Les violences policières interrogées par la recherche

Par Edouard Schoene

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Retar­dées pour accueillir les mani­fes­tants du same­di, les 12e ren­contres dépar­te­men­tales « Luttes / Résis­tance ont été dyna­miques ce same­di 11 jan­vier à Voi­ron.

Une tren­taine d’organisations tenaient stands pour pré­sen­ter leurs actions, leurs docu­ments et mettre en vente livres, docu­ments, objets en vente soli­daire. Les par­ti­ci­pants ont pu éga­le­ment voir un extrait de l’exposition de Luc Quin­ton Des col­lages immé­diats pour le monde.

Les orga­ni­sa­teurs, RLF (Réseau de Luttes contre le Fas­cisme, ex ras le front) ont rap­pe­lé l’historique des ren­contres pla­çant celle du jour en mémoire de Laurent Groe­pler , décé­dé dans l’année.

Il reve­nait à Auré­lien Res­tel­li doc­to­rant en science poli­tique à l’Université Ver­sailles-St Quen­tin de pré­sen­ter son tra­vail « sur la concep­tion des dis­po­si­tifs de main­tien de l’ordre et sur la chaîne de com­man­de­ment ».
Il a déve­lop­pé ce qu’est la « doc­trine » des forces de l’ordre dans la seconde moi­tié du XXè siècle :

  • Uni­tés spé­cia­li­sées
  • Pré­ser­ver les mani­fes­tants pour ne pas les bles­ser
  • Négo­cier avec les mani­fes­tants notam­ment avec les res­pon­sables syn­di­caux.

Certes si le confé­ren­cier a recon­nu qu’actuellement « le main­tien à dis­tance n’est pas tou­jours appli­qué », il a émis l’hypothèse que la doc­trine n’a pas chan­gé.
A‑t-il été convain­cant pour un public qui a été témoin des vio­lences poli­cières ? On peut en dou­ter, vue l’augmentation énorme des bles­sés graves, des morts par­mi les mani­fes­tants depuis un an, notam­ment par­mi les gilets jaunes, jour­na­listes, syn­di­ca­listes, per­son­nels de san­té, pom­piers,…

Oli­vier Razac.

Guillaume Roux, cher­cheur en sciences poli­tiques à l’Université Gre­noble Alpes a pré­sen­té son tra­vail sur la per­cep­tion de la police, les quar­tiers popu­laires et la ques­tion raciale. Ses tra­vaux font res­sor­tir notam­ment la popu­la­ri­té de la police en France, en hausse depuis les atten­tats de 2015.
Les témoi­gnages sur les vio­lences poli­cières de la der­nière année venaient ensuite en contre­point de cet expo­sé uni­ver­si­taire : vio­lences gra­tuites, pro­vo­ca­tions ciblées contre nombre de mani­fes­tants, inti­mi­da­tions…
Les témoins : gilets jaunes, une squat­teuse, des mili­tants du DAL…
Après une pause repas, les par­ti­ci­pants au ras­sem­ble­ment ont écou­té avec atten­tion l’exposé du phi­lo­sophe gre­no­blois Oli­vier Razac, auteur entre autres d’une His­toire poli­tique du bar­be­lé

Le sujet de l’exposé : « ordre social, contrôle, neu­tra­li­sa­tion des contes­ta­tions… quelle socié­té ? » L’intervention a débu­té avec un très court extrait d’un film van­tant une arme soit disant révo­lu­tion­naire pour les « forces de l’ordre », le Taser. Puis le tir « flash ball » a été vision­né, à pro­pos d’une attaque récente lors d’une mani­fes­ta­tion.
Le pro­pos du phi­lo­sophe, a por­té sur les ten­ta­tives dans la répres­sion armée et dans les actions de jus­tice de mieux contrô­ler mani­fes­tants, délin­quants et de les rendre acteurs de leur propre res­tric­tion de liber­té.
Une étude montre notam­ment la per­cep­tion par les inté­res­sés des nou­veaux outils de pro­ba­tion, soit disant pour rem­pla­cer la pri­son.
Les sta­tis­tiques sont sans appel, les dis­po­si­tifs de sanc­tions pénales hors pri­son (dont bra­ce­lets) ne se sub­sti­tuent pas à la pri­son. Selon Oli­vier Razac, si certes il n’y a rien de pire que la pri­son, il y a en France cinq fois plus de per­sonnes pri­vées de liber­tés depuis 1970 (pri­son + pro­ba­tion).

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