plus arbi­traire et anti­dé­mo­cra­tique du pou­voir qui s’exerce dans notre pays. Et contre cela, et pour obte­nir satis­fac­tion, il est sans doute néces­saire d’unir ces luttes dans un « tous ensemble » avec, en pers­pec­tive, la grève mas­sive.

Fer­ro­pem

Il semble qu’un accord entre le gou­ver­ne­ment et la direc­tion du groupe Fer­ro­globe per­met­tant le main­tien du site Fer­ro­pem des Cla­vaux aurait été conclu. Accep­tons-en l’au­gure d’une lutte syn­di­cale qui débou­che­rait sur une vic­toire. Mais la confir­ma­tion se fait attendre. Et quid du site savoyard de Châ­teau-Feuillet ?

Les 1607 heures

Une loi jupi­té­rienne votée par des par­le­men­taires aux ordres impose aux col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales de por­ter à 1607 heures annuelles le temps de tra­vail de leurs employés. Or, beau­coup de ces col­lec­ti­vi­tés ont négo­cié avec les repré­sen­tants des per­son­nels un horaire infé­rieur à ces 1607 heures. En cela, elles sont pion­nières comme elles l’ont été, dans le pas­sé, pour les 35 heures heb­do­ma­daires. La loi, qui vise donc à aug­men­ter le temps de tra­vail de ceux qui ont un tra­vail, est ubuesque quand on connaît le nombre de chô­meurs en France. Elle l’est aus­si quand on se sou­vient que, dans son zèle à détruire le droit du tra­vail, Jupi­ter a inver­sé la hié­rar­chie des normes en don­nant la pos­si­bi­li­té de faire pré­va­loir un accord local sur un accord de branche. Ce qui a déjà été mis en oeuvre dans des entre­prises. Mais pour des accords moins favo­rables aux sala­riés que l’ac­cord de branche. Fau­drait-il donc com­prendre que l’in­ver­sion de la hié­rar­chie des normes ça ne doit être uti­li­sé que pour réduire les droits des sala­riés ?
Ceci dit, l’in­ter­lo­cu­teur, dans ce com­bat, ce sont les col­lec­ti­vi­tés, mais en pre­mier lieu Jupi­ter et ses par­le­men­taires.

La réforme des retraites

Les orga­ni­sa­tions syn­di­cales conti­nuent d’in­for­mer leurs mili­tants et de leur don­ner des armes pour empê­cher la mise en place de la réforme Macron, ain­si, le SNES-FSU qui a tenu un col­loque sur ce thème le 21 octobre au Lycée Mou­nier de Gre­noble. La pre­mière réforme qui vise à la dis­pa­ri­tion du prin­cipe qui est encore à la base de nos sys­tèmes de retraite, celui du salaire conti­nué, sur le modèle des sys­tèmes his­to­ri­que­ment mis en place pour les ser­vi­teurs de l’E­tat et des entre­prises publiques, des sys­tèmes où il n’y a pas de lien entre le mon­tant des coti­sa­tions ver­sées tout au long de sa vie pro­fes­sion­nelle et le mon­tant de la pen­sion, ce qui per­met de don­ner une large place aux dis­po­si­tifs de soli­da­ri­té. Or, c’est cela que Jupi­ter veut démo­lir et c’est pour­quoi il veut abso­lu­ment sup­pri­mer les régimes « spé­ciaux » qui sont des modèles vers les­quels devraient tendre tous les autres sys­tèmes si l’am­bi­tion était le pro­grès et non la régres­sion his­to­rique.

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