Rassemblés pour crier « culture en danger ! »

Par Edouard Schoene

/

Image principale

Les syndicats CGT de la culture appelaient à un rassemblement au centre ville de Grenoble vendredi 13 novembre à midi. La détermination des responsables syndicaux d’un secteur très atteint par la crise était forte puisqu’un premier appel à se rassembler avait été interdit à la dernière minute par le préfet huit jours auparavant. Une centaine de personnes du milieu du spectacle et de citoyens engagés pour la culture étaient là : comédiens, gens du cirque, techniciens, musiciens,…

Michel Szem­pruch, pour le col­lec­tif, intro­dui­sait la ren­contre dont l’appel aler­tait l’opinion publique : « Les annonces sans concer­ta­tion du couvre-feu puis du nou­veau confi­ne­ment, ame­né à durer bien au-delà d’un mois, mettent le spec­tacle, le ciné­ma, l’audiovisuel dans une situa­tion catas­tro­phique. L’ensemble du sec­teur cultu­rel est en grand dan­ger ! La deuxième vague du virus était pour­tant pré­vi­sible et pré­dite par les per­son­nels de san­té qui réclament pour nous toutes et nous tous des moyens pour l’hôpital public. Aujourd’hui des mil­liers de professionnel.les permanent.es, intermittent.es du spec­tacle voient leur acti­vi­té arrê­tée nette. Si l’audiovisuel et le ciné­ma conti­nuent de tra­vailler, le ralen­tis­se­ment risque de se pro­duire bru­ta­le­ment avec la fer­me­ture des salles et l’arrêt des recettes liées. La situa­tion des autrices et auteurs est par­ti­cu­liè­re­ment catas­tro­phique. Sans prendre de risques pour notre san­té et celle du public, nous vou­lons toutes et tous vivre de nos métiers : le gou­ver­ne­ment doit nous entendre au-delà des sym­pa­thiques mais insuf­fi­santes décla­ra­tions de « com­pré­hen­sion ».

Nous deman­dons :

- le droit de tra­vailler pour pou­voir exer­cer nos acti­vi­tés. Puisque les répé­ti­tions et les rési­dences sont pos­sibles, il faut que des aides publiques mas­sives inter­viennent pour sou­te­nir l’emploi et finan­cer notam­ment les créa­tions, les­quelles seront prêtes pour les repré­sen­ta­tions ;

- la garan­tie de tous les droits sociaux : une assu­rance-chô­mage pro­lon­gée après la fin de toutes les impos­si­bi­li­tés à tra­vailler ;

- l’arrêt de la réforme du régime géné­ral, un accès garan­ti aux congés maternité/ mala­die, à la for­ma­tion conti­nue, à la pro­tec­tion com­plé­men­taire, à la méde­cine du tra­vail, etc. ;

- Les moyens de tra­vailler en bonne san­té : avec les pro­tec­tions sani­taires suf­fi­santes, l’accès aux soins et aux tests sans chan­tage et sous l’égide des pro­fes­sion­nels de san­té.

Nous dénon­çons l’instrumentalisation poli­tique de la crise sani­taire, par le gou­ver­ne­ment pour réduire les liber­tés indi­vi­duelles et col­lec­tives. »

Claude Bel­mudes pour le SNAM énon­çait une série de pro­po­si­tions dont le sou­hait que les bars accueillent dès leur réou­ver­ture des musi­ciens, pour les­quels des dis­po­si­tifs d’aides publiques ont été déci­dées.

Un repré­sen­tant du Synp­tac énon­çait l’enjeu pour les tech­ni­ciens de la crise et reven­di­quait des mesures pour l’ensemble des petites struc­tures par­ti­cu­liè­re­ment fra­gi­li­sées.

Patrick Seyer (SFA) au cours de son inter­ven­tion signale :
« …Cette fois-ci, avec la deuxième vague de pan­dé­mie , la situa­tion est dif­fé­rente car le nou­veau décret auto­rise les équipes artis­tiques à tra­vailler à huis clos : répé­ter, créer, enre­gis­trer… Mais cette auto­ri­sa­tion est lar­ge­ment insuf­fi­sante pour sau­ver notre sec­teur du nau­frage. Les artistes inter­prètes, et les technicien.nes qui n’ont pas de périodes de créa­tion pro­gram­mées, de rési­dences pré­vues, qui ne dirigent pas de lieux ou de com­pa­gnies, doivent eux aus­si pou­voir tra­vailler, recher­cher, conti­nuer à s’exer­cer et créer… Il faut qu’ils aient aus­si leur place dans l’ou­til de tra­vail sans attendre une hypo­thé­tique reprise d’une tour­née annu­lée, de futures audi­tions ou la remise en route de leurs réseaux pro­fes­sion­nel à l’ar­rêt. Il faut auto­ri­ser et faci­li­ter par­tout les répé­ti­tions évi­dem­ment dans le strict res­pect des consignes sani­taires.  »

Et de pro­po­ser :

« Il faut ouvrir, selon des moda­li­tés à défi­nir par la concer­ta­tion et la négo­cia­tion tous les lieux de pro­gram­ma­tion cultu­relle, et cela, bien évi­dem­ment dans des condi­tions sani­taires pré­ser­vant public et salarié.es. … En dehors des finan­ce­ments alloués aux lieux et com­pa­gnies sub­ven­tion­nés qui eux conser­ve­raient leurs finan­ce­ments MAIS avec des contraintes concer­nant l’emploi artis­tique, ces dis­po­si­tifs doivent favo­ri­ser la mutua­li­sa­tion, la coopé­ra­tion et la col­la­bo­ra­tion entre artistes, technicien.nes, com­pa­gnies, lieux etc… à l’instar du pro­gramme « Ouvrir l’horizon » en Pays de Loire mis en place à l’initiative de notre syn­di­cat, le SFA-CGT et du syn­di­cat SYNAVI qui regroupe des employeurs des com­pa­gnies de théâtre indé­pen­dantes. Dans la crise actuelle les CDN doivent rede­ve­nir des outils majeurs pour la fabri­ca­tion et la pro­duc­tion du théâtre, dans un esprit d’ouverture et de par­tage, notam­ment par l’accueil d’artistes en rési­dence. »

Le repré­sen­tant syn­di­cal a ensuite for­mu­lé une dizaine de pro­po­si­tions concrètes par­mi les­quelles :
- créa­tion d’un dis­po­si­tif de lec­tures de textes contem­po­rains pro­po­sé aux CDN, CDR, Scènes sub­ven­tion­nées etc. et l’é­tendre à des com­pa­gnies qui pour­raient inves­tir des lieux autres (théâtres de villes, média­thèques, ins­ti­tu­tions diverses etc…) 

- appor­ter un sou­tien finan­cier et logis­tique aux artistes qui pro­po­se­ront des pro­jets chez l’ha­bi­tant ou dans des lieux « inter­mé­diaires » par exemple les MJC ;

- ouvrir de nou­veaux lieux. Il faut que les éta­blis­se­ments issus de « la décen­tra­li­sa­tion » centre natio­naux et scènes natio­nales se remettent enfin au ser­vice de l’in­té­rêt géné­ral.

« Oui, et je le dis avec force, la culture, le spec­tacle, les arts sous toutes leurs formes sont plus que jamais des biens essen­tiels pour notre socié­té. Ils ont été de tous temps, des lumières indis­pen­sables dans les temps de gri­saille. Public, plus que jamais sou­te­nez les artistes et la culture. Réap­pre­nons ensemble à rêver ! », lan­çait Patrick Seyer.

La ren­contre s’est conclue par des prises de paroles très fortes, témoi­gnages d’une volon­té énorme des artistes de tra­vailler et ren­con­trer leurs publics.

Partager cet article

Avant de partir

Votre soutien compte pour nous

Le Travailleur alpin vit depuis 1928 grâce à l’engagement de ses lecteurs. Aujourd’hui encore, ce média propose un autre regard sur vos espoirs, vos luttes, vos aspirations. Une voix unique dans la presse d’information départementale.

Pour protéger l’indépendance du Travailleur alpin, assurer son développement, vos dons nous sont précieux – nous assurons leur traitement en partenariat avec la fondation l’Humanité en partage.

Merci d’avance.

Faire un don défiscalisé maintenant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *