La Rampe-Echirolles – La nouvelle création de Maëlle Reymond, « Eclats ». Un cri d’amour à la danse et à l’endurance, le mardi 8 novembre à 20h

Par Régine Hausermann

/

Image principale
Josefa Gallardo, directrice de La Rampe et Maëlle Reymond, le 4 octobre 2022  ©R.H.

Mardi 4 octobre 10h – La Rampe organisait une rencontre avec la danseuse Maëlle Reymond, une jeune Iséroise dont le spectacle – « Eclats » — est en cours de création à La Rampe. On en ressort avec la conviction d’avoir croisé le chemin d’une créatrice exigeante et audacieuse.

Pour­quoi ce titre, « Éclats » ? La pièce cho­ré­gra­phique en ges­ta­tion joue sur la poly­sé­mie du mot. Un éclat peut dési­gner quelque chose de brillant ou quelque chose de bri­sé. Or le tra­vail en cours met en lumière cette ambi­va­lence, l’ins­tant où la bas­cule se fait entre la médio­cri­té des maté­riaux cas­sés et la vir­tuo­si­té.

« Dans une danse âpre­ment phy­sique à la lisière de la contor­sion, la dan­seuse s’a­charne et s’ap­plique à la fois. Elle évo­lue sur le pla­teau par­mi des chaus­sons usés et de la roche vol­ca­nique dont le contraste ali­mente l’i­dée d’une beau­té abrupte. L’en­tê­te­ment et l’exi­gence dia­loguent, à la recherche du mou­ve­ment par­fait. Mais les acci­dents s’en­chaînent, coup sur coup. L’im­pré­vu, le grain de sable ne cessent de s’in­crus­ter pour tout faire écla­ter. » « Éclats ques­tionne notre rap­port à la dif­fi­cul­té et en règle géné­rale avec ce qu’on ne par­vient pas à mai­tri­ser. Cette pièce se pose comme une ques­tion. » Nous retrou­vons dans les pro­pos de Maëlle Ray­mond, la déter­mi­na­tion, la pas­sion, la rigueur, dont témoignent les deux extraits du dos­sier de presse. Sa volon­té de se his­ser des éclats-bri­sures aux éclats de la beau­té.
Eclats

Maëlle Ray­mond sus­pen­due à une sangle dans Eclats ©Lucie Las­tel­la

La for­ma­tion de Maëlle Rey­mond

Elle a com­men­cé dans une MJC de quar­tier à Moi­rans avec des « pro­fes­seurs admi­rables », jusqu’à 18 ans. Elle conti­nue sa for­ma­tion dans d’autres struc­tures, à Valence, au conser­va­toire de région à Paris, deux ans à l’école Coline à Istres pour se pro­fes­sion­na­li­ser en danse contem­po­raine et décou­vrir des ché­ré­gra­phies de tous styles. Comme la danse butô qui marque son par­cours d’in­ter­prète en l’encourageant à creu­ser davan­tage la conscience du détail et son rap­port à la néces­si­té de bou­ger. De 2013 à 2019, elle tra­vaille dans une école de cirque, « pour sculp­ter mon corps », « m’entraîner inten­sé­ment ». Puis un ami la pousse vers le contor­sion­nisme. Elle se dit fas­ci­née par la trans­for­ma­tion du corps et tra­vaille aujourd’hui sur cet uni­vers plas­tique. « Aller plus loin, plus fort. »

Son che­mi­ne­ment artis­tique

Au début était la danse clas­sique, pointes et tutu, ain­si que se le repré­sente l’imaginaire col­lec­tif. Ecole de l’excellence. Alliance de maî­trise et de grâce. « Tout doit y être par­fait et rien ne doit dépas­ser. » Or Maëlle Rey­mond aime ce qui dépasse, ce qui trans­pire… et qui ne requiert pas moins d’exigence. Dans Éclats, elle relie deux pra­tiques — le tra­vail des pointes et le tra­vail des sangles – qui ont en com­mun quelque chose de sur­hu­main, qui a trait au céleste, à l’absence momen­ta­née de gra­vi­té. La vidéo d’un extrait du spec­tacle nous confronte à cette situa­tion : la dan­seuse fait des pointes sur des bou­teilles de cham­pagne ! Il y a « un truc ». Eh bien non ! Les bou­teilles ne sont pas col­lées au sol et la dan­seuse n’est pas sus­pen­due à un fil. On a hâte de voir ce moment.
20221004_100912

Maëlle Rey­mond © R.H.

Ses com­plices

Jéré­my Char­tier et Chris­tophe Sar­to­ri avec qui elle tra­vaille depuis 2016, avec qui elle recherche des moyens tech­niques pour pou­voir s’élever. Jéré­my Char­tier est musi­cien et éclai­ra­giste. Chris­tophe Sar­to­ri est com­po­si­teur, bidouilleur sonore, créa­teur de sons numé­riques. Tous deux signent l’intégralité des créa­tions lumière, vidéo, son et ils seront pré­sents sur scène pen­dant tout le spec­tacle.

La Com­pa­gnie Infime Entaille (créée en 2016)

« Entaille » nous fait pen­ser à « plaie », à « souf­france », notions qui reviennent fré­quem­ment dans le dis­cours de Maëlle Rey­mond. Pour­quoi ce choix ? Parce que c’est une méta­phore de la créa­tion. Parce qu’elle s’at­tache aux détails, à la suc­ces­sion de petits riens, à l’in­fime, au sin­gu­lier. Eclats est la qua­trième pièce de la com­pa­gnie écrite autour de la trans­for­ma­tion du corps. Elle referme le trip­tyque ini­tié par Le Silence du sable et L’Insaisissable. « À la fin de la jour­née, le dan­seur est tel­le­ment fati­gué qu’il ne res­semble pro­ba­ble­ment plus à un être humain. Et ce n’est pas par hasard, qu’on dit que si un artiste de bal­let se réveille le matin et qu’il n’a mal nulle part, c’est qu’il est mort. » You­ri Fateev, Direc­teur du bal­let du théâtre Mariins­ky dans le docu­men­taire De la sueur et des larmes (2013). Dans le cadre des Esca­pades dan­sées, créa­tion cho­ré­gra­phique isé­roise Cette sai­son, les Esca­pades dan­sées mettent à l’honneur les artistes isé­rois. Avec dix pro­po­si­tions dan­sées tout au long de l’année, La Rampe-La Pona­tière d’Échirolles, L’Odyssée d’Eybens, le TMG — Gre­noble, l’Amphi de Pont de Claix, Le Paci­fique — CDCN Gre­noble et pour la pre­mière fois Saint-Martin‑d’Hères en scène, sus­citent notre curio­si­té. Pro­gramme sur le site de la Rampe. Une carte Esca­pades dan­sées à 2 € ven­due dans chaque salle par­te­naire vous per­met de pro­fi­ter de ces pro­po­si­tions à des tarifs réduits.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *