EHPAD, monter le ton !

Par Luc Renaud

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La situation dans l’aide à domicile et les EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) continue de se dégrader malgré l’investissement des personnels durant l’été. C’est devenu un secteur sinistré !

Nico­las Benoit, secré­taire géné­ral de l’UD CGT.

Les constats sont là : congés annuels non rem­pla­cés, péni­bi­li­té du tra­vail, faibles rému­né­ra­tions, insuf­fi­sance d’effectifs et manque de for­ma­tion pour le per­son­nel ; accrois­se­ment des coûts pour les familles, patients livrés à eux-même, soins réduits, situa­tion à la limite de la mal­trai­tance pour les rési­dents.
C’est ce que dénonce avec force la CGT en appe­lant les per­son­nels à inter­ve­nir avec déter­mi­na­tion. « La CGT lance une grande cam­pagne de contact et de syn­di­ca­li­sa­tion en leur direc­tion, qu’ils soient publics ou pri­vés, pour qu’ils puissent construire et agir col­lec­ti­ve­ment sur leurs pro­blé­ma­tiques en lien avec les enjeux de san­té », annonce Nico­las Benoit, secré­taire dépar­te­men­tal.

Damien Bagnis, secré­taire géné­ral de l’u­nion syn­di­cale dépar­te­men­tale san­té et action sociale.

« On est dans un manque chro­nique de moyens dans tout le sys­tème de san­té », appuie Damien Bagnis, secré­taire géné­ral de l’USD San­té et action sociale. « Le per­son­nel est aux abois : les 3/4 sont au smic, quand ils sont à plein temps (il y a près de 80 % de temps par­tiels subis et impo­sés). Nous deman­dons 1 pro­fes­sion­nel par résident. On en est loin : la moyenne natio­nale est de 0,68 par per­sonne et en Isère de 0,38 seule­ment ! Quelle qua­li­té de ser­vice pou­vez-vous four­nir avec cela ? »

Des résidents délaissés

Cela a des consé­quences ter­ribles pour les per­sonnes âgées elle-mêmes. Il manque 2800 places en EHPAD dans notre dépar­te­ment. Et ceux qui ont « la chance » d’obtenir une chambre ne béné­fi­cient pas tou­jours des condi­tions d’hébergement qu’ils peuvent attendre. Dans cer­tains EHPAD ce sont les familles qui doivent four­nir les pro­duits d’hygiène alors qu’ils payent déjà 3000 euros en moyenne, dans d’autres ce sont elles qui doivent venir faire la toi­lette de leurs parents !. Par­fois les douches ont lieu, mais tous les quinze15 jours.

Ares­ki Ous­sa­lah, coor­di­na­tion syn­di­cale CGT des ser­vices publics.

Venu de l’Isère rho­da­nienne, Ares­ki Ous­sa­lah, membre de la Coor­di­na­tion syn­di­cale des ser­vices publics témoigne à son tour. « Dans l’EHPAD de Bel­le­fon­taine, à Rous­sillon — actuel­le­ment en grève- on accorde 12 minutes pour une douche, désha­billage et habillage com­pris. Tout l’été l’établissement a tour­né à 2 pro­fes­sion­nels pour 34 rési­dents. Les contrats aidés sont sup­pri­més et non rem­pla­cés. » Expli­quant qu’ils avaient été récem­ment reçus au minis­tère de la San­té après insis­tance, « on a été poli­ment écou­tés, mais c’est tout ! »

Dire que ça suffit !

Le ras le bol des per­son­nels est de plus en plus fort. Les mois pas­sés depuis les der­nières jour­nées d’action des per­son­nels des EHPAD publics et pri­vés et les annonces du gou­ver­ne­ment sur des cré­dites sup­plé­men­taires n’ont eu aucun effet dans le quo­ti­dien des éta­blis­se­ments. Le per­son­nel, qui a le sou­ci de tra­vailler avec des humains, ne s’autorise pas à se rebel­ler ou à quit­ter son poste. Le gou­ver­ne­ment et les employeurs le savent et en pro­fitent.
Pour l’union dépar­te­men­tale CGT Isère, l’Union syn­di­cale dépar­te­men­tale de la San­té (USD38) et la Coor­di­na­tion syn­di­cale dépar­te­men­tale des ser­vices publics (CSD38), il est temps de réagir plus fer­me­ment pour qu’enfin le pré­sident de la Répu­blique et son gou­ver­ne­ment prennent leurs res­pon­sa­bi­li­tés, de dire « ça suf­fit ! ». S’adressant aux per­son­nels elle clame : « Si vous aimez votre métier, défen­dez-le ! » Et de lan­cer une cam­pagne de contact et de syn­di­ca­li­sa­tion en leur direc­tion, tout en invi­tant à faire de la jour­née d’action du 9 octobre un impor­tant moment de mobi­li­sa­tion.

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