Dans les coulisses de la fête du Travailleur alpin

Par Travailleur Alpin

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La fête se prépare depuis novembre. Engagée dans l’aventure depuis l’âge de 17 ans, Angélique Ferrari en sera cette année la directrice technique. Depuis mi-avril, Cassandra et Marion, stagiaires en communication, sont venues renforcer l’équipe. Galères et joies qui accompagnent la préparation d’un évènement réunissant 5 000 personnes.

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Un rendez-vous festif, populaire et politique, parc de la Poya à Fontaine.


Dès jan­vier, le tra­vail com­mence par un cour­rier à toutes les com­munes de l’agglo pour sol­li­ci­ter un prêt de maté­riel (tables, chaises, stands, chauffe-eau, trans­for­ma­teur élec­trique…). Fon­taine, Saint-Martin‑d’Hères et Echi­rolles, ain­si que des comi­tés d’entreprise et l’UD-CGT, ont répon­du posi­ti­ve­ment. Ensuite, il faut mettre en adé­qua­tion les besoins des stands avec le maté­riel dis­po­nible, sans oublier les trois scènes et l’espace débat. Plus les for­mu­laires d’inscription sont ren­dus tôt, plus la répar­ti­tion est facile : ceci occupe le mois de mars.

En avril, c’est le moment des devis de tout ce qui n’a pas pu être prê­té (camions, toi­lettes, sécu, mobil home, bar­rière, matos son et lumière…). Des acomptes sont deman­dés à ce moment là, qui ne peuvent être finan­cés que grâce aux pré-ventes et aux vignettes effec­ti­ve­ment payées à la SCIC le Tra­vailleur alpin. A par­tir de mai, les réunions tech­niques avec les ser­vices tech­niques de la ville de Fon­taine per­mettent de défi­nir l’installation phy­sique de la fête.

A pied d’œuvre, avec la vignette de la fête et l’é­quipe d’An­gé­lique Fer­ra­ri.

L’ossature maté­rielle de la fête est alors en place, et les stands sont infor­més de ce qu’ils auront réel­le­ment sur place. C’est un bou­lot tita­nesque, mais seule­ment la par­tie émer­gée de l’iceberg. Une fois ces grandes lignes défi­nies, il faut régler des mil­liers de détails pour mettre en adé­qua­tion, autant que faire se peut, le pos­sible et le sou­hai­table. La logis­tique se pour­suit avec le trans­port de tout le matos les lun­dis et mar­dis avant la fête pour qu’il soit pré­sent sur site, et que les dizaines de mili­tants n’aient plus que leur stand à mon­ter.

A la mi-avril, l’équipe a été ren­for­cée par Cas­san­dra et Marion. Le jour­nal a vou­lu les inter­ro­ger, elles qui, sans être mili­tantes, sont désor­mais enga­gées dans cette aven­ture humaine. La com­mu­ni­ca­tion autour de la fête avait com­men­cé avant leur arri­vée : les affiches et les flyers étaient prêts, et le TA béné­fi­cie déjà d’une recon­nais­sance ins­ti­tu­tion­nelle grâce à ses 90 ans d’existence et le tra­vail de géné­ra­tions de mili­tants et de béné­voles. Pour autant, il reste énor­mé­ment de choses à faire, à com­men­cer par la mise à jour du site inter­net : quelle est la pro­gram­ma­tion musi­cale ? Com­ment ache­ter sa place en pré­vente ? Com­ment deve­nir béné­vole ? « Le site inter­net doit vrai­ment être une pla­te­forme cen­tra­li­sa­trice pour qu’aucune ques­tion ne reste sans réponse », sou­lignent-elles. Pour autant, l’aspect pra­tique ne peut s’exonérer d’un indis­pen­sable aspect esthé­tique : à l’aide de pho­tos et de vidéos, il faut que quelqu’un qui ne connaît ni la fête ni les artistes puisse entrer dans son uni­vers et s’imprégner du style artis­tique.

Ce n’est pas seulement une succession de concerts

A un mois de la fête, le défi des quelques jours à venir est le tea­ser. C’est une courte vidéo de pré­sen­ta­tion qui doit résu­mer, en trois minutes, l’ambiance de la fête. « Le véri­table défi est de trou­ver le bon rythme, aus­si bien en terme d’image que de son, pour que les gens s’imprègnent de l’ambiance de la fête. Avec une pro­gram­ma­tion aus­si diverse, c’est dif­fi­cile, mais on va y arri­ver, on y croit ! », affirment-elles avec convic­tion. Celle-ci est ren­for­cée par les valeurs véhi­cu­lées par la fête, qu’elles essaient de trans­mettre dans chaque élé­ment de com­mu­ni­ca­tion. Et ces convic­tions donnent envie d’en faire plus : « On est tout le temps char­rette, il y tou­jours deux nou­velles choses à faire une fois qu’on en a ter­mi­né une, mais vu l’ambiance, on vient avec le sou­rire, et on repart avec le sou­rire. Être fière du tra­vail accom­pli, c’est impor­tant. »

D’ailleurs, leur enga­ge­ment va désor­mais au-delà du tra­vail de sta­giaire en com : par­ti­ci­pa­tion aux flyage et aux col­lages rythme aus­si leurs semaines. Ca per­met de voir com­ment leur tra­vail est reçu par les gens, et d’échanger avec les futurs fes­ti­va­liers. « En dis­cu­tant avec les gens, on peut dire que la fête du TA n’est pas juste une suc­ces­sion de concerts, mais que c’est une aven­ture humaine, il y a tout un « autour » des concerts, avec des stands, des cultures de par­tout dans le monde. Le bouche à oreille marche très bien, et on l’alimente ».

Être sta­giaires au TA leur a per­mis de décou­vrir la poli­tique, et un par­ti qu’elles ne connais­saient pas. Les dis­cus­sions infor­melles avec les mili­tants sont natu­relles. « Ça per­met de s’apercevoir qu’on est sur la même lon­gueur d’onde, même si on n’en avait pas conscience avant. Ca a per­mis de com­prendre l’importance d’agir, et pour­quoi les gens se battent pour leurs idées ». La culture est une belle porte d’entrée pour décou­vrir l’engagement.

Louis Zarans­ki

Col­lage trois fois par semaine, en plus des sor­ties des sec­tions com­mu­nistes.

Une organisation militante rodée au fil des éditions

Pour des dizaines de bénévoles, la fête dure un peu plus de six mois. Elle ne s’achèvera pas avant le démontage.

Depuis décembre, une ving­taine de per­sonnes s’activent à l’organisation : anti­ci­per les besoins en sécu­ri­té et maté­riels, pré­pa­rer l’accueil des stands, la coor­di­na­tion des scènes, l’organisation de la com­mu­ni­ca­tion… L’équipe est répar­tie en pôles, afin que cha­cun trouve au mieux sa place.

Depuis mi-avril, des dizaines de béné­voles orga­nisent des ses­sions col­lages trois fois par semaine, les lun­dis, mer­cre­dis et ven­dre­dis sur l’agglomération : ren­dez-vous à 18 h 30 au local des Amis du TA, place Mai­son­nat à Fon­taine, pour y par­ti­ci­per. Les mili­tants sont pré­sents lors des évé­ne­ments et des concerts plu­sieurs fois par semaine pour dif­fu­ser des flyers et la pro­gram­ma­tion de la fête, mais sur­tout pour dis­cu­ter et sus­ci­ter l’envie d’y venir.

S’inscrire pour le montage

Enfin, sur le site inter­net, il est pos­sible de s’inscrire en tant que béné­vole pour la semaine de mon­tage, la fête et le démon­tage. C’est un outil indis­pen­sable pour per­mettre aux orga­ni­sa­teurs de pla­ni­fier au mieux la répar­ti­tion des tâches. Il faut un mini­mum de cin­quante per­sonnes par jour pour mon­ter les qua­rante stands, les trois scènes, le bar­rié­rage, l’installation élec­trique et la plom­be­rie. Alors, toi aus­si, n’hésite pas à par­ti­ci­per au mon­tage et au démon­tage !

Les réseaux sociaux, le buzz de la notoriété de la fête

Les réseaux sociaux sont un outil de com­mu­ni­ca­tion secon­daire, c’est-à-dire qu’ils viennent en appui de ce qui peut être fait par ailleurs. Sans la mobi­li­sa­tion des habi­tués de la fête, com­mu­nistes ou non, et la recherche des publics spé­ci­fiques aux concerts, ils n’auraient pas d’efficacité. Les réseaux sociaux « créent l’offre », dans le sens où ils servent à annon­cer que l’événement existe. Mais ils ne créent pas l’acte d’achat. Leur objec­tif, c’est que 10 ou 15 000 per­sonnes sachent que la fête du TA existe, et quelle est la pro­gram­ma­tion cette année. La prin­ci­pale dif­fi­cul­té est qu’ils sont dor­mant une par­tie de l’année, mais, la mul­ti­pli­ca­tion du pré-évé­ne­men­tiel allonge leur durée de vie, tout comme le par­tage de leur acti­vi­té par les mili­tants, chaque année plus impor­tant.

3400

« j’aime » sur Face­book

mais aus­si 340 sur Ins­ta­gram. La fête est pré­sente sur les réseaux sociaux. N’hésitez pas à suivre la fête sur tous les réseaux sociaux !

2500

affiches ont été édi­tées pour ce 90e anni­ver­saire de la fête, ain­si que 1000 affi­chettes.

83

vignettes ont été dif­fu­sées le 1er mai. Près de deux cents vignettes ont déjà été dif­fu­sées par les sec­tions com­mu­nistes. La pré­vente en ligne a été lan­cée. Un début, loin pour­tant de l’objectif à atteindre : c’est le moment de par­ler de la fête autour de nous, et d’acheter et de vendre la vignette à nos amis, nos col­lègues, notre famille…

30000

flyers

donnent un aper­çu du pro­gramme. Pro­gramme qui sera édi­té dans un numé­ro spé­cial dis­po­nible à la mi-juin.

Une fête autofinancée

Un quart de ses recettes pro­vient des vignettes, un quart des pré­ventes en ligne sur inter­net, et un quart de la billet­te­rie sur place. Soit un finan­ce­ment à 75 % par le public. Le reste, ce sont les rever­se­ments des stands, les évé­ne­ments orga­ni­sés par les Amis du TA pen­dant l’année et un peu de publi­ci­té sur le pro­gramme et la fête. L’équilibre finan­cier passe par la dif­fu­sion mili­tante de la vignette.

Gros tra­vail sur la com­mu­ni­ca­tion avant la fête, assu­ré par Cas­san­dra, Marion et Flo­rian.

A la recherche de nouveaux publics


Au fil des ans, la fête a tis­sé des liens avec l’ensemble des repré­sen­tants du milieu cultu­rel du dépar­te­ment.

L’objectif de l’équipe d’organisation est d’aller à la ren­contre de nou­veaux publics, peu habi­tués des fes­ti­vals. La pro­gram­ma­tion « rap conscient » de l’édition 2019 est un outil qui per­met de nouer des contacts avec un public qui ne connaît pas for­cé­ment la fête, qui ne fré­quente guère les sphères de la culture ins­ti­tu­tion­na­li­sée.

Ain­si, un dia­logue a‑t-il été noué avec les mai­sons des jeunes et de la culture, à la fois pour invi­ter leurs publics à la fête, mais aus­si pour créer un lien tout au long de l’année. L’équipe a donc ren­con­tré des élus et des res­pon­sables asso­cia­tifs afin d’échanger avec les asso­cia­tions qui struc­turent la vie dans les quar­tiers. Avec une offre double : pro­po­ser des tarifs de groupe, au prix de la vignette, et mettre en place des ren­contres entre les jeunes et les artistes.

Dépas­ser la logique de consom­ma­tion de spec­tacles pour créer du lien et per­mettre des décou­vertes, c’est aus­si cela une fête enga­gée !

Louis Zarans­ki

Okome joue­ra le ven­dre­di à la fête.

Les Découvertes du TA ont dix ans

Depuis 10 ans, la fête met en avant la scène locale, avec un sacré suc­cès : c’est un trem­plin orga­ni­sé par les Amis du Tra­vailleur alpin pour per­mettre à des groupes locaux de jouer sur des scènes pro­fes­sion­nelles, dans des salles recon­nues de l’agglomération. Après un appel à can­di­da­ture, auquel ont répon­du trente-neuf groupes cette année, un jury com­po­sé de pro­fes­sion­nels du milieu du spec­tacle (pro­gram­ma­teurs, direc­teurs de salle, pré­si­dents d’assos cultu­relles, artistes pro­fes­sion­nels…) sélec­tionne huit groupes sur leur poten­tiel d’évolution.

Ces groupes ont joué au cours de deux soi­rées de concerts, le 23 mars à l’Ampérage et le 9 mars à la Source, ce qui leur a per­mis d’être écou­tés par des cen­taines de per­sonnes.

A l’issue de ces soi­rées, deux lau­réats du Tra­vailleur alpin ont été dési­gnés : Okome et Laza­reff joue­ront res­pec­ti­ve­ment le ven­dre­di et le same­di sur la grande scène. Ils ont en outre gagné une enve­loppe de 500 eruos pour édi­ter un CD, des affiches ou des flyers pour se lan­cer dans une car­rière pro­fes­sion­nelle. Don­ner de la visi­bi­li­té aux « petits », c’est aus­si ça une fête enga­gée et soli­daire !

La fête à 90 ans !

C’est une lon­gé­vi­té excep­tion­nelle, due à son aspect enga­gée, béné­vole et soli­daire : c’est la fête de tous les Isé­rois et de toutes les géné­ra­tions ! Un numé­ro spé­cial de 92 pages a été édi­té pour reve­nir sur ces 90 ans, avec des témoi­gnages, des pho­tos d’archives… 500 numé­ros sont encore dis­po­nibles à la vente pour seule­ment 15 euros. Pour soi ou pour offrir, n’hésitez pas à pas­ser l’acheter à la fédé­ra­tion ou sur travailleur-alpin.fr !

La solidarité entre les festivals locaux

Jeu­di 9 mai à la Bobine, a eu lieu une confé­rence de presse com­mune de douze fes­ti­vals de l’agglo, dont la fête du TA. Un col­lec­tif qui existe depuis long­temps, et qui démontre que la coopé­ra­tion est une véri­table alter­na­tive à la concur­rence, y com­pris dans le milieu cultu­rel. Le constat par­ta­gé est simple : orga­ni­ser un fes­ti­val est dif­fi­cile, alors même que la dimi­nu­tion des sub­ven­tions publiques contraint à se repo­ser sur la billet­te­rie pour conti­nuer à vivre. Alors on se retrousse les manches, et on mutua­lise les contacts, on fait du lien entre fes­ti­vals et entre béné­voles, on par­tage ses galères et on se prête du matos.

Aujourd’hui, seule une frac­tion de la popu­la­tion fré­quente les fes­ti­vals. La coopé­ra­tion, l’entraide… une alter­na­tive à la sur­en­chère de publi­ci­té type Tomo­row­land, où cha­cun se bat pour récu­pé­rer la plus grande part du gâteau des quelques mil­liers de per­sonnes qui ont pré­vu d’aller à un fes­ti­val cet été.

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