Saint-Égrève : rencontre lourde d’émotions sur la réalité des massacres en Palestine
Par Edouard Schoene
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Une odeur de mort et de rage avait envahi la salle dès les premiers mots du médecin Pascal André, médecin urgentiste à Rodez, qui racontait ses interventions à Gaza et en Cisjordanie. Une épidémie d’hépatite A faisait déjà rage en 2024, quand le médecin s’y est rendu pour la première fois. « Il n’y avait déjà plus d’eau, plus de viande, plus de fruits et légumes et pas de toilettes. Alors, tous les virus et bactéries circulent plus facilement. »
Partis de Marseille, passés par Montpellier, Narbonne, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Tours, Le mans, Clermont, Lyon les militants qui l’accompagnent veulent alerter. « Nous voulons le désengagement de la France de cette invasion de Gaza, de la colonisation de la Cisjordanie. Thalès continue de livrer des armes. À l’exposition du Bourget, huit industriels israéliens sont invités. Nous voulons que le droit international soit respecté. Un arrêt immédiat des échanges commerciaux avec Israël, « c’est non-négociable ».»
Au départ de Marseille, Pascal André avait expliqué son initiative. « Nous sommes en colère de voir que le refus israélien de respecter le droit entraîne les catastrophes que nous avons vues. Nous souhaitons rencontrer tous les politiques dans les villes où nous nous arrêterons pour leur demander de faire appliquer le droit international. »

À Saint-Egrève, Pascal André se félicitait de l’attitude d’élus. « Nous vous remercions M. le maire de nous accueillir ici dans l’hôtel de ville. C’est la première fois. Nous vous remercions M. le sénateur Gontard, c’est aussi la première fois qu’un parlementaire est là pour nous accueillir. »
Le très long exposé du médecin en grève de la faim et de Amina Mansouri, (qui est en jeûne) était lourd d’émotions, de témoignages sur la réalité du massacre à Gaza et en Cisjordanie dans le silence complice de nombre de médias, de gouvernants européens, d’institutions comme les universités ou l’Ordre des médecins… À plusieurs reprises, le Dr André évoquait les reproches entendus en Palestine vis-à-vis des Occidentaux qui laissent décimer leurs familles, détruire leur pays.

Signalant qu’il est chrétien, le docteur rappelait les nombreuses interventions qu’il a eues auprès de responsables religieux (catholiques, protestants, musulmans, juifs) et signale avoir tenté de s’adresser aux chrétiens dans l’église de Saint-Sernin à Toulouse et en avoir été expulsé avec menace d’action en justice.
La veille de son passage à Saint-Egrève, la délégation de « faim de justice pour la Palestine » s’était arrêtée à Lyon. Elle était accompagnée de Pierre Stambul , porte-parole de l’Union juive française pour la paix. La parole des militants pour la paix n’a pu être entendue du fait d’actions bruyantes de militants ultra du CRIF.
Le docteur André appelle à témoigner, notamment sur le site de la Cour pénale internationale, sur tous les faits, actes ou propos condamnables par la loi, pour faire taire les militants, les menacer, faire l’apologie des massacres à Gaza.
A l’issue de la rencontre de Saint-Egrève, le docteur Pascal André, très affaibli par dix-sept jours de grève de la faim, soulignait qu’aucune autorité (la préfecture, par exemple) n’a réagi pour proposer ses services alors qu’en de telles situations de grèves de la faim, les autorités publiques réagissent habituellement, comme ce fut le cas pour les militants kurdes, par exemple.
