« J’attends une prise de conscience de la France insoumise »

Par Luc Renaud

/

Image principale
"Nous aurions pu l'emporter au moins dans les deuxième et troisième circonscriptions" (Saint-Martin-d'Hères Vizille et Grenoble-Ouest Fontaine, ndlr).
Assane Saidi est l'un des deux fondateurs du groupe d'appui France insoumise du centre ville de Grenoble. Il nous dit ici pourquoi les événements et les prises de position intervenus depuis le début de l'année l'ont conduit à voter communiste au premier tour des législatives.

« Je n’y retour­ne­rai pas, j’at­tends une prise de conscience ». Très enga­gé dans la cam­pagne pré­si­den­tielle de Jean-Luc Mélen­chon, Assane Sai­di, mili­tant asso­cia­tif, syn­di­ca­liste, a mis entre paren­thèse son acti­vi­té à la France insou­mise. La rai­son ? « Je ne sou­haite plus par­ti­ci­per à un mou­ve­ment qui ne pren­drait pas en compte la diver­si­té des forces de gauche — je ne compte pas le PS dans cet ensemble ». Au delà de l’at­ta­che­ment d’As­sane au res­pect des dif­fé­rences, c’est une ques­tion d’ef­fi­ca­ci­té. « Je ne veux pas m’en tenir à des can­di­da­tures de témoi­gnages, nous devons pou­voir par­ti­ci­per à la prise de déci­sions, avoir des élus, et pour cela il faut se par­ler, dis­cu­ter de ce qui nous dif­fé­ren­cie mais aus­si de ce qui nous ras­semble, et pré­sen­ter des can­di­da­tures com­munes au pre­mier tour ». Le mili­tant a fait ses comptes : « nous aurions pu l’emporter au moins dans les deuxième et troi­sième cir­cons­crip­tions (Saint-Mar­tin-d’Hères Vizille et Gre­noble-Ouest Fon­taine, ndlr) et nous n’a­vons aucun dépu­té de gauche dans tout le dépar­te­ment — pour moi, Marie-Noëlle Bat­tis­tel qui a voté la loi El Khom­ri n’est pas de gauche ».

Dans la pre­mière cir­cons­crip­tion où il habite, Assane Sai­di estime que l’ac­cord était pos­sible. « Caro­line Schrei­ber était la titu­laire choi­sie par les membres de la France insou­mise et elle était d’ac­cord pour une can­di­da­ture com­mune avec Monique Fraisse, pré­sen­tée par le PC ; elle aus­si était par­tante et nous aurions pu enclen­cher une dyna­mique. Mais c’est fina­le­ment une autre can­di­date, Elsa Régis qui a eu l’in­ves­ti­ture, le choix de la divi­sion a été fait et nous avons lais­sé le champ libre au can­di­dat Macron ». La res­pon­sa­bi­li­té de cette divi­sion, Has­sane Sai­di la voit « plus par­ta­gée » du côté de la France insou­mise et de ses struc­tures. Il a donc voté com­mu­niste et « c’est un choix que je ne regrette pas ».

« Que la France insoumise se détache du parti de gauche »

L’a­ve­nir ? Assane Sai­di estime que si la France insou­mise veut en avoir un, il faut qu’elle renoue avec ce qui a fait sa force d’at­trac­tion, « l’i­dée d’un mou­ve­ment trans­ver­sal, des groupes de réflexion à la base où il n’est pas besoin d’a­voir une carte pour s’ex­pri­mer, l’ho­ri­zon­tal plus que le ver­ti­cal ». Pour renouer avec cet élan citoyen, « il y a une condi­tion : que la France insou­mise se détache du par­ti de gauche, très ver­ti­cal, jus­te­ment ». L’a­ve­nir, c’est aus­si la force de s’u­nir et de se ras­sem­bler dès le pre­mier tour sur la base du tra­vail sur un pro­gramme. « La dif­fé­rence entre un ras­sem­ble­ment sur des idées et une alliance de sigles, c’est jus­te­ment le tra­vail sur le pro­gramme avant les élec­tions », com­mente-t-il.

Et le par­ti com­mu­niste, dans tout ça ? « Je milite à ma façon, explique Assane Sai­di, pour faire avan­cer, avec le mou­ve­ment asso­cia­tif, des valeurs d’é­du­ca­tion popu­laires, de par­tage ; créer du lien social… pour moi, le PC, c’est trop un appa­reil et je ne suis pas sûr que cette forme d’or­ga­ni­sa­tion soit aujourd’­hui encore effi­cace pour faire bou­ger la socié­té en pro­fon­deur ; je n’ai pas besoin ni envie d’adhé­rer à un par­ti ».

A gauche, entre mili­tants sou­cieux d’ho­ri­zons plus déga­gés, le débat est ouvert.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *