Saint-Marcellin. Face à l’extrême droite, la gauche compte jouer en première division
Par Travailleur Alpin
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Juin 1995 : Jean-Michel Revol ravit au RPR Louis Ferrouillat le fauteuil de maire de Saint-Marcellin. Celui qui sera l’un des plus jeunes maires de France – trente ans lors de son élection – restera à la tête de la commune pendant vingt-cinq ans, siégeant en parallèle au conseil général de l’Isère de 2004 à 2011 sur les bancs du groupe socialistes et apparentés, et s’engageant comme suppléant d’André Vallini lors des élections législatives.
En 2020, l’édile annonce qu’il passe la main. De son équipe désormais « sans étiquettes », c’est Raphaël Moccelin qui se désigne pour reprendre le flambeau, officiellement toujours dans une logique de « majorité locale sans étiquette ». Il sera rapidement coopté au sein de la liste de Laurent Wauquiez lors des élections régionales de 2021.
Une majorité municipale qui explose après le départ de Jean-Michel Revol
L’héritage ne fait pas l’unanimité, et la majorité sortante se divise.
D’un côté, Noëlle Thaon, adjointe au maire sortant, présente sa propre liste, « sans étiquette ». Elle récoltera 21,75% des voix au premier tour des élections de mars 2020, maintiendra sa liste au second tour, et a annoncé récemment sa volonté de se présenter de nouveau en 2026.
De l’autre, les communistes, jusqu’alors présents dans l’équipe – même si le sujet avait fait débat au sein de la section locale en 2014 –, s’organisent pour constituer une liste de gauche. Une démarche qui aura mis du temps à éclore, mais aboutit à l’élection de Christophe Ghersinu au conseil municipal, pour « Saint Marcellin écologique et progressiste ».
Mais le coup de tonnerre de ce scrutin restera le fait que l’extrême droite, opposition historique conduite par Jacques Lascoumes, passera très près de la victoire, rassemblant 30,08% des voix au second tour face à la liste de Raphaël Moccelin qui récoltera quant à elle 31,77% des suffrages.
2026 : face à l’extrême droite, la gauche citoyenne ?
Manque de concertation sur les projets municipaux, budgets « insincères » selon l’opposition, mécontentement dans le monde associatif et chez les commerçants… durant ce mandat, l’équipe de Raphaël Moccelin enchaîne les déconvenues et les désillusions.
Jacques Lascoumes se frotte les mains, les astres semblent s’aligner en sa faveur, à l’aune d’un contexte où médias dominants et milliardaires soufflent dans les voiles de l’extrême droite.
C’était sans compter sur l’invitée surprise du scrutin : une gauche qui entend bien « jouer en première division » ce coup-ci, et rejouer 1995 !
Depuis 2020, Christophe Ghersinu n’a pas chômé, en effet. Candidat du « Printemps Isérois » (l’union de la gauche et des écologistes) aux départementales de 2021, il intègre le comité sénatorial de Guillaume Gontard, et noue des liens avec de nombreux élus du territoire, pour en tirer des expériences utiles à sa commune. En parallèle, la section communiste se redynamise, et mène plusieurs combats : défense de la gare TER, bataille pour la réparation des ascenseurs…
Commerçant, il connaît bien sa ville, et sait que seule une large union ouverte à toutes les bonnes volontés pourra permettre d’enrayer le scénario écrit à l’avance d’une victoire de l’extrême droite, et surtout « écrire une nouvelle page de l’histoire de la commune », en positif.
Des discussions s’engagent, des relations humaines se tissent, à base d’écoute, de dialogue… Et une idée émerge : initier une démarche commune, de large implication citoyenne, pour construire un projet et une liste destinée à l’emporter en mars 2026.
Vendredi 23 mai : le début d’une aventure commune
C’est ainsi qu’advient l’annonce de la réunion publique du vendredi 23 mai, à l’appel de plusieurs personnalités locales, à 19h à la salle polyvalente. Outre Christophe Ghersinu et sa colistière de 2020, Jeanne Maury, syndicaliste CFDT, on y retrouve Jonathan Soen, qui conduisait une liste « écologiste indépendante » en mars 2020 [ndlr : il appelle à cette rencontre « en son nom propre »].
Fait notable, deux anciens élus importants des équipes conduites par Jean-Michel Revol sont parties prenantes de cet appel : Pierre Liotard, qui siégea un temps au conseil de la communauté de communes et qui s’engage aujourd’hui dans le monde de la solidarité associative ; et Elisabeth Pouech, ancienne responsable d’une importante fédération de parents d’élèves.
Enfin, le sénateur Guillaume Gontard, figure de l’union de la gauche et des écologistes dans le département, sera présent.
Pour les initiateurs de cet appel, il s’agit de poser les premières pierres d’une démarche de rassemblement qui entend jouer le premier rôle lors du scrutin de mars 2026. Comme le notait nos confrères du Dauphiné libéré le 15 avril dernier, Saint-Marcellin sera bien l’une des communes de l’Isère où « le scrutin s’annonce brûlant »…
Affaire à suivre !
Robert W. Wellnes