La rue n’est pas confinée

Par Edouard Schoene

/

Image principale

L’ampleur de la manifestation de ce 17 septembre en a étonné plus d’un, dans le contexte sanitaire que nous connaissons. Signe, sans doute, de la détermination des salariés à se faire entendre, au moment où la crise économique annoncée est utilisée par les grands groupes pour tailler l’emploi à la serpe et poursuivre la délocalisation de productions.

« Je suis là parce que je ne suis pas amish avec M. Macron… ». Un humour qui sus­cite les rires. Sans enta­mer la colère et la déter­mi­na­tion. Ils étaient ain­si deux mille, dans la rues de Gre­noble, trois cents à Rous­sillon et cent vingt à Bour­goin. Mal­gré la cha­leur et la crise sani­taire. A Gre­noble, le cor­tège a emprun­té les grands bou­le­vards pour rejoindre l’an­neau de vitesse. A l’appel de la CGT, FSU, Soli­daires, UNEF, UNL, les mani­fes­tants récla­maient de meilleurs salaires, des emplois de nou­velles garan­ties col­lec­tives, plus de moyens pour la pro­tec­tion sociale.

Gil­bert Foglio. (Pho­tos Edouard Schoene)

Les témoi­gnages sont mul­tiples de sala­riés qui observent que les patrons se plaignent, bloquent les salaires et observent avec satis­fac­tion la hausse de leur chiffre d’affaires (sec­teur infor­ma­tique, pape­te­ries de Vizille, Bec­ton Dickin­son,…). Dans d’autres entre­prises, la peur dis­til­lée par les direc­tions d’entreprises qui laissent pla­ner des menaces sur l’emploi freine la mobi­li­sa­tion pour par­tir mani­fes­ter.

Gil­bert Foglio : « Je mani­feste contre la régres­sion sociale, pour les hos­pi­ta­liers. Aux pape­te­ries de Vizille, ils ne trouvent pas de per­son­nel car les salaires pro­po­sés sont insuf­fi­sants. La pro­duc­tion tourne bien. Les effec­tifs ont d’abord tra­vaillé sans pro­tec­tions, au début de la . Les modi­fi­ca­tions d’organisation du tra­vail ne se sont pas concré­ti­sées par une prime mal­gré la demande syn­di­cale. Je pars à la retraite avec 1 100€ après 40 ans de tra­vail dont 22 ans en fac­tion (tra­vail de nuit,…) ».

Une jeune sala­riée : « Je mani­feste par ce que le monde d’après qui se construit ne cor­res­pond pas à ce que j’attends. J’ai par­ti­ci­pé aux mani­fes­ta­tions au prin­temps. Je suis dans une entre­prise en pleine muta­tion. Nous vou­drions que notre entre­prise soit plus sou­cieuse de l’emploi, des enjeux sociaux et envi­ron­ne­men­taux. »

Caro­line Cial­del­la.

Caro­line Cial­del­la (agent com­mu­nale à Saint-Martin‑d’Hères) : « Je mani­feste car je veux une autre répar­ti­tion des richesses. Je suis là pour défendre la fonc­tion publique. Au niveau local nous devons mettre en place la régle­men­ta­tion du temps de tra­vail Macron qui va à l’encontre des reven­di­ca­tions de la CGT de réduc­tion du temps de tra­vail.
La sup­pres­sion des CHSCT par la loi va tota­le­ment à l’opposé des exi­gences sani­taires de la pan­dé­mie qui vou­draient un dia­logue avec les repré­sen­tants du per­son­nel. Les moyens manquent pour four­nir les moyens de pro­tec­tion indi­vi­duels (masques,…) aux sala­riés. »

Fran­çoise Laurent.

Fran­çoise Laurent : « Je suis là car je suis en colère. Parce que je ne veux pas que le jour d’après soit pire que le jour d’avant. On pour­rait faire car­ré­ment autre­ment ! On pour­rait don­ner de l’argent sous condi­tion de contrô­ler l’usage des sub­ven­tions. On pour­rait s’occuper des plus pauvres. On pour­rait réno­ver l’hôpital public au lieu de le démo­lir. »

Une jeune étu­diante en 1ère année de méde­cine : « Je suis là pour acqué­rir des droits comme l’éducation. J’aimerais l’accession aux études sans dis­cri­mi­na­tion. Pour la retraite, je suis pour que ceux que mes parents, grands parents ont acquis soit main­te­nu. La réforme Macron, retraites à points, cas­se­rait cet acquis pré­cieux. »

Etu­diante en méde­cine, mili­tante de l’UEC.

Partager cet article

Avant de partir

Votre soutien compte pour nous

Le Travailleur alpin vit depuis 1928 grâce à l’engagement de ses lecteurs. Aujourd’hui encore, ce média propose un autre regard sur vos espoirs, vos luttes, vos aspirations. Une voix unique dans la presse d’information départementale.

Pour protéger l’indépendance du Travailleur alpin, assurer son développement, vos dons nous sont précieux – nous assurons leur traitement en partenariat avec la fondation l’Humanité en partage.

Merci d’avance.

Faire un don défiscalisé maintenant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *