Face à l’épidémie de covid, comment les digues du CHU de Grenoble tiennent bon
Par Travailleur Alpin
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Les urgences de l’hôpital Michallon.
Face à l’épidémie, un seul remède : l’abnégation des personnels. Tandis que la politique de suppression de lits, de postes non pourvus et de dévitalisation des services se poursuit. Une politique que la covid n’a pas réussi à confiner.
Sous les assauts des vagues successives de variant de covid-19, des milliers de personnes sont encore contaminées chaque semaine dans le département : près de 40 000 entre le 12 et le 19 janvier. Et si les digues tiennent, c’est grâce aux service public de santé, tant stigmatisé et maltraité par les gouvernants de droite (et de centre gauche) successifs. Le 8 novembre dernier, à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS), un plan blanc territorial était déclenché pour l’agglomération grenobloise dans le but de faire face non pas à l’épidémie de covid-19, mais à la pénurie de médecins, infirmières, aide-soignant, paramédicaux… absents dans les blocs opératoires.
La directrice du CHU, Monique Sorentino, précisait : « Aux urgences adultes, il manque des bras pour faire le travail. Sur un effectif de 70 médecins, 28 postes sont vacants ». Et Marc Blancher qui dirige les urgences adultes, c’est-à-dire les urgences vitales, de souligner : « on nous demande d’accueillir l’urgence sociale, les personnes âgées, la bobologie. Toutes nos forces sont mobilisées, mais ça ne suffit pas ».
L’hôpital Nord.
Abnégation des personnels
L’épidémie de coronavirus aura eu entre autre caractéristique de montrer le courage, la disponibilité, l’abnégation des personnels de santé. Et de révéler simultanément l’abandon dans lequel est réduit le service public hospitalier.
Ni le Ségur de la santé, ni les mesures récentes d’accompagnement prises par le ministre Olivier Véran, ne comblent la profondeur des ravages provoquées par les critères de tarification à l’acte et du management libéral des personnels. Le personnel vit la situation avec beaucoup de sensibilité et d’appréhension. Évaluation de l’état des lieux à l’appui, médecins, soignants, considèrent que la situation est devenue catastrophique.
Le CHU est sous tension en raison des lits fermés, des postes non pourvus. L’organisation du travail est bouleversée. Vie professionnelle et vie familiale se télescopent de plus en plus. Le mal être des agents est en hausse continue.
La pandémie qui se poursuit bouscule les accès aux soins des citoyens. Des interventions chirurgicales sont déprogrammées. Les urgences sont souvent engorgées. Alors que la jauge moyenne de traitement des patients est de 80 par jour, celle-ci atteint les 120, voire plus.
Poursuite de l’austérité
Il y a pénurie de professionnels dans tous les corps de métiers. Dans un service, il y avait 34 assistantes sociale. Elles ne sont plus que 20 actuellement. Le travail est double, voire triple. Cette pression permanente entraine la fuite des agents qui quittent l’établissement, tandis que d’autres sont arrêt maladie. Tandis que les fermeture de lits, les suppressions de postes se poursuivent sans état d’âme.
Ainsi, pour faire droit au décret sur la procréation médicalement assistée (PMA), un nouveau service a été ouvert sans budget. Pour le faire fonctionner, une sage-femme est retirée du service maternité où six lits ont été fermés. En chirurgie, ce sont 21 lits sur 103 qui ont été supprimés ; en médecine, ce sont 20 lits sur 77 qui ont fermés au cours de l’année 2021.
L’hôpital Sud.
Les objectifs d’austérité budgétaire ne changent pas. La direction culpabilise les agents qu’elle accuse de ne pas savoir s’organiser, de ne pas savoir s’adapter. Nous assistons à un affaiblissement volontaire et programmé de toutes les structures du CHU.
Cet affaiblissement s’observe de longue date. Bien sur les organisations syndicales, en particulier la CGT, luttent pour que soit pris en compte les besoins qui sont criants. Et pour que des solutions pérennes soient mises en place. Les personnels demandent à être respectés et considérés à leur juste valeur.
Mobilisation syndicale, le 27 janvier
Pour toutes ces raisons, la CGT et plusieurs autres organisations syndicales ont décidés de se joindre à la mobilisation interprofessionnelle prévue le 27 janvier prochain avec un départ à 10h place de la gare à Grenoble.
De l’argent pour financer la création de lits, recruter et mieux payer les personnels dans tous les corps de métier, il y en a beaucoup. En 2021, les profiteurs de la pandémie ont encaissé 57 milliards de dividendes, souvent constitués d’argent public. Preuve que les moyens existent.
Ardent défenseur des services public, le PCF par l’intermédiaire de son candidat à l’élection présidentielle, Fabien Roussel, a présenté « 13 propositions pour la santé, notre bien commun ». De quoi soutenir et encourager les mobilisations annoncées.
François Perez
Onze mille salariés travaillent dans les différents sites du CHU de Grenoble.