Industrie. Becton-Dickinson uberise l’emploi avec l’argent de la collectivité
Par Travailleur Alpin
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Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF, aux côtés de syndicalistes de l’entreprise.
Dans le cadre de la semaine d’action aux entreprises organisée nationalement autour de la campagne présidentielle de Fabien Roussel, les communistes de l’Isère sont allés ce jeudi à la rencontre des salariés de Becton-Dickinson. Avec plus de 1700 salariés dont environ 800 en production, c’est désormais la principale entreprise industrielle du Sud-Grenoblois. Becton-Dickinson, multinationale américaine, produit du matériel médical – tel que les seringues indispensables aux vastes campagnes de vaccination.
Laurent, secrétaire du syndicat CGT du site, ne mâche pas ses mots : « Depuis plusieurs années, nous réalisons bénéfices records sur bénéfices records – 104 Millions d’euros pour Becton France en 2020 -, nous produisons pour Moderna, Pfizer, Sanofi… et tout ce qu’on récolte dans les ateliers, c’est un quasi-gel des salaires et toujours plus de précarité. » En effet, près d’un tiers des opérateurs de production sont employés en interim, un choix assumé par la direction selon le syndicaliste, car il permet de maintenir les salariés en bas de l’échelle des rémunérations tout en entretenant une concurrence au sein des équipes. Son collègue, élu au CSE de l’entreprise, renchérit : « Aujourd’hui, quand tu fais les quatre huit en production, tu touches moins de 1600€ net, soit le smic et les primes de poste, c’est juste indécent ! Et ils (la direction) font miroiter aux jeunes des embauches en CDI pour en tirer le maximum sur 18 mois, et ensuite les jeter comme des kleenex… »
Une politique au service du profit qui fragilise l’entreprise
Sur les augmentations de salaires, le syndicat revendique un montant plancher pour assurer au bas de l’échelle des hausses dignes de ce nom. Mais la direction ne l’entend pas de cette oreille, et se limite à un pourcentage (2% en 2020) identique pour tous. Résultat, les hauts salaires, moins nombreux, gagnent proportionnellement plus, et les bas salaires, moins. Le calcul comptable est évidemment en défaveur de l’ensemble des travailleurs de l’entreprise.
Cette politique de compression des salaires n’est pas seulement injuste sociale, elle est aussi dangereuse économiquement. Cédric, secrétaire de l’union locale CGT et délégué syndical sur le site, explique : « Le turn-over démoralise les salariés, et on perd des compétences. On a à peine le temps de former les nouveaux que déjà ils partent ailleurs, résultat on maitrise de moins en moins bien nos process de production. Et quand on sait qu’on fabrique du matériel médical, une erreur peut potentiellement avoir des conséquences… »
Pour le PCF, la collectivité doit reprendre la main sur les industries stratégique
Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF, tenait à rendre visible la situation dans cette entreprise : « On a là une multinationale qui engrange des bénéfices financés par la Sécurité sociale en bout de course, sur une production essentielle, et ils se comportent comme des profiteurs de guerre ! Les salariés de Becton font partie de ces héros du quotidien que l’on célébrait pendant la crise sanitaire, et aujourd’hui ils sont face à une direction qui uberise leur travail, c’est inacceptable. »
L’hiver dernier, les communistes avaient mené une bataille pour la levée des brevets sur les vaccins et la constitution d’un pôle public du médicament, autour de l’idée qu’il n’était pas possible de laisser notre santé aux mains des financiers. Aujourd’hui, c’est à l’ensemble de la filière élargie que pense le secrétaire départemental : « L’Etat et les salariés doivent avoir un droit de regard sur ce qui se passe dans ces entreprises stratégiques, ils doivent contribuer à en définir les orientations. On ne peut pas laisser ça à des actionnaires qui ne résonnent que sur des graphiques de profit à court terme, on parle de notre santé à toutes & tous. »
Pour ce faire, les communistes ont une solution toute trouvée : convertir les montants d’aides publiques versées ces dernières années – CICE et Crédit impôt recherche, entre autre – en parts du capital de l’entreprise détenues par la collectivité.
Robert W. Ewellnes
Il y a 20 ans quand il y avait plus de 10 % de précarité dans l’entreprise, l’inspection du travail demandé à BD de corriger cette dérive. Aujourd’hui nous sommes à quasi 40 % de précarité à l’usine c’est un scandale. Et bien sûr ça tire les salaires vers le bas alors que dans les années 2000 BD était l’un des meilleurs employeurs du bassin grenoblois au niveau salaires. Pourtant aujourd’hui l’entreprise fait encore plus ➕ ➕ ➕ de profit. Quelle HONTE.