Lucie veut pouvoir vivre de son travail

Par Luc Renaud

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Les communistes organisaient ce 21 septembre une vente de fruits et légumes en présence de leurs producteurs. Démonstration concrète de l’ampleur des marges prises par la grande distribution. Lucie Illy, du Modef, était là pour parler de ce qu’elle vit.

Elle est venue de Laragne, dans les Hautes-Alpes. Lucie était là, à la sor­tie de l’é­cole Lan­ge­vin, à Saint-Mar­tin-d’Hères, avec un objec­tif : « expli­quer aux consom­ma­teurs qui ne peuvent pas se payer nos fruits que nous, nous ne pou­vons pas vivre en les pro­dui­sant ».

Lucie Illy est syn­di­quée au Mou­ve­ment de défense de l’ex­ploi­ta­tion fami­liale (Modef). A Saint-Mar­tin-d’Hères, elle par­ti­ci­pait à la vente à prix pro­duc­teurs orga­ni­sée par les com­mu­nistes. Des ventes — et des ren­contres — qui vont se pour­suivre tout le week-end dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise.

A Saint-Mar­tin-d’Hères, les com­mu­nistes avait implan­té leur stand devant l’é­cole Paul Lan­ge­vin.

Et Lucie en a, des choses à dire. Elle tra­vaille sur son exploi­ta­tion de 24 hec­tares où elle pro­duit essen­tiel­le­ment des pommes. « Nous sommes en conver­sion pour pas­ser en bio, dit-elle, pour diver­si­fier aus­si la pro­duc­tion avec d’autres fruits. » Un choix éthique, d’a­bord — « je veux tra­vailler cor­rec­te­ment en res­pec­tant notre san­té, celle des consom­ma­teurs et l’en­vi­ron­ne­ment » - mais un choix dont elle espère, sans cer­ti­tude, qu’il pour­ra « nous per­mettre de rému­né­rer notre tra­vail ».

Car, pour le moment, Lucie tra­vaille sans être payée. « J’ai repris l’ex­ploi­ta­tion de mes parents il y a trois ans et il a fal­lu inves­tir dans du maté­riel, nous vivons sur le salaire de mon conjoint. » Ses parents, à la retraite, lui donnent un coup de main : autant dire qu’ils tra­vaillent avec elle. Et « nous avons réus­si à créer un emploi d’ou­vrier agri­cole en CDI, ce n’est pas évident dans l’a­gri­cul­ture ». Elle n’en est pas peu fière. Mais c’est le seul qui est payé par l’ex­ploi­ta­tion. « J’es­père bien que ça va chan­ger », sou­rit Lucie.

La cause de cette situa­tion ? Lucie sait pour­quoi elle est syn­di­quée. « Il faut se battre contre les inter­mé­diaires qui nous saignent et qui revendent à des prix exor­bi­tants. » Les marges de la grande dis­tri­bu­tion, cette ini­tia­tive des com­mu­nistes les met­tait concrè­te­ment en lumière : les hari­cots à 1,5 euros le kilo, les pommes à un euro, les pommes de terre à 70 cen­times… Des prix rému­né­ra­teurs pour les pro­duc­teurs et acces­sibles aux consom­ma­teurs. De quoi man­ger « cinq fruits et légumes par jour ». Pos­sible, pour peu que l’on réduise les marges des inter­mé­diaires.

Lucie Illy ne maque pas de rap­pe­ler la reven­di­ca­tion du Modef : « il faut appli­quer un coef­fi­cient mul­ti­pli­ca­teur à par­tir d’un prix rému­né­ra­teur à la pro­duc­tion ; il faut enca­drer les marges et c’est la res­pon­sa­bi­li­té du gou­ver­ne­ment ».

Le Modef met en avant une autre reven­di­ca­tion, la lutte contre le dum­ping sani­taire. Le prin­cipe, c’est celui du dum­ping social. « Des pes­ti­cides et autres sont inter­dits en France et c’est très bien, pour la san­té des agri­cul­teurs d’a­bord. Mais il ne le sont pas dans d’autres pays, y com­pris euro­péens, et nous impor­tons de la mar­chan­dise pol­luée, sou­vent moins chère, sans que per­sonne ne le sache. » Là encore, la res­pon­sa­bi­li­té des pou­voirs publics est enga­gée.

« Les gens reviennent et ils com­prennent ce que nous disons », constate Babeth Pepel­j­nak, mili­tante com­mu­niste. Car les débats autour du prix de la carotte prennent rapi­de­ment une tour­nure poli­tique. Chan­ger le monde, ça peut com­men­cer par par­ler du prix de l’au­ber­gine.

Les ventes ont eu lieu :
- le vendredi 21 septembre, au quartier des Îles de Mars de 13 h 30 à 15 h 30 au Pont-de-Claix, devant l’école Langevin de 16 h 30 à 18 h 30 à Saint-Martin‑d’Hères, aux Maisons neuves de 16 h 30 à 18 h 30 à Eybens, à la salle polyvalente de 17 h 30 à 19 h 30 à Saint-Marcellin ;
- le samedi 22 à l’Esplanade de la Butte de 10 heures à midi à Échirolles, sur la place Xavier-Brochier de 10 heures à midi à Rives et aux Chenevières de 10 heures à midi à Domène ;
— le dimanche 23 septembre sur la place du Château de 10 heures à 12 h 30 à Vizille, au quartier de la Capuche de 10 heures à 12 h 30 à Grenoble ;
— le lundi 24 septembre au quartier de la Villeneuve de 9 heures à midi à Grenoble, sur le campus, bibliothèque universitaire à 15 heures..

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