Grenoble. Des familles expulsées occupent le siège de la Métropole

Par Max Blanchard

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Les familles ont élu domicile depuis le 19 novembre dans des locaux situés au siège de Grenoble Alpes Métropole.
En ces jours froids, pluvieux et neigeux, des dizaines de familles viennent d'être jetées à la rue à la Villeneuve. Nombreuses concernées, celles des livreurs à vélo, épaulées par le DAL (Droit au logement), et avec le soutien de la Cisem (Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers et les migrants) ont engagé l’action pour obtenir un toit décent. Elles occupent le siège de la Métropole de Grenoble depuis ce mercredi 19 novembre.

Place des Géants, à Gre­noble. Des mar­chands de som­meil occupent illé­ga­le­ment des appar­te­ments qu’ils louent à prix d’or à des familles sans abri. Le bailleur Actis demande le départ de celles-ci. La pré­fec­ture de l’I­sère les fait alors expul­ser manu mili­ta­ri, le 28 octobre puis le 18 novembre. Des dizaines de familles à la rue. C’est le début de l’histoire. La suite est éner­gique.

Les familles ont été expul­sées des loge­ments vides qu’ils occu­paient, à la demande du bailleur social Actis.

Déjà rom­pus à l’action anté­rieu­re­ment, les « livreurs à vélo » et leur syn­di­cat CGT se mobi­lisent avec l’appui du DAL. Le droit est avec eux : si la trêve hiver­nale ne s’appliquent pas aux squats, la loi fait en effet obli­ga­tion à l’État de relo­ger les expul­sés. « Il faut donc faire pres­sion sur l’État », clame Moha­med Fofa­na, pré­sident des livreurs à vélo et secré­taire géné­ral de leur syn­di­cat. Mais l’État, lui, est aux abon­nés absents. Pour déjouer les pro­vo­ca­tions, cap est mis, ce mer­cre­di 19 novembre, sur la Métro­pole de Gre­noble : « Elle connait les éta­blis­se­ments publics désaf­fec­tés qui peuvent héber­ger des gens dans le besoin ! »

Venus nom­breux, « les mani­fes­tants ont été accueillis par la Métro qui leur a affec­té pro­vi­soi­re­ment une salle, tout en annon­çant cher­cher des solu­tions », explique Anne Vil­le­gier (Cisem), qui rap­pelle l’engagement de son orga­ni­sa­tion « à l’égal accès de toutes et tous aux droits fon­da­men­taux, dont le loge­ment ».

De leur côté, dans un coin de la salle, des mili­tants du DAL enre­gistrent fébri­le­ment toutes les familles deman­deuses, répon­dant de leur mieux aux mul­tiples inter­ro­ga­tions inquiètes, tan­dis que de nom­breux enfants sillonnent la pièce sous le regard angois­sé de leurs parents.

Une solution doit être trouvée

Pour Moha­med Fofa­na, cette occu­pa­tion du siège de la Métro­pole n’est pas une fin en soi : « Il faut qu’un solu­tion soit trou­vée. Nous allons ren­con­trer des res­pon­sables de la Métro et d’Actis pour ten­ter de débou­cher. » Et de pré­ci­ser à tous ceux qui attendent entas­sés en cette salle : « Nous tien­drons une assem­blée géné­rale après la ren­contre [NDLR : pré­vue ce jeu­di 20 novembre au soir]. Il n’est pas sûr que nous pour­rons satis­faire tout le monde, il n’y aura pas de favo­ri­tisme. En tout cas, nous n’accepterons pas d’être entas­sés dans un gym­nase, solu­tion très tem­po­raire et mal­saine. Ce qu’il faut, c’est res­ter unis et res­ter ensemble jusqu’à trou­ver une solu­tion pour le plus grand nombre ! »

Moha­med Fofa­na, secré­taire géné­ral du syn­di­cat CGT des livreurs à vélo.

De son côté, la Ville de Gre­noble se dit, dans un com­mu­ni­qué dif­fu­sé mer­cre­di 19 novembre, « par­ti­cu­liè­re­ment pré­oc­cu­pée par l’emprise de ces réseaux cri­mi­nels [NDLR : des mar­chands de som­meil] ain­si que par la sécu­ri­té des per­sonnes. À cet égard, elle a aler­té l’État et a réa­li­sé un signa­le­ment en avril 2025 auprès du pro­cu­reur de la Répu­blique, men­tion­nant l’ensemble des adresses concer­nées. »

La muni­ci­pa­li­té pré­cise qu’elle « conti­nue et conti­nue­ra à deman­der à l’État d’affecter au ter­ri­toire gre­no­blois des moyens d’enquête et des forces de police sup­plé­men­taires, néces­saires pour déman­te­ler ces réseaux cri­mi­nels. Concer­nant les ménages éva­cués, elle regrette le manque de places d’hébergement d’urgence sur le ter­ri­toire mal­gré les efforts de l’État local avec qui la Ville a pu trou­ver des solu­tions pour les pre­mières familles concer­nées. »

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