Grenoble. Des familles expulsées occupent le siège de la Métropole
Par Max Blanchard
/

Place des Géants, à Grenoble. Des marchands de sommeil occupent illégalement des appartements qu’ils louent à prix d’or à des familles sans abri. Le bailleur Actis demande le départ de celles-ci. La préfecture de l’Isère les fait alors expulser manu militari, le 28 octobre puis le 18 novembre. Des dizaines de familles à la rue. C’est le début de l’histoire. La suite est énergique.

Déjà rompus à l’action antérieurement, les « livreurs à vélo » et leur syndicat CGT se mobilisent avec l’appui du DAL. Le droit est avec eux : si la trêve hivernale ne s’appliquent pas aux squats, la loi fait en effet obligation à l’État de reloger les expulsés. « Il faut donc faire pression sur l’État », clame Mohamed Fofana, président des livreurs à vélo et secrétaire général de leur syndicat. Mais l’État, lui, est aux abonnés absents. Pour déjouer les provocations, cap est mis, ce mercredi 19 novembre, sur la Métropole de Grenoble : « Elle connait les établissements publics désaffectés qui peuvent héberger des gens dans le besoin ! »

Venus nombreux, « les manifestants ont été accueillis par la Métro qui leur a affecté provisoirement une salle, tout en annonçant chercher des solutions », explique Anne Villegier (Cisem), qui rappelle l’engagement de son organisation « à l’égal accès de toutes et tous aux droits fondamentaux, dont le logement ».
De leur côté, dans un coin de la salle, des militants du DAL enregistrent fébrilement toutes les familles demandeuses, répondant de leur mieux aux multiples interrogations inquiètes, tandis que de nombreux enfants sillonnent la pièce sous le regard angoissé de leurs parents.
Une solution doit être trouvée
Pour Mohamed Fofana, cette occupation du siège de la Métropole n’est pas une fin en soi : « Il faut qu’un solution soit trouvée. Nous allons rencontrer des responsables de la Métro et d’Actis pour tenter de déboucher. » Et de préciser à tous ceux qui attendent entassés en cette salle : « Nous tiendrons une assemblée générale après la rencontre [NDLR : prévue ce jeudi 20 novembre au soir]. Il n’est pas sûr que nous pourrons satisfaire tout le monde, il n’y aura pas de favoritisme. En tout cas, nous n’accepterons pas d’être entassés dans un gymnase, solution très temporaire et malsaine. Ce qu’il faut, c’est rester unis et rester ensemble jusqu’à trouver une solution pour le plus grand nombre ! »

De son côté, la Ville de Grenoble se dit, dans un communiqué diffusé mercredi 19 novembre, « particulièrement préoccupée par l’emprise de ces réseaux criminels [NDLR : des marchands de sommeil] ainsi que par la sécurité des personnes. À cet égard, elle a alerté l’État et a réalisé un signalement en avril 2025 auprès du procureur de la République, mentionnant l’ensemble des adresses concernées. »
La municipalité précise qu’elle « continue et continuera à demander à l’État d’affecter au territoire grenoblois des moyens d’enquête et des forces de police supplémentaires, nécessaires pour démanteler ces réseaux criminels. Concernant les ménages évacués, elle regrette le manque de places d’hébergement d’urgence sur le territoire malgré les efforts de l’État local avec qui la Ville a pu trouver des solutions pour les premières familles concernées. »


