La Rampe-Echirolles – Blockbuster. Ciné spectacle politique et jouissif !

Par Régine Hausermann

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© Goldo Dominique Houcmant
Mardi 1er avril 2025 – C’est bien d’un ovni qu’il s’agit, imaginé par un collectif d’artistes belges à partir du montage de 1400 plans puisés dans 160 films hollywoodiens. Le Collectif Mensuel en propose un scénario inédit, une fable corrosive sur l’exploitation capitaliste. Le tout doublé et bruité en direct par cinq artistes polyvalents. Du grand art !

Sur scène, des tables, des ins­tru­ments de musique et autres objets hété­ro­clites néces­saires à la pro­duc­tion du son du spec­tacle. Ambiance feu­trée, lumière tami­sée, sug­gé­rant un caba­ret. Le silence s’installe car le public a aper­çu les artistes debout dans le fond du pla­teau.

Ils s’avancent – quatre hommes et une femme – recom­man­dant d’éteindre les télé­phones et sol­li­ci­tant notre par­ti­ci­pa­tion. Applau­dir à tout rompre pour se ser­vir de l’enregistrement dans le cours du spec­tacle. Deuxième sol­li­ci­ta­tion : scan­der « Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais » pour la même rai­son. La salle est chauf­fée, l’indicatif de la MGM peut reten­tir, sui­vi du lion rugis­sant sur l’écran géant. Ils sont trois aux brui­tages à jar­din — deux hommes et une femme – et deux à cour pour pro­duire tous les sons en direct sous nos yeux. Le spec­tacle est sur l’écran mais aus­si sur le pla­teau, dans une syn­chro­ni­sa­tion par­faite.

Tan­dis que Mor­tier, le patron des patrons, lutte contre un pro­jet de taxa­tion des hauts reve­nus, une jeune jour­na­liste dénonce les excès de la finance sur fond d’insurrection popu­laire. Le scé­na­rio est construit sur une alter­nance de séquences qui opposent deux mondes : celui des salles de réunions poli­tiques et finan­cières, des salons fes­tifs de la haute socié­té et celui des bas-fonds. D’un côté les nan­tis, les requins sans scru­pule, de l’autre les jour­na­listes et militant·es engagé·es, les loo­sers qui se chauffent autour de bra­se­ros. Comme la jour­na­liste risque de faire mal à « l’establishment » Mor­tier donne l’ordre de la faire dis­pa­raître au méchant tueur incar­né par Sil­ves­ter Stal­lone. S’engage une course-pour­suite et des explo­sions spec­ta­cu­laires qui illu­minent la scène. Ça sent la poudre à La Rampe !

Au cours du spec­tacle, plai­sir sup­plé­men­taire, on iden­ti­fie des films et des acteurs et actrices. Al Paci­no dans Un après-midi de chien. Sean Penn dans le rôle d’un mili­tant de gauche, qui orga­nise des mani­fes­ta­tions. On le voit défi­ler dans Har­vey Milk. Du côté des « bons » la jour­na­liste incar­née par Julia Roberts, Brad Pitt jeune … Du côté des « méchants » Michael Dou­glas qui incarne Mor­tier, une actrice – dont je cherche encore le nom ! — dans le rôle de la ministre de l’intérieur inca­pable de main­te­nir l’ordre et mise en cause par son pre­mier ministre Tom Cruise. C’est contes­ta­taire, déca­pant, libé­ra­teur !

Le col­lec­tif Men­suel est implan­té à Liège depuis près de quinze ans. Il pro­pose un théâtre popu­laire et fes­tif à par­tir d’un regard effron­té sur notre monde. Un regard po-li-ti-que.

« Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. » Cita­tion de War­ren Buf­fet impri­mée que la fiche de salle dis­tri­buée à l’entrée.

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