10 heures pour la Palestine. Elles avaient lieu à la bourse du travail
Par Maryvonne Mathéoud
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« Quel avenir pour les Palestiniens après le plan Trump ? » C’était la question posée aux quelque deux cent cinquante participants à cette rencontre.
Agnès Levallois, présidente de l’Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen-Orient, consultante spécialiste du Moyen-Orient, chargée de cours à Sciences Po Paris, et autrice du livre Le livre noir de Gaza paru au Seuil en 2024, explique le « plan Trump. » « Plan de paix ? Où est la paix dans le plan élaboré par les Américains et les israéliens. Il ne prend absolument pas en compte l’avis des Palestiniens ? Un plan de paix se construit avec toutes les parties concernées. » Ce « nouveau » plan de paix est le même que celui de la Riviera, c’est la même logique mais présenté différemment. Le plan a l’air plus acceptable mais c’est un piège, ce plan est inacceptable
La première phase qui consiste à libérer les otages israéliens et libération assortie d’un cessez-le-feu immédiat n’a pas de réalité : la litanie des morts continue, les bombardements se poursuivent. Trump a besoin d’obtenir des résultats pour montrer qu’il fait mieux que ses prédécesseurs. De plus il a des difficultés en interne et la pression internationale contre Israël le pousse à proposer un plan plus entendable. Le plan Trump est voué à l’échec car il ne prend pas en compte les Palestiniens.

Ainsi n’est-il fait aucune mention d’un État palestinien dans son plan dans ce qui est mis sur la table. Dans la résolution de l’ONU, il y a certes une vague mention à la souveraineté palestinienne. Cependant Netanyahou, Premier ministre israélien, n’en veut pas. Tandis que les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies n’ont jamais été respectées par Israël.
Par ailleurs, les Etats se raccrochent à ce processus trumpien, y compris la France. La reconnaissance par la France de l’État de Palestine — un fait positif — doit se concrétiser. Il faut que cette folie meurtrière depuis deux ans cesse. Et, le jour où Macron reçoit Mahmoud Abbas, il ré-autorise la vente d’armes à Israël.
La stratégie d’Israel n’est pas nouvelle, elle consiste à faire partir les Palestiniens. Mais, depuis le 7 octobre 2023, les dirigeants d’extrême droite israéliens annoncent clairement qu’ils veulent finir le travail qu’ils ont commencé en 1948 : chasser les Palestiniens de leurs terres. Depuis le 7 octobre, c’est assumé et revendiqué sans que cela pose aucun problème à la majorité de la classe politique internationale. Faire disparaître les Palestiniens n’émeut pas nom plus l’opinion publique.

Une phrase décrit bien la situation : Si le Hamas l’accepte (le plan) la Palestine n’existe plus ; si le Hamas le rejette les Palestiniens n’existent plus.
À Gaza la vie ne peut pas repartir. L’aide humanitaire devait rentrer massivement, mais l’armée israélienne contrôle et empêche certaines denrées de rentrer car elles auraient deux usages comme par exemple des seringues. Les 600 camions nécessaire par jour n’arrivent pas, ils sont bloqués par des contrôles qui n’en finissent pas. En Palestine, 8000 oliviers ont été détruits. Comment les Palestiniens peuvent ils vivre, les oliviers sont la base de leur économie.
Quel avenir politique pour les Palestiniens ? Israël veut choisir ses interlocuteurs mais il a toujours décrédibilisé les dirigeants palestiniens comme Yaser Arafat . Dans le contexte actuel comment organiser des élections. Il y a des Palestiniens qui peuvent représenter leur peuple comme Marwan Barghouti, cependant Israël n’en veut pas.
Israël a choisi Mahmoud Abbas et après il l’a décrédibilisé et ils disent ; on a personne avec qui négocier. On ne peut pas discuter avec le Hamas. Pourtant il faut discuter avec toutes les parties concernés par le conflit.
Si les Européens arrêtaient de vendre les pièces pour l’armement d’Israël la guerre finirait. Les Américains ne suivront pas Israël s’il bombarde l’Iran car ils ont trop d’intérêts dans la région. Israël se pose en maitre du jeu mais les Américains ont besoin des pays du golfe qui considèrent maintenant que c’est Israël qui est le pays dangereux.
« C’est la première fois depuis 40 ans que je travaille sur cette région que je suis incapable d’élaborer des perspectives », conclut Agnès Levallois.

En deuxième partie de la manifestation trois jeunes Palestiniens proposent une performance Hara 36. Hara 36 est une plateforme médiatique et culturelle palestinienne, dédiée à promouvoir la culture, l’histoire, et le vécu quotidien des Palestiniens à travers des histoires humaines. Le but de Hara 36 est de valoriser l’expérience humaine des Palestiniens dans le contexte de leur pays, et en relation avec leur passé. Pour Hara 36, tout le monde parle de la Palestine mais on n’écoute pas les Palestiniens.
Hara 36 veut remettre au centre du débat le quotidien des Palestiniens. En transmettant la mémoire collective, l’art, la littérature, et les histoires humaines de la Palestine, ces jeunes cherchent à faire face à la déshumanisation du peuple palestinien, et à faire connaître l’histoire en continu de la Palestine, au-delà de l’actualité médiatique
Ces jeunes vont sillonner la France pour parler du vécu des Palestiniens et ont une newsletter en projet dans laquelle ils vont inclure des chroniques, des interviews, des histoires personnelles, des traductions littéraires et artistiques, des analyses, des podcastes… Une partie de leurs articles seront publiés sur leur blog.



