Carrefour Meylan, pas TOP sur le plan social !

Par Edouard Schoene

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Carrefour Meylan, qui a eu de bons résultats économiques pendant la crise sanitaire 2020 s’apprête à lancer un plan de réorganisation du travail, dénommé « TOP », qui inquiète les salariés. Le Travailleur alpin a rencontré Patrice Brun, élu du personnel, délégué syndical CGT à Carrefour Meylan, quelques jours avant le deuxième confinement.

« Notre maga­sin, consi­dé­ré depuis des années comme modèle, va mettre en test sous peu un dis­po­si­tif d’organisation natio­nale du tra­vail tota­le­ment conçu en haut sans la moindre concer­ta­tion avec les repré­sen­tants du per­son­nel », explique le res­pon­sable syn­di­cal.

Un petit exa­men des infor­ma­tions don­nées par les médias donne le contexte de la réforme. Rami Bai­tièh, le nou­veau patron de Car­re­four France depuis juin der­nier, s’est fait connaître à l’étranger par la règle du « siempre si », dire « tou­jours oui » au client. Va-t-il se faire recon­naître en France par « siempre no », dire « tou­jours non » au per­son­nel ?

Déjà la notion de satis­fac­tion du client est for­te­ment mise en doute par les sala­riés qui voient les effec­tifs fondre depuis plu­sieurs années avec des postes de plus en plus nom­breux qui dis­pa­raissent (dans les rayons, à l’accueil) ou qui sont pour­vus par plu­sieurs sala­riés. Les CDD sont renou­ve­lés et le droit à la for­ma­tion bafoué. Les sala­riés souffrent ! Les réunions en visio­con­fé­rence des repré­sen­tants du per­son­nel, crise sani­taire oblige, ont pour consé­quence que des élus, — dénonce la CGT — ne peuvent pas s’exprimer, faute d’avoir la parole.

La CGT com­bat le pro­jet « TOP » et envi­sage de mettre en œuvre des actions dans les pro­chaines semaines. « La course à la réduc­tion des coûts est amor­cée et bat son plein depuis bien long­temps déjà et conti­nue à s’ac­cé­lé­rer par le biais de la mise en place de tous ces stra­ta­gèmes à la des­truc­tion sociale orga­ni­sée. » Le pro­jet TOP en est un exemple : fin de la notion de « métier » et de rayons, chasse au « temps morts » par le chro­no­mé­trage, casse de nos métiers par des tâches répé­ti­tives, essor des contrats pré­caires (CDD, contrats étu­diants…)… Autant d’in­di­ca­teurs qui envi­sagent sans nul doute la fin de nos métiers et leur sta­tut bien peu valo­ri­sée déjà. Pour la CGT, il est évident que TOP, par concur­rence sala­riale, met­tra en péril la cohé­sion sociale que Car­re­four cherche à pro­mou­voir, des risques psy­cho­so­ciaux graves à ne pas négli­ger si Car­re­four fonce tête bais­sée, sans prendre en consi­dé­ra­tion le fac­teur essen­tiel à la bonne marche d’une entre­prise,« l’hu­ma­ni­té ». »

Patrice Brun

Patrice Brun s’inquiète, la direc­tion ayant annon­cé que le refus de chan­ge­ment d’organisation du tra­vail vau­drait licen­cie­ment. Il signale en outre que le dis­po­si­tif de vidéo­sur­veillance interne, que la CGT avait dénon­cé, semble pré­fi­gu­rer la vidéo sur­veillance du pro­jet de réor­ga­ni­sa­tion du tra­vail.

Un site pro­fes­sion­nel annonce que le pro­jet est en place dans déjà trente maga­sins pour «  lut­ter contre les rup­tures dans les rayons, s’assurer des prix affi­chés en rayon et com­battre le manque de per­son­nel, fléau récur­rent dans le sec­teur. … Un mot d’ordre : la pro­duc­ti­vi­té ».

CFDT, FO et CGT , natio­na­le­ment dénoncent ensemble le pro­jet TOP. Les pro­chaines semaines, dans la crise du COVID, seront une nou­velle épreuve pour les sala­riés de Car­re­four (et de la grande dis­tri­bu­tion en géné­ral), qui n’ont pas obte­nu les com­pen­sa­tions sala­riales pro­mises au prin­temps.

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