Poste : le tri de Sassenage privé d’une partie de son courrier

Par Luc Renaud

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Les lettres timbrées au tarif éco, envoyées hors départements alpins, seront triées à Saint-Priest et non plus à Sassenage. Une perte d’activité qui laisse craindre pour l’avenir du site de Sassenage. Les salariés étaient en grève le 12 juin.

Inquiets, les salariés de la plateforme industrielle courrier Isère Savoie de Sassenage. Et ils n’ont peut-être pas tort.

Ils ont appris ces derniers jours qu’une partie de leur activité allait être transférée à Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise. Une partie non négligeable: 157 000 plis sur un million traités à Sassenage, c’est-à-dire 16% de l’activité du site qui emploie trois cents salariés. Lorsque l’on sait que la poste calcule ses effectifs sur la base du ratio nombre de plis par poste de travail, on ne peut que partager l’inquiétude des agents.

Gabriel Galindo, délégué syndical CGT.

« C’est une stratégie nationale, explique Gabriel Galindo, délégué syndical CGT et élu du personnel au CHSCT, l’objectif de la direction est de reconfigurer le réseau de traitement du courrier à mesure de la réduction de la présence postale ». Moins de bureaux de poste, moins de tournées de facteurs, cela va de pair avec la diminution du nombre de centres de tri. Il y a douze ans, on comptait 48 plateformes industrielles courrier (des centres de tri modernisés) et centres de tri classiques, on en compte aujourd’hui 27 en France. Au cours de ces mêmes douze années, la poste a supprimé 41000 emplois.

« Ce n’est pas parce que nous sommes classés plateforme industrielle que nous sommes protégés », constate Jean-Marc de Lellis, délégué syndical CGT. Les syndicalistes citent Villeneuve-la-Garenne en région parisienne. Une plateforme industrielle courrier comparable à celle de Sassenage. Un investissement de six millions d’euros pour une ouverture en 2006. Ce site vient d’être fermé. 290 suppressions d’emploi.

Le choix d’équiper Saint-Priest

Pour les syndicalistes, la logique qui se dessine à Sassenage laisse augurer de jours difficiles. Des machines plus performantes sont été installées à Saint-Priest. Ce qui justifie, pour la direction, la réduction de l’activité à Sassenage. Et si ces investissements avaient été réalisés à Sassenage? « La direction réfute l’idée que nous serions menacés, note Gabriel Galindo, mais nous voyons bien ce qui se passe: les critères de rentabilité de la poste conduisent à des concentrations au détriment des conditions de travail ». Conditions de travail, mais également emploi dans les territoires : la concentration dans les capitales… jusqu’où est-ce viable?

Les agents de la poste avait reçu le soutien d’une délégation de cheminots en grève.
La perspective du déclassement?

Les syndicalistes craignent que l’avenir du site de Sassenage soit celui d’un site progressivement déclassé. De plateforme industrielle courrier à plateforme de préparation et de distribution du courrier voire à plateforme multi-flux. Le traitement du courrier, c’est un peu une pyramide inversée: on traite les grandes masses et l’on va au plus fin pour que les lettres et colis parviennent dans les tournées de facteur puis les boîtes aux lettres. L’agglomération grenobloise pourrait ainsi être privée de la partie la plus industrielle pour ne conserver que les tris les plus fins. Et perdre les emplois qui vont avec.

Les salariés étaient en grève le 12 juin. Le préavis avait été déposé au niveau national pour tous les centres de tri par la CGT et Sud. A Sassenage, elle a pris une dimension particulière. Celle de la mobilisation pour la pérennité d’un site industriel qui emploie quelque trois cents personnes.

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