Écrire pour franchir les murs

Par Edouard Schoene

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« L’aurore » livre d’un dirigeant démocrate Kurde, emprisonné en Turquie, présenté à Grenoble.

Emma­nuelle Col­las pré­sen­tait le 9 mai l’Au­rore, un ensemble de nou­velles écrites en pri­son par Sela­hat­tin Demir­tas. Invi­tée par la biblio­thèque du centre ville de Gre­noble avec la librai­rie La dérive et l’Association AIAK (asso­cia­tion Isé­roise des Amis des Kurdes ), Emma­nuelle Col­las a conté cette aven­ture édi­to­riale assez excep­tion­nelle, après une pré­sen­ta­tion d’AIAK, de son his­toire et ses actions, par sa copré­si­dente, Mary­vonne Mathéoud.

Depuis deux ans et demi, l’ancien co pré­sident du par­ti HDP attend son juge­ment dans une pri­son recu­lée de Tur­quie ; il est mena­cé par le régime fas­ciste diri­gé par Erdo­gan de 142 ans de pri­son.

L’éditrice expli­quait qu’elle n’a jamais ren­con­tré l’auteur, can­di­dat du HDP aux pré­si­den­tielles de juin 2018 qui a réus­si à pro­duire une inter­view depuis sa pri­son, et qui mal­gré la fraude élec­to­rale a obte­nu 8% des suf­frages.

Emma­nuelle Col­las a dres­sé le tableau de son aven­ture pour réin­ven­ter une mai­son d’édition, après la fer­me­ture de la mai­son d’édition Galaade.
Sa ligne au sein d’un col­lec­tif d’éditeurs indé­pen­dants : « des his­toires, une écri­ture, une sen­si­bi­li­té, un regard sur le monde contem­po­rain, de l’audace, un ima­gi­naire. Des coups de cœur, textes qu’on aime et qu’on défend à tout prix. »

Avec l’Aurore, c’est l’intime et le poli­tique. Inter­ro­gée par Fanette Arnaud (« Rives et dérives »), Emma­nuelle Col­las, his­to­rienne, archéo­logue maî­tri­sant le Turque explique sa pas­sion pour ce pays plu­riel qui souffre avec le régime Erdo­gan. Elle a échan­gé, dans des condi­tions acro­ba­tiques avec la mai­son d’édition turque et l’auteur pour construire le pro­jet édi­to­rial, la tra­duc­tion.
Les deux langues sont tota­le­ment dis­tinctes dans leur construc­tion d’où une dif­fi­cul­té par­ti­cu­lière de tra­duire dans cette langue « agglu­ti­nante ».

Fanette Arnaud et Mary­vonne Mathéoud.

Pour­quoi cet inté­rêt pour la Tur­quie ? « A 18 ans je suis par­tie en Grèce, en Tur­quie, pour arpen­ter en tant qu’archéologue, épi­gra­phiste. J’ai eu un coup de cœur. J’ai appris le turque. Quand le par­ti HDP s’est créé, j’ai trou­vé que c’était l’idée du siècle ! C’est une fédé­ra­tion de plu­sieurs par­tis. Il incarne la démo­cra­tie, l’ouverture, la paix, la pari­té. Il a une vraie réflexion poli­tique. Demir­tas a fait rêver la Tur­quie en 2015, aux élec­tions légis­la­tives. Une rumeur disait, tan­dis qu’il était empri­son­né, qu’il écri­vait.« 
Son livre est sor­ti en Tur­quie en sep­tembre 2015.
Sela­ha­tim Demir­tas consi­dère que le moyen le plus fin pour s’exprimer depuis sa pri­son est l’œuvre lit­té­raire. 
« Son agent lit­té­raire avait ven­du les droits d’édition en Ita­lie, en Alle­magne… pas en France. J’ai fait une offre à l’agent. Demir­tas, à tra­vers ce livre donne un tableau authen­tique de la Tur­quie. C’est un texte émi­nem­ment cultu­rel et poli­tique. »

En avril est sor­ti en Tur­quie le 2è livre de Demir­tas. Dans le plus grand secret, quatre impri­meurs ont tiré 200 000 exem­plaires. Le livre sor­ti­ra en France en sep­tembre aux édi­tions Emma­nuelle Col­las. L’éditrice a dédi­ca­cé les ouvrages avec l’espoir que Sela­hat­tin Demir­tas vien­dra dans chaque ville, ren­con­trer ses lec­teurs… au plus tôt.

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