La Rampe-Echirolles – Blockbuster. Ciné spectacle politique et jouissif !
Par Régine Hausermann
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Sur scène, des tables, des instruments de musique et autres objets hétéroclites nécessaires à la production du son du spectacle. Ambiance feutrée, lumière tamisée, suggérant un cabaret. Le silence s’installe car le public a aperçu les artistes debout dans le fond du plateau.
Ils s’avancent – quatre hommes et une femme – recommandant d’éteindre les téléphones et sollicitant notre participation. Applaudir à tout rompre pour se servir de l’enregistrement dans le cours du spectacle. Deuxième sollicitation : scander « Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais » pour la même raison. La salle est chauffée, l’indicatif de la MGM peut retentir, suivi du lion rugissant sur l’écran géant. Ils sont trois aux bruitages à jardin — deux hommes et une femme – et deux à cour pour produire tous les sons en direct sous nos yeux. Le spectacle est sur l’écran mais aussi sur le plateau, dans une synchronisation parfaite.
Tandis que Mortier, le patron des patrons, lutte contre un projet de taxation des hauts revenus, une jeune journaliste dénonce les excès de la finance sur fond d’insurrection populaire. Le scénario est construit sur une alternance de séquences qui opposent deux mondes : celui des salles de réunions politiques et financières, des salons festifs de la haute société et celui des bas-fonds. D’un côté les nantis, les requins sans scrupule, de l’autre les journalistes et militant·es engagé·es, les loosers qui se chauffent autour de braseros. Comme la journaliste risque de faire mal à « l’establishment » Mortier donne l’ordre de la faire disparaître au méchant tueur incarné par Silvester Stallone. S’engage une course-poursuite et des explosions spectaculaires qui illuminent la scène. Ça sent la poudre à La Rampe !
Au cours du spectacle, plaisir supplémentaire, on identifie des films et des acteurs et actrices. Al Pacino dans Un après-midi de chien. Sean Penn dans le rôle d’un militant de gauche, qui organise des manifestations. On le voit défiler dans Harvey Milk. Du côté des « bons » la journaliste incarnée par Julia Roberts, Brad Pitt jeune … Du côté des « méchants » Michael Douglas qui incarne Mortier, une actrice – dont je cherche encore le nom ! — dans le rôle de la ministre de l’intérieur incapable de maintenir l’ordre et mise en cause par son premier ministre Tom Cruise. C’est contestataire, décapant, libérateur !
Le collectif Mensuel est implanté à Liège depuis près de quinze ans. Il propose un théâtre populaire et festif à partir d’un regard effronté sur notre monde. Un regard po-li-ti-que.
« Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. » Citation de Warren Buffet imprimée que la fiche de salle distribuée à l’entrée.