Lundi 11 février, un public nombreux rencontrait Michel Warschawski à Grenoble à l’invitation de l’association France Palestine Solidarité (AFPS), du CCFD, de l’UJFP (Union juive française pour la paix), de la coordination BDS, du Collectif isérois pour la Palestine.

L’auteur d’Israël : chronique d’une catastrophe annoncée… et peut-être évitable achevait à Grenoble une tournée épuisante de présentation de son dernier ouvrage.

Michel Warschawski est né en France, vit en Israël. Il est journaliste, écrivain, militant anticolonialiste infatigable. Son exposé et les réponses qu’il a apportées au public sont précis, clairs, d’une grande actualité et néanmoins documentés de l’histoire d’Israël.
Le conférencier a débuté avec deux mots  : juif, de confession juive  ; Juif identité… difficile à définir. 
«  Je crois à ce que j’appellerais une «  expérience juive-européenne  » vieille de deux millénaires et faite essentiellement d’exclusion, de racisme et de persécutions. J’insiste  : juive-européenne  ».
Israël n’est pas un état juif a-t-il précisé car le souverain n’est pas une autorité religieuse.
Très vite Israël a mis des limites à la minorité non juive du pays, que j’estime à 30%.
Les dirigeants successifs d’Israël ont agi depuis la création du pays à construire un territoire avec un minimum de non juifs.
Michel Warschawski rappelle que tout juif du monde est potentiellement citoyen d’Israël et qu’à de très rares exceptions près, un juif qui le demande devient citoyen à sa rentrée en Israël, même s’il est un homme d’affaire délinquant qui a fui la France. 
Mais aujourd’hui un Palestinien, un arabe d’Israël, n’est plus qu’un locataire. 
Il doit « faire preuve d’allégeance à l’état d’Israël  », tandis que 5 à 6 millions de Palestiniens sont hors de leur pays, la Palestine. 
«  90% des terres des Palestiniens ont été prises par le peuple juif (et non par l’Etat d’Israël  », puisque gérées par le «  fond national juif  ») ».

Michel Warschawski commente les termes apartheid, discriminations en soulignant qu’aujourd’hui ont été recensés 80 lois et décrets discriminatoires.
Pour Benyamin Netanyahou, Premier ministre, deux ennemis sont à abattre, la cour constitutionnelle et les médias. Trois procès en cours devraient mener ce dirigeant en prison, s’ils aboutissent.
 Mais selon Michel Warschawski, « Bibi » (comme le nomment ses partisans) sera réélu dans quelques semaines et fera adopter la « loi française », qui protège le souverain de poursuites judiciaires.

Une intense campagne médiatique des dirigeants gouvernementaux , de la droite israélienne en France travestit la réalité d’Israël  :
«  aucune menace de sécurité en interne ou depuis l’étranger,
Prospérité économique (taux de croissance de 4,5%/an
Le conférencier entrant dans les détails souligne que si le chômage est restreint, le niveau d’inégalités est énorme. 33% des enfants, sont sous le seuil de pauvreté. 
Fait peu connu, 100 000 jeunes Israéliens vivent à l’étranger avec un flux important vers Berlin. 

Michel Warchawski décrit les courants d’opinion, l’état des forces progressistes, soulignant une droite mobilisée et une gauche démobilisée.
De nombreuses questions ont alimenté le débat après 80 minutes d’un brillant exposé.

L’auditoire aura été attentif aux propos du conférencier sur l’importance de développer le mouvement international de Boycott, Désinvestissement pour parvenir aux Sanctions (BDS).
La question des solutions politiques territoriales (un Etat, deux Etats,…) ne se pose pas aujourd’hui pour les Palestiniens, selon Michel Warschawski, car les Palestiniens ne se projettent pas dans la libération.
Ils sont dans une phase de résistance. 
« Ils résistent, s’accrochent à leur terre, défendent leur dignité ».
Le conférencier évoque en conclusion une parole de son grand père, dans les années sombres : 
« On ne sait pas de quoi est fait l’avenir alors autant parier sur le meilleur que le pire, sur ce que l’on peut faire  »

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