A Festa do Avante !

La fête est celle du jour­nal Avante ! qui est l’organe cen­tral du Par­ti com­mu­niste por­tu­gais. Plus de 100 000 per­sonnes s’y retrouvent. Rap­por­té à la popu­la­tion du pays de 10,7 mil­lions d’habitants, c’est équi­valent à la fête de l’Huma.

La pre­mière fois que je suis allé à la Fes­ta do Avante, je ne savais pas vrai­ment à quoi m’attendre, j’étais juste curieux. La fête se déroule le pre­mier week-end de sep­tembre, dans un espace val­lon­né et boi­sé, à proxi­mi­té de l’eau, au sud de Lis­bonne. Il y a ce petit quelque chose à l’Avante qui nous rap­pelle nos fêtes locales, une manière de faire des choses dif­fé­rente aus­si, du rouge du par­tout… et l’hymne de la fête, la Car­val­he­sa !

Rita, mili­tante du PCP m’explique que le ter­rain de la fête appar­tient au PCP, et qu’en dehors de la fête, le reste de l’année le ter­rain est uti­li­sé. « Il y a un espace où se déroulent les écoles du par­ti », me dit-elle. « La fête est un tout, entre mon­tage, démon­tage, ges­tion de la fête. Tous les stands sont mon­tés par les mili­tants et amis du PCP, la pré­pa­ra­tion dure envi­ron quatre mois.  Elle ajoute : « C’est le plus grand évé­ne­ment com­mu­niste du Por­tu­gal, l’occasion de res­ser­rer les liens et de se retrou­ver dans la joie et la fra­ter­ni­té. C’est avant tout un évé­ne­ment poli­tique, pas un fes­ti­val de plus. »

Une fête poli­tique avec des débats, de la musique, des sports, de la culture, du théâtre, de la science, de la gas­tro­no­mie, etc. ouverte à toutes et tous, aux tra­vailleurs, aux familles et enfants (avec un véri­table espace dédié), aux jeunes aux anciens, et qui se par­tage. La fête est pour tous les âges, et c’est plus grand ras­sem­ble­ment popu­laire après le 1^er mai au Por­tu­gal.

«  En 2024 nous fêtions les 50 ans de la révo­lu­tion, un grand moment. Mais la même année l’extrême droite (le par­ti Che­ga) a fait entrer au par­le­ment cin­quante dépu­tés sup­plé­men­taires à l’Assemblée natio­nale. Cela montre qu’il faut tou­jours res­ter vigi­lants. » Un rap­pel néces­saire pour tous les mili­tants pro­gres­sistes. Bien que le contexte poli­tique soit dif­fi­cile, que le PCP soit atta­qué en per­ma­nence dans les médias bour­geois, et mena­cé par l’extrême droite « on résiste car notre base mili­tante est forte et déter­mi­née », conclut Rita.

Le ven­dre­di le concert qui ouvre la grande scène (Pal­co 25 de Abril), le concert phare c’est l’orchestre sym­pho­nique de Lis­bonne qui le donne. Un concert pour célé­brer les 80 ans de la fin de la seconde guerre mon­diale et l’écrasement du nazi-fas­cisme, et pour la paix. Une édi­tion qui rend éga­le­ment hom­mage au peuple pales­ti­nien dans sa lutte.

Dif­fi­cile de résu­mer la grande diver­si­té des concerts qui ont eu lieu pen­dant la fête, que ce soit sur la scène de la Paix, petite scène avec une belle ambiance, ou l’auditorium du 1^er mai au bord de l’eau, ou bien sûr à la grande scène, espace cen­tral de la fête où tout le monde peut pro­fi­ter du spec­tacle. Fado, ska-punk, rock, clas­sique, rap, hip-hop, R&B, jazz, etc… Vous en avez pour tous les goûts !

Le PCF était lui aus­si pré­sent dans la fête. On en parle avec Char­lotte Bala­voine, res­pon­sable pour le par­ti des enjeux euro­péens et de la cam­pagne de soli­da­ri­té avec Cuba. « C’est la dixième année que le PCF tient un stand à la Fes­ta do Avante, et c’est impor­tant pour nous d’être ici. Nous avons une longue his­toire de lutte com­mune entre les cama­rades por­tu­gais et fran­çais, nos deux pays, nos deux peuples, contre la dic­ta­ture, le fas­cisme. Un très grand nombre de Por­tu­gais ont émi­gré en France pen­dant la dic­ta­ture, dont un cer­tain nombre qui nous aident aujourd’hui à tenir notre stand. »

Ces der­nières années les liens entre le PCP et le PCF se sont ren­for­cés. « Loge­ments, spé­cu­la­tions immo­bi­lières qui existent en France comme au Por­tu­gal dans les grandes métro­poles, les enjeux de paixet de désar­me­ment, la lut­te­contre l’UE ultra­li­bé­rale, la lutte contre l’extrême droite sont des exemples de batailles com­munes du PCP et du PCF. »

Des échanges sur le stand avec des Fran­çais vivant au Por­tu­gal, des per­sonnes qui ont vécu en France et qui sont reve­nues au Por­tu­gal, etc. « Beau­coup de per­sonnes parlent fran­çais ici, on vend des revues, des livres. »

Char­lotte sou­ligne que « notre par­ti a déci­dé d’être plus pré­sent au niveau euro­péen dans les dif­fé­rents moments, fêtes, et mani­fes­ta­tions. Cette année, nous étions pré­sentsle week-end pas­sé pour la pre­mière fois avec un stand chez les cama­rades autri­chiens du KPÖ (Kom­mu­nis­tische Par­tei Öster­reichs à Vienne (à la Volks­tim­me­fest), pour la troi­sième année consé­cu­tive nous tien­drons fin sep­tembre un stand à la fête du Par­ti com­mu­niste d’Espagne, et bien sûr ici à la Fes­ta do Avante ».

Char­lotte a repré­sen­té le PCF au débat por­tant sur l’anniversaire des cin­quante ans de la libé­ra­tion du Viet­nam. « Nos liens de soli­da­ri­té avec le peuple viet­na­mien datent de Ho Chi Minh qui était au congrès fon­da­teur de notre par­ti. Le PCF a tou­jours lut­té au côté du peuple viet­na­mien pour sa libé­ra­tion des impé­ria­lismes fran­çais et amé­ri­cain. S’il faut rete­nir trois choses de cette expé­rience viet­na­mienne, c’est sans doute que l’on peut mettre en défaite l’impérialisme amé­ri­cain, que l’impérialisme fran­çais et nos rela­tions avec les pays du Sud doivent être remises en cause – on n’arrivera pas à une éman­ci­pa­tion sociale si notre pays pour­suit son impé­ria­lisme – et enfin que si on veut vrai­ment être indé­pen­dant, il faut être indé­pen­dant du capi­ta­lisme, un vrai pro­jet de rup­ture. »

Ce qui m’a frap­pé en tant que mili­tant du PCF et habi­tué de la Fête de l’Humanité, c’est l’ambiance incroyable des dis­cours qui se déroulent le dimanche sur la grande scène. Des cen­taines de dra­peaux rouges, tout autour de la grande scène, une foule qui scande en chœur « PCP ! PCP ! PCP ! PCP ! » entre les inter­ven­tions.

Não há festa como esta ! Il n’y a pas de fête comme celle-ci !

Le secré­taire géné­ral Pau­lo Rai­mun­do, dans un dis­cours réso­lu­ment anti-impé­ria­liste, a dénon­cé les hausses des dépenses mili­taires déci­dé par l’UE, expri­mé la soli­da­ri­té du peuple por­tu­gais et de la jeu­nesse envers le peuple pales­ti­nien. Un ras­sem­ble­ment a eu lieu sur la fête à l’entrée de l’espace inter­na­tio­nal le same­di après-midi en soli­da­ri­té avec la Pales­tine.

Il a salué les tra­vailleurs et les peuples qui résistent, luttent, avancent, et remettent en ques­tion l’ordre impé­ria­liste. Concer­nant la poli­tique inté­rieure, le secré­taire géné­ral du PCP a sou­li­gné la néces­si­té d’intensifier la lutte contre la poli­tique inéga­li­taire de droite du gou­ver­ne­ment PSD/CDS au ser­vice des grandes entre­prises et des mul­ti­na­tio­nales, une poli­tique sou­mise à l’UE, l’OTAN et et aux États-Unis, qui fra­gi­lise l’appareil pro­duc­tif. Il prône une alter­na­tive poli­tique, patrio­tique et de gauche, qui réponde aux besoins les plus urgents du pays et ouvre la voie à un Por­tu­gal avec un ave­nir. « Nous sommes por­teurs d’un espoir qui se construit chaque jour dans chaque com­bat pour les salaires et les droits. »

En 2026 la Fes­ta do Avante fête­ra ses 50 ans, ce serait une excel­lente occa­sion d’aller la décou­vrir !

La pro­chaine édi­tion aura lieu les 4, 5 et 6 sep­tembre 2026.