Grenoble, aides à domicile. Elles sont en colère et ça va s’entendre

Par Maryvonne Mathéoud

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Mobilisées pour la défense de leur emploi et le droit à vieillir dans la dignité.

Au nom de la solidarité due aux aînés, un rassemblement aura lieu à 14h30 le mercredi 19 juillet 2023, devant le conseil départemental de l’Isère, rue Fantin Latour à Grenoble. Les 526 emplois d’aide à domicile de l’association Accompagner à domicile pour préserver l’autonomie (ADPA) sont menacés.

Depuis le 2 juin 2023, l’association d’aide à domi­cile de Gre­noble ADPA est en redres­se­ment judi­ciaire. Il s’agit de l’acteur le plus impor­tant de l’aide à domi­cile dans le Sud du dépar­te­ment, avec 526 salarié.es et 2500 per­sonnes aidées. « Le CSE a deman­dé un droit d’alerte éco­no­mique car l’association était en défi­cit de quatre mil­lions d’euros, situa­tion due à une mau­vaise ges­tion de l’ancienne direc­tion », explique Corinne Gomez, aide à domi­cile et élue CGT.

1,2 mil­lion d’eu­ros d’arriérés et une demande de prêt reje­tée

Mais le conseil dépar­te­men­tal a aus­si ses res­pon­sa­bi­li­tés. « En 2022 une nou­velle direc­trice, Isa­belle Rey­naud a été embau­ché pour sau­ver l’ADPA. Mais l’ADPA s’est vue refu­ser par le ser­vice de l’autonomie du dépar­te­ment une demande de prêt pour lui per­mettre de conti­nuer à exer­cer sa mis­sion de ser­vice public. Et le conseil dépar­te­men­tal nous doit 1,2 mil­lions d’eu­ros coti­sa­tions sociales com­prises au titre des ave­nants de la conven­tion col­lec­tive de la branche de l’aide, de l’accompagnement, des soins et des ser­vices à domi­cile », note Clau­dine Cha­buel comp­table et mili­tante FO

De quoi rela­ti­vi­ser l’engagement du dépar­te­ment à rele­ver le défi du « bien vieillir » en reva­lo­ri­sant les métiers de l’aide et de l’accompagnement en domi­cile.

Un métier mal recon­nu et mal rému­né­ré et pour­tant indis­pen­sable

En la matière, il y a pour­tant de quoi faire. Chan­tal Nadi, aide à domi­cile, délé­guée syn­di­cale CGT et secré­taire du CSE, déplore la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail. « En 2004, il y avait 2000 salarié.es et nous inter­ve­nions auprès de per­sonnes beau­coup moins dépen­dantes. Aujourd’hui nous n’avons que 45 minutes pour lever une per­sonne, faire sa toi­lette et faire le ménage. Par­fois même c’est 30 minutes quand les per­sonnes ne peuvent pas payer plus. » « Le métier n’est pas attrac­tif car dif­fi­cile, mal recon­nu et mal rému­né­ré. L’amplitude horaire est de 12 heures, pour les salarié.es à plein temps, et une fois par mois nous sommes d’astreinte. Mais notre crainte est d’être rache­tés par un pri­vé car les condi­tions de tra­vail seraient encore plus dif­fi­ciles », ajoute Corinne Gomez.

Un ser­vice public à construire

Car l’aide à domi­cile en France est lar­ge­ment sous la coupe du sec­teur pri­vé lucra­tif. Seule­ment 16% du sec­teur d’aide à la per­sonne relève de la sphère publique en Isère. Ce n’est guère mieux au niveau natio­nal, ce qui, là encore, rela­ti­vise sin­gu­liè­re­ment les décla­ra­tions gou­ver­ne­men­tales sur « la prio­ri­té accor­dée au vieillir à domi­cile » décrite dans les pro­jets d’élaboration de la loi de finan­ce­ment de la Sécu­ri­té sociale.

Pour la CGT, les salarié.es et les per­sonnes aidées ne doivent pas être les vic­times du sous finan­ce­ment chro­nique du sec­teur de l’aide à domi­cile par les pou­voirs publics. Parce que les per­sonnes dépen­dantes âgées et han­di­ca­pées ne sont pas des mar­chan­dises, le syn­di­cat demande le déve­lop­pe­ment d’un ser­vice public d’aide à la per­sonne digne de ce nom.

Ser­vice public au sein duquel les sala­riés de l’ADPA ont toute leur place : un audit de la Haute auto­ri­té de san­té leur a attri­bué la note de 3.2/4. Ils sont par­mi les plus com­pé­tents.

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