MC2-Grenoble – Schubert in love. Rencontre entre musique classique, jazz et musiques du monde ; surprenant !

Par Régine Hausermann

/

Image principale
© Julien Benhamou

Vendredi 9 décembre – L’auditorium est plein. Les tendances que nous enregistrons depuis un mois dans les salles de spectacles et de cinéma se confirment. Le public revient. Ce concert intitulé Schubert in love était de nature à attirer les curieux, amateurs de Schubert et néanmoins intéressés par des expériences musicales. En octobre, l’ensemble de musique classique Contraste était à La Rampe avec Albin de la Simone. En décembre, il est de retour à la MC2 avec la chanteuse Rosemary Standley, du groupe Moriarty. Surprenant !

Rose­ma­ry Stand­ley est la voix de Moriar­ty, groupe-phare du renou­veau folk dans les années 2000. Mais elle aime confron­ter les musiques tra­di­tion­nelles aux musiques dites savantes. Pas éton­nant qu’elle explore cette fois le réper­toire de Schu­bert pour don­ner nais­sance à l’album Schu­bert in Love, sor­ti en sep­tembre 2020, (Alpha Clas­sics — Outhere music), une véri­table décla­ra­tion d’amour au com­po­si­teur alle­mand. « Schu­bert est depuis long­temps avec moi. J’ai appris Le Roi des aulnes à l’âge de douze ans, et ne l’ai jamais oublié. »

«  Don­ner à la musique un nou­vel éclai­rage. » Arnaud Tho­rette

Ce pro­jet est l’histoire d’une ren­contre ami­cale et musi­cale entre deux mondes de recherches artis­tiques, celui de Rose­ma­ry Stand­ley et celui d’Ar­naud Tho­rette et de Johan Far­jot, fon­da­teurs de l’En­semble Contraste. Jouer le réper­toire clas­sique tout en essayant de mêler des uni­vers musi­caux qui ne se côtoient pas est la démarche de l’Ensemble Contraste depuis vingt ans.

Pour Johan Far­jot, auteur des arran­ge­ments, « une par­tie du génie de Franz Schu­bert se niche dans le charme indi­cible de ses mélo­dies venues d’un autre temps. Ce chant du cœur tra­verse les époques qui passent, affu­blées de leur atti­rail de modes et d’influences, toutes aus­si péris­sables. Mais sans jamais les lais­ser l’altérer, il marque dura­ble­ment de sa nos­tal­gie douce et poi­gnante, la mémoire col­lec­tive. »

Une réus­site !

Au pro­gramme, des Lie­der célèbres — Hei­denrös­lein, La Jeune fille et la mort, Irr­licht et Was­ser­flut extraits du Voyage d’hiver… — et des pièces ins­tru­men­tales.

Lorsque pour la pre­mière fois, les accords de gui­tare résonnent dans une tona­li­té de fla­men­co, on est sur­pris. On écoute, on se laisse prendre. Lorsque plus tard, la contre­basse et les per­cus­sions entrent dans le jeu, on est ravie que la sym­biose soit si réus­sie.

A la fin du spec­tacle, le public assis applau­dit cha­leu­reu­se­ment, récla­mant un bis. Seul un vieux mon­sieur est debout, deux rangs devant nous, pres­sé de par­tir. Pas moyen ! Et lorsque les musicien·nes et la chan­teuse retournent vers leurs pupitres pour la plus grande joie du public, le vieux mon­sieur s’écrie indi­gné : « Schu­bert tra­hi ! »

Le pro­gramme était pour­tant expli­cite. Mais il était sans doute le seul de son avis et nous avons échap­pé à une nou­velle bataille d’Hernani !

©Julien

 © Julien Ben­ha­mou

Retrouvez les dernières parutions de notre rubrique « Culture »

Partager cet article

MC2

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *