Saint-Marcellin. Face à l’extrême droite, la gauche compte jouer en première division

Par Travailleur Alpin

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L'une des communes de l'Isère où le scrutin municipal de 2026 s'annonce indécis.
Le 28 juin 2020, il aura manqué 36 voix à l’extrême droite pour prendre la mairie de Saint-Marcellin. Six ans après, alors que l’équipe du maire et conseiller régional LR Raphaël Moccelin est en perte de vitesse, la gauche entend bien conjurer le pire et créer la surprise. À l’appel d’un collectif de personnalités locales, une réunion publique est organisée le vendredi 23 mai à 19h, à la salle polyvalente.

Juin 1995 : Jean-Michel Revol ravit au RPR Louis Fer­rouillat le fau­teuil de maire de Saint-Mar­cel­lin. Celui qui sera l’un des plus jeunes maires de France – trente ans lors de son élec­tion – res­te­ra à la tête de la com­mune pen­dant vingt-cinq ans, sié­geant en paral­lèle au conseil géné­ral de l’Isère de 2004 à 2011 sur les bancs du groupe socia­listes et appa­ren­tés, et s’engageant comme sup­pléant d’André Val­li­ni lors des élec­tions légis­la­tives.

En 2020, l’édile annonce qu’il passe la main. De son équipe désor­mais « sans éti­quettes », c’est Raphaël Moc­ce­lin qui se désigne pour reprendre le flam­beau, offi­ciel­le­ment tou­jours dans une logique de « majo­ri­té locale sans éti­quette ». Il sera rapi­de­ment coop­té au sein de la liste de Laurent Wau­quiez lors des élec­tions régio­nales de 2021.

Une majorité municipale qui explose après le départ de Jean-Michel Revol

L’héritage ne fait pas l’unanimité, et la majo­ri­té sor­tante se divise.

D’un côté, Noëlle Thaon, adjointe au maire sor­tant, pré­sente sa propre liste, « sans éti­quette ». Elle récol­te­ra 21,75% des voix au pre­mier tour des élec­tions de mars 2020, main­tien­dra sa liste au second tour, et a annon­cé récem­ment sa volon­té de se pré­sen­ter de nou­veau en 2026.

De l’autre, les com­mu­nistes, jusqu’alors pré­sents dans l’équipe – même si le sujet avait fait débat au sein de la sec­tion locale en 2014 –, s’organisent pour consti­tuer une liste de gauche. Une démarche qui aura mis du temps à éclore, mais abou­tit à l’élection de Chris­tophe Gher­si­nu au conseil muni­ci­pal, pour « Saint Mar­cel­lin éco­lo­gique et pro­gres­siste ».

Mais le coup de ton­nerre de ce scru­tin res­te­ra le fait que l’extrême droite, oppo­si­tion his­to­rique conduite par Jacques Las­coumes, pas­se­ra très près de la vic­toire, ras­sem­blant 30,08% des voix au second tour face à la liste de Raphaël Moc­ce­lin qui récol­te­ra quant à elle 31,77% des suf­frages.

2026 : face à l’extrême droite, la gauche citoyenne ?

Manque de concer­ta­tion sur les pro­jets muni­ci­paux, bud­gets « insin­cères » selon l’opposition, mécon­ten­te­ment dans le monde asso­cia­tif et chez les com­mer­çants… durant ce man­dat, l’équipe de Raphaël Moc­ce­lin enchaîne les décon­ve­nues et les dés­illu­sions.

Jacques Las­coumes se frotte les mains, les astres semblent s’aligner en sa faveur, à l’aune d’un contexte où médias domi­nants et mil­liar­daires soufflent dans les voiles de l’extrême droite.

C’était sans comp­ter sur l’invitée sur­prise du scru­tin : une gauche qui entend bien « jouer en pre­mière divi­sion » ce coup-ci, et rejouer 1995 !

Depuis 2020, Chris­tophe Gher­si­nu n’a pas chô­mé, en effet. Can­di­dat du « Prin­temps Isé­rois » (l’union de la gauche et des éco­lo­gistes) aux dépar­te­men­tales de 2021, il intègre le comi­té séna­to­rial de Guillaume Gon­tard, et noue des liens avec de nom­breux élus du ter­ri­toire, pour en tirer des expé­riences utiles à sa com­mune. En paral­lèle, la sec­tion com­mu­niste se redy­na­mise, et mène plu­sieurs com­bats : défense de la gare TER, bataille pour la répa­ra­tion des ascen­seurs…

Com­mer­çant, il connaît bien sa ville, et sait que seule une large union ouverte à toutes les bonnes volon­tés pour­ra per­mettre d’enrayer le scé­na­rio écrit à l’avance d’une vic­toire de l’extrême droite, et sur­tout « écrire une nou­velle page de l’histoire de la com­mune », en posi­tif.

Des dis­cus­sions s’engagent, des rela­tions humaines se tissent, à base d’écoute, de dia­logue… Et une idée émerge : ini­tier une démarche com­mune, de large impli­ca­tion citoyenne, pour construire un pro­jet et une liste des­ti­née à l’emporter en mars 2026.

Vendredi 23 mai : le début d’une aventure commune

C’est ain­si qu’advient l’annonce de la réunion publique du ven­dre­di 23 mai, à l’appel de plu­sieurs per­son­na­li­tés locales, à 19h à la salle poly­va­lente. Outre Chris­tophe Gher­si­nu et sa colis­tière de 2020, Jeanne Mau­ry, syn­di­ca­liste CFDT, on y retrouve Jona­than Soen, qui condui­sait une liste « éco­lo­giste indé­pen­dante » en mars 2020 [ndlr : il appelle à cette ren­contre « en son nom propre »].

Fait notable, deux anciens élus impor­tants des équipes conduites par Jean-Michel Revol sont par­ties pre­nantes de cet appel : Pierre Lio­tard, qui sié­gea un temps au conseil de la com­mu­nau­té de com­munes et qui s’engage aujourd’hui dans le monde de la soli­da­ri­té asso­cia­tive ; et Eli­sa­beth Pouech, ancienne res­pon­sable d’une impor­tante fédé­ra­tion de parents d’élèves.

Enfin, le séna­teur Guillaume Gon­tard, figure de l’union de la gauche et des éco­lo­gistes dans le dépar­te­ment, sera pré­sent.

Pour les ini­tia­teurs de cet appel, il s’agit de poser les pre­mières pierres d’une démarche de ras­sem­ble­ment qui entend jouer le pre­mier rôle lors du scru­tin de mars 2026. Comme le notait nos confrères du Dau­phi­né libé­ré le 15 avril der­nier, Saint-Mar­cel­lin sera bien l’une des com­munes de l’Isère où « le scru­tin s’annonce brû­lant »

Affaire à suivre !

Robert W. Wellnes

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