ST Micro electronics, le 0% qui ne passe pas
Par Luc Renaud
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La direction a décidé « de mettre en œuvre en 2020 une politique salariale mondiale ciblée sur les promotions ». Ce que ça veut dire ? Et bien que l’augmentation des salaires cette année, ce sera 0%, tout simplement.
Cette création sémantique, c’est sont les salariés de ST Micro electronics qui en sont aujourd’hui victimes. Raison pour laquelle un appel à la grève a été lancé à partir du 5 novembre. C’est une intersyndicale (CGT, CFDT et CAD, syndicat local), constituée sur proposition de la CGT, qui en est à l’origine.
38% de hausse du chiffre d’affaires en trois ans
Les syndicats ont quelques arguments. Car l’entreprise se porte au mieux. Entre 2009 et 2018, ST Micro a versé aux actionnaires 5,7 fois son bénéfice cumulé (5,2 Mrd€ contre 465M€) et l’écart de salaire dans l’entreprise est passé de 54 à 222. En 2020, la prévision de chiffre d’affaires est de 9 à 10 milliards d’euros et 165 millions d’euros ont été versés aux actionnaires. Des actionnaires qui bénéficient également de la montée du cours de l’action, progression financée par l’entreprise : les dividendes et rachats d’actions en 2019 représentent 464 M€. On notera encore que de 2016 à 2019, le chiffre d’affaires planétaire du groupe ST Micro electronics a augmenté de 38% ; l’effectif ST France seulement de 1%; tandis que la masse salariale baissait de 1,4% en 2019 par rapport à 2018. Dans ce contexte, qui est aussi celui d’une production lancée à plein régime, le 0% passe mal.
Quant à la direction, outre les promotions, elle envisage de voir tout cela l’année prochaine avec une prime d’intéressement au début de l’année de 350 euros. Elle rappelle également les primes versées au printemps, après l’engagement des salariés pour faire tourner l’entreprise lors du confinement.
Le soutien du PCF
La grève a été suivie à Crolles et Grenoble, mais également dans les usines italiennes d’Agrate et Catane.
Dans un communiqué, la section communiste du Grésivaudan a apporté son soutien au mouvement en soulignant que l’entreprise « reçoit au titre du plan nano 2022, 800 millions d’euros sur cinq ans d’argent public » et demande que « les aides publiques et les allègements de cotisations ou impôts en direction des grandes entreprises soient conditionnés à des objectifs précis et un contrôle strict en matière de résultats pour l’emploi, les salaires et la transition énergétique ».