Le 5 juillet, à l’entrée de l’usine, à Bernin, au coeur de la vallée du Grésivaudan.

Un mouvement social est en cours à Soitec. Les salariés veulent bénéficier de la croissance de l’entreprise et non pas la subir. Revendications sur les conditions de travail et les hausses de rémunération.

Un mouvement social secoue l’entreprise SOITEC située à Bernin, très suivi à la production. Fabrice Lallement, délégué syndical CGT, secrétaire du CSE de SOITEC, membre de la commission exécutive fédérale de la métallurgie CGT, nous explique. 

« Nous avons organisé une assemblée générale le 24 juin (hors conflit nous précise-t-il) pour informer sur la tenue des négociations annuelles obligatoires et les propositions de la direction. Beaucoup de personnes étaient présentes. A la suite de cette réunion, la direction a fait pression sur les salariés, en particulier sur le personnel en production en salle blanche. Suite à cela des débrayages ont eu lieu. »

Un exemple : postée de 5h30 à 13h30 une semaine et la semaine suivante de 13h30 à 21h30, l’équipe semaine jour alternée revendique une hausse des primes au vu des conditions de travail. « En début de carrière quand on est jeune et quand on a la forme on peut trouver un avantage à cette organisation du travail. Mais avec 20 ou 25 ans d’ancienneté avec ces horaires ça devient compliqué », commente Fabrice.

Devant le refus de la direction de revaloriser cette prime de nouveaux débrayages ont eu lieu, avec pour réaction une volonté de pourrissement de la direction qui cherche à temporiser. Un classique…

Une entreprise aidée et qui se porte bien

« La bonne nouvelle c’est qu’il y a une vraie solidarité entre les équipes. Celles de la nuit, de la semaine, du week-end jour et nuit ont enchaîné les débrayages. »
 Il y a une véritable volonté de concentrer les revendications autour des conditions de travail. 

Les salarié·e·s se prononceront sur la stratégie de lutte ce mardi.

SOITEC est une entreprise en plein développement, avec une prévision de croissance de 30 % pour l’année fiscale en cours. Le rythme de production augmente. « Il y a deux manières de sortir des plaques au bon rythme, c’est soit de mettre des coups de crosse pour que les gens fassent le job dans des conditions déplorables en faisant une copie du management de ST, soit on est capable de créer de la cohésion entre les équipes et d’entraide entre les personnes. »

Le chiffre d’affaire est aujourd’hui d’environ 600 millions d’euros et il est prévu qu’il atteigne dans les trois prochaines années les 2 milliards. L’entreprise reçoit par ailleurs de nombreuses aides publiques de l’Etat, de la région, de la communauté de commune, de l’UE… « On est une boîte qui est énormément subventionnée, par exemple 40 % de la R&D est financée par les aides publiques (crédit impôt recherche, Nano 2022, etc.) », précise le syndicaliste.

Les embauches traduisent la bonne santé de l’entreprise. La CGT œuvre en faveur de la titularisation des CDD. « Il y avait jusqu’à 35 % de CDD chez les opérateur·ice·s. Aujourd’hui on en est à 20 % grâce aux titularisations (une cinquantaine) ces dernières semaines. une boîte comme SOITEC qui est en croissance avec des perspectives doit titulariser.» Des avancés possibles grâce à l’engagement syndical.

Jean Dassier

Kamel Mouhad, salarié de Soitec et secrétaire de l’UL CGT Grésivaudan,
et Fabrice Lallement, délégué CGT, secrétaire du CSE.

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