Face à l’urgence sociale et climatique, l’heure n’est pas à la réduction de l’offre de transport en commun. Dans la métropole grenobloise, c’est pourtant ce qui se dessine.

Le collectif pour la gratuité des transports appelle à une manifestation contre la réduction de l’offre de transports en commun, pour leur développement et leur gratuité le vendredi 12 mars à midi, au départ de la chambre de commerce et d’industrie, à Grenoble (place André Malraux).

Pourquoi la gratuité des transports dans l’agglomération grenobloise ? Pour tenir compte de la crise sociale, déjà. Et de l’appauvrissement provoqué par le ralentissement de l’économie. Le tarif dit « solidaire » ne répond pas à cette urgence. Le collectif pour la gratuité a fait ses comptes : le seuil de pauvreté est fixé à 1063 € alors que pour bénéficier de ce tarif, une personne doit avoir un quotient familial inférieur à 706 € ! De plus, les ayants droit ne parviennent pas à bénéficier de ce tarif, en regard de la complexité des démarches à accomplir.

Qualité de l’air

La gratuité, c’est bien sûr encore une urgence écologique.

Chaque année, 48 000 personnes meurent de la pollution atmosphérique. L’État français a été condamné par la Cour de justice de l’Union européenne, par le Conseil d’État pour son inaction depuis 2013 contre cette pollution dans les zones urbaines, dont celle de Grenoble. C’est pourtant autour des grands axes urbains que la pollution atmosphérique est la plus intense (notamment par le dioxyde d’azote).

En outre, les objectifs fixés par l’Accord de Paris de 2015 sont loin d’être atteints en France. Le collectif rappelle qu’il est temps de réduire la production de gaz à effet de serre, dont le gaz carbonique.

Le transport étant le secteur produisant le plus de gaz carbonique et l’automobile produisant plus de de gaz polluants que les transports en commun, le collectif souligne que la gratuité totale est une mesure qui permettrait de réduire l’utilisation de l’automobile. Il cite notamment les chiffres consécutifs à l’instauration de la gratuité dans l’agglomération de Dunkerque (200 000 habitants) en 2018 : la fréquentation du réseau de transports en commun a augmenté de 85,5% et 48% des nouveaux usagers prenaient auparavant leur voiture.

Ces villes qui en ont fait l’expérience

Dunkerque n’est pas la seule ville ayant fait le choix de la gratuité. C’est le cas de Compiègne (38 000 habitants) en 1975 ou Aubagne (100 000 habitants) en 2010. À l’automne 2020, les grandes agglomérations de Montpellier, Rouen et Nancy ont décidé d’instaurer la gratuité pour un ou deux jours pour chaque week-end. Pour l’agglomération de Montpellier, la gratuité devrait être effective en 2025. La métropole lyonnaise a mis en place cette gratuité pour les 130 000 personnes les plus démunis depuis le 1er janvier. A Strasbourg, à compter de septembre 2021, les mineurs bénéficieront de cette gratuité.

Pourquoi Grenoble, capitale verte, ne pourrait-elle pas suivre ce mouvement ?

Pour le collectif, la gratuité doit s’accompagner du développement du réseau pour être en phase avec l’augmentation de sa fréquentation et inciter les usagers à délaisser l’automobile : instauration des lignes RER, création et agrandissement des parkings-relais, prolongation du réseau de tramway, extension en soirée des services, augmentation des fréquences et raccordement des réseaux de la métropole avec ceux du Voironnais et du Grésivaudan.

Les bénéfices que la collectivité peut en attendre

Tout cela a un coût. Le collectif pour la gratuité avance des solutions.

Avec la crise sanitaire, l’État n’a pas aidé les transports publics à la même hauteur que le reste de l’économie. Plus encore, il a mis les réseaux de transports publics en difficulté en supprimant sans, pour l’heure les compenser, les cotisations réglées par les entreprises destinées à leur financement.

Le collectif préconise, en plus du retour des dotations des différentes collectivités locales et de l’État à leurs niveaux antérieurs, plusieurs leviers de financements. Comme par exemple l’augmentation de la taxe mobilité payée par les entreprises de plus de 10 salariés.

Il note également que les effets bénéfiques attendus d’une forte diminution du trafic routier sur la qualité de l’air, l’empreinte carbone et la réduction du besoin de toujours plus d’infrastructures routières, généreront des économies pour l’ensemble de la collectivité.

La gratuité des transports en commun, c’est aujourd’hui plus que jamais une urgence écologique et sociale.

Renaud Lugli

Le collectif pour la gratuité des transports publics de l’agglomération grenobloise regroupe des syndicats (CGT, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, Solidaires Étudiants), des organisations politiques (PAG38, PCF, Ensemble !, les Alternatifs, NPA), ATTAC. Il est ouvert à toutes et tous. D’autres organisations peuvent le rejoindre. Sa raison d’être est de mener une campagne à long terme en faveur de la gratuité des transports publics de l’agglomération grenobloise.

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