Le scandale d’État des respirateurs médicaux

Par Luc Renaud

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L’af­faire avait fait grand bruit, fin mars. Des poids lourds de l’in­dus­trie fran­çaise allaient unir leur effort pour pro­duire 10 000 res­pi­ra­teurs en cin­quante jours, des équi­pe­ments des­ti­nés aux ser­vices de réani­ma­tion aux prises avec l’é­pi­dé­mie. En tête d’af­fiche, Air liquide, Valéo, PSA et Schnei­der elec­tric. Au total, trois cents entre­prises étaient concer­nées par le pro­jet, dont ST Microe­lec­tro­nics.

L’an­nonce de la bonne nou­velle avait été faite par le pré­sident de la Répu­blique en per­sonne, le 31 mars, à l’is­sue d’une visite de l’en­tre­prise Kol­mi-Hopen, à Saint-Bar­thé­le­my-d’An­jou (Maine-et-Loire). Sur le site du maga­zine patro­nal l’U­sine nou­velle, le direc­teur du pro­jet pour Air liquide décla­rait que les deux types de res­pi­ra­teurs pro­duits étaient des­ti­nés « au trai­te­ment des patients en réani­ma­tion lourde ».

On sait aujourd’­hui que 8500 de ces 10 000 res­pi­ra­teurs ne peuvent pas être uti­li­sés en réani­ma­tion. Leurs carac­té­ris­tiques ne le per­mettent pas. Dans cer­tains cas, leur emploi seraient même contre-indi­qués. Méde­cins et per­son­nels hos­pi­ta­liers l’ont confir­mé.

Trente millions d’euros

Dans une décla­ra­tion com­mune, les syn­di­cats CGT de Schnei­der, Air liquide, Valéo et PSA dénoncent un scan­dale d’E­tat. « En lais­sant croire que la fabri­ca­tion de ces res­pi­ra­teurs était essen­tielle et stra­té­gique, l’État et ses com­plices indus­triels ont déli­bé­ré­ment orga­ni­sé le hold-up de l’argent public dont les otages sont les tra­vailleurs, les soi­gnants, les malades et l’ensemble de la popu­la­tion », peut-on lire dans cette décla­ra­tion publiée le 28 avril. C’est que le coût de l’o­pé­ra­tion s’é­lève à 30 mil­lions d’eu­ros de fonds publics, indique la CGT, qui évoque éga­le­ment une remon­tée du cours de bourse des quatre lea­ders de l’o­pé­ra­tion qui aura per­mis de juteux béné­fices aux spé­cu­la­teurs avi­sés.

Pour la CGT, « l’engagement des tra­vailleurs dans la lutte contre le CoVid-19 n’aurait jamais dû ser­vir de cau­tion aux magouilles indus­trielles et gou­ver­ne­men­tales ».

Et le syn­di­cat réitère sa pro­po­si­tion de créa­tion d’un Centre d’in­no­va­tion tech­no­lo­gique et de déve­lop­pe­ment indus­triel qui per­met­trait de mener à leur terme des pro­jets dans le domaine des tech­no­lo­gies de la san­té en dehors de toute logique finan­cière de ges­tion des cours de bourse et de mani­pu­la­tion de l’o­pi­nion publique.

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