L’Or gris du Dauphiné

Par Edouard Schoene

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Image principale
La tour Perret. L’une des constructions emblématiques des ciments Vicat.

Bernard Gouteraud, réalisateur, présentait en avant-première, devant 160 personnes, le film « l’Or gris du Dauphiné », mémoire de l’industrie du ciment dauphinois.

Ce dimanche 19 sep­tembre la salle de ciné­ma de Voreppe était comble. Ber­nard Gou­te­raud, cinéaste ama­teur de talent, pré­sen­tait une nou­velle de ses créa­tions, déjà nom­breuses, sur le patri­moine agri­cole et indus­triel en Dau­phi­né. Des moyens tech­niques consé­quents, des sou­tiens d’historiens, de pro­fes­sion­nels ont per­mis la réa­li­sa­tion de ce film, avec la col­la­bo­ra­tion d’une asso­cia­tion patri­mo­niale de Voreppe, COREPHA.

Le

Ber­nard Gou­te­raud.

Ber­nard Gou­te­raud tenait à mon­trer l’écart entre le dur métier de cimen­tier, au XIXe et XXe siècle com­pa­ré à celui des pro­fes­sion­nels des usines qua­si auto­ma­ti­sées comme celle de Mon­ta­lieu en Isère. Il y a l’histoire contée par la fon­da­tion VICAT, qui vous énonce que M. Louis Vicat, inven­teur du ciment en 1817, « choi­sit de ne pas dépo­ser de bre­vet, car il s’estime rede­vable à la col­lec­ti­vi­té de son par­cours aca­dé­mique et scien­ti­fique ». Mais il se trouve que Les Romains uti­li­saient de la chaux, ren­for­cée par des cendres vol­ca­niques (pouz­zo­lane) pour fabri­quer leur mor­tier, qui était alors capable de prendre sous l’eau.

Mineurs

Mineurs à Saint-Egrève, en 1930.

Le ciment moderne, en Dau­phi­né uti­li­sait des pierres ayant une cer­taine pro­por­tion de cal­caire et d’argile. Les pierres sont broyées et se trans­forment en « clin­ker », par la com­bi­nai­son chi­mique à très haute tem­pé­ra­ture de cal­caire et d’ar­gile. Le clin­ker est ensuite broyé avec des ajouts, qui don­ne­ront au ciment des carac­té­ris­tiques spé­ci­fiques. 


Transport

Le trans­port des pierres à ciment de Sas­se­nage à Saint-Egrève.

Au cours du film, très docu­men­té, on peut obser­ver de nom­breux ves­tiges en Dau­phi­né d’usines, de gale­ries qui ont fait la richesse de cette indus­trie. Lors du débat, on apprend que le patro­nat a vou­lu se débar­ras­ser de la pra­tique des ouvriers-pay­sans qui s’absentaient en cer­taines périodes, en fai­sant appel à de la main d’œuvre étran­gère.
Ain­si les Ita­liens ont repré­sen­té jusqu’à 40% des sala­riés. Mais, hélas pour le patro­nat, tant mieux pour les sala­riés, cette main d’œuvre était de sen­si­bi­li­té « rouge » et a construit le syn­di­ca­lisme de luttes.

Fête

Fête de la Sainte-Barbe à Voreppe. Sainte-Barbe,  fêtée le 4 décembre, patronne des métiers dan­ge­reux : mineurs, pom­piers, arti­fi­ciers…

Le film nous apprend que le 22 juin 1912 démar­rait une grève de six semaines por­teuse de résul­tats reven­di­ca­tifs. En 1936 était conclu, après des luttes, une conven­tion col­lec­tive du ciment. Des pho­tos montrent l’existence de jar­dins ouvriers dans les cités de cimen­tiers, la fête de la Ste Barbe, très popu­laire. Les condi­tions de tra­vail étaient rudes dans les gale­ries et car­rières.

Vue

Le mas­sif de Com­boire.

Le docu­men­taire donne à voir le nombre impor­tant de cimen­te­ries et d’entreprises concer­nées par ce sec­teur, avec les mou­lins, les cen­trales élec­triques, les entre­prises de chau­dron­ne­rie, ( Bou­chayer Vial­let), la pape­te­rie de Vizille (sacs ciments), les mines de La Mure, le trans­port fer­ro­viaire.

Site

L’u­sine Vicat, actuel­le­ment en ser­vice à Mon­ta­lieu.

Le film nous offre éga­le­ment une vision du patri­moine archi­tec­tu­ral en ciment du Dau­phi­né avec la tour Per­ret , construite pour l’ex­po­si­tion inter­na­tio­nale de la houille blanche de 1925 , le garage héli­coï­dal de Gre­noble, les nom­breux bâti­ments aux déco­ra­tions de ciment, la mai­son de la culture de Gre­noble, les immenses ouvrages de béton des sources de Roche­fort (confiés en 1830 à la socié­té Thor­rand, la Casa­maures à Saint-Mar­tin-le-Vinoux, l’église Saint-Bru­no de Gre­noble, l’usine Cémoi, les ves­pa­siennes de Gre­noble, les inno­va­tions du béton du futur (bétons drai­nants, bétons iso­lants, bétons lumi­nes­cents, notam­ment).

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